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Raymond Michard (1925-2015). Archives

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Modifié le : 16/05/2024

Présentation globale de la collection

Etablissement de conservation
Observatoire de Paris. Bibliothèque. Section de Meudon
Titre Raymond Michard (1925-2015). Archives
Type(s) de fonds

Fonds CollEx

Fonds particulier

Type(s) de document(s)

Archives

Toutes images fixes

Date 1947-2008
Langue français - anglais - allemand - russe - espagnol (castillan) - hongrois - slovaque - néerlandais (flamand) - suédois - hébreu
Thème(s)

Astronomielien

Physiquelien

Soleillien

Éclipses de soleillien

Soleil -- Atmosphèrelien

Soleil -- Champ magnétiquelien

Sciences -- Histoirelien

Astronomie -- Instrumentslien

Personne(s) morale(s) liée(s)

Observatoire de Paris (1667-....)lien

Description physique
Accroissements Fonds clos
Traitement du fonds

Catalogué

Informations sur le traitement

Cotes :

- 17 AO 001-228 : Fonds Raymond Michard

- Ms 1073/2 : Quelques réflexions sur l'astronomie et sur l'Observatoire de Meudon (copie) : rapport établi par Raymond MICHARD ? (s.d.).

- Ms 1111/130 (1-42) : Copie d'une lettre de B. LYOT à R. MICHARD, 5 janvier 1951. La mention "Michard" est portée au crayon à côté de l'en-tête.

- Ms 1136/1138 : Sommaire sur l’activité de M. ALY durant son séjour à l’Observatoire de Meudon, 30 avril 1950, novembre 1952. Note dactylographiée rédigée par Mme HERMAN et MM. Henri GRENAT, MICHARD et DOLLFUS et revue par MM. BERTAUD et MONFORT.

- Base de données solaire Sol (BASS 2000) : Collection de photographies, notamment d’instruments de l’Observatoire de Meudon, de missions d’éclipses où apparaît Raymond MICHARD, d’éruptions solaires, de spectres etc

- Thèse de Raymond MICHARD, Contribution à l’étude physique de la photosphère et des taches solaires , consultable et empruntable à Meudon sous la cote (043) MIC et à Paris sous la cote 3353(102) Per.

- Exposé des titres et travaux de Raymond MICHARD, consultable et empruntable à Paris sous la cote 4. B 1168

État du fonds 3.4 ml
Présentation du contenu

Le fonds est essentiellement composé des travaux scientifiques en physique solaire de Raymond MICHARD, avant son temps de Présidence à l’Observatoire de Paris (soit avant 1971). Il comprend majoritairement ses travaux scientifiques de recherche et ses participations à des groupes de travail nationaux et internationaux. Dans une moindre mesure, le lecteur trouvera quelques archives relatives à ses enseignements et à la rédaction d’articles et d’ouvrages de vulgarisation, ainsi que des éléments autobiographiques. La richesse du fonds provient également des échanges qu’il a eus avec différents scientifiques lors de collaborations. Ces derniers sont répartis dans l’ensemble du fonds, un index des noms de personnes physiques a été réalisé en fin du présent répertoire numérique détaillé pour en faciliter la recherche. Ci-dessous, les dates entre parenthèses indiquent les dates extrêmes des dossiers, et non les dates d’exercice de l’activité :

- 17 AO 001-007 : dossiers relatifs à ses souvenirs de carrière, depuis son entrée à l’Institut d’Astrophysique de Paris (IAP) en 1947 jusqu’à son départ du LERMA (Laboratoire d'Etudes du Rayonnement et de la Matière en Astrophysique et Atmosphères de l’Observatoire de Paris) en 2008. Il comprend également une collection de documents, réunis et précieusement conservés par Raymond MICHARD, relative à ses maîtres et collaborateurs (1949-2008) ;

- 17 AO 008-029 : archives relatives à sa formation initiale, depuis les cours suivis à la Sorbonne jusqu’à la préparation de son doctorat et la rédaction de sa thèse (1947-1953) ;

- 17 AO 030-031 : dossiers relatif à sa direction du Service solaire, notamment la passation de direction entre Lucien d’AZAMBUJA et Raymond MICHARD (1957-1968) ;

- 17 AO 032-047 : documents portant sur ses activités de transmission des savoirs, à travers ses enseignements et ses travaux d’édition de vulgarisation (1958-1967) ;

- 17 AO 048-161 : travaux de recherche thématiques. Structurés de façon similaires, ils comportent les travaux propres à la réalisation des études (feuilles de calculs, graphiques, clichés, profils spectraux etc.) et les travaux de rédaction des articles scientifiques (tapuscrits, tirés à part etc.). Les thèmes portent sur la répartition énergétique du spectre continu solaire, la modélisation, les raies des spicules de la chromosphère, les éruptions de la chromosphère, les champs de vitesse de la photosphère, les champs magnétiques de la photosphère, les éclipses du soleil et encore ses travaux d’instrumentation (1948-1971) ;

- 17 AO 162–218 : dossiers portant sur ses travaux de recherche dans le cadre de groupes de travail nationaux et internationaux avec l’Année Géophysique Internationale (AGI), sa forte implication dans les travaux menés dans le cadre de l’année Internationale du Soleil Calme (AISC) et sa contribution à la préparation du VIe Plan du CNES pour l’élaboration du programme scientifique spatial (1953-1969) ;

- 17 AO 219–228 : dossiers portant sur ses participations à plusieurs conférences, colloques, séminaires, et symposia (1953-1965).

Biographie ou histoire

Raymond Michard est né le 1er mars 1925 à Tunis. Ses parents, Jeanne Laporte et Gaston Michard, sont originaires de Bordeaux. Raymond est l’aîné d’une fratrie de quatre enfants. Après son service militaire en 1944-1946, Raymond Michard obtient une licence ès Sciences Mathématiques en 1947 puis son Diplôme d’Études Supérieures (Certificat d’Astronomie Approfondie) en 1948. Ayant rejoint l’Institut d’Astrophysique de Paris comme aide bénévole en 1947, il y devient stagiaire de recherche du CNRS en octobre 1948 sous la direction de Daniel Chalonge qui le laisse s’essayer à la physique stellaire, l’astrophysique théorique et la radioastronomie. Raymond Michard s’attache finalement à la physique solaire, qui sera son domaine de prédilection pendant une vingtaine d’années (1950-1971). A l’automne 1949, Daniel Chalonge confie Raymond Michard à Vladimir Kourganoff, spécialiste de la théorie des atmosphères stellaires. À la même époque, la radioastronomie naît en France. Marius Laffineur convainc alors André Danjon de faire installer à l’Observatoire de Meudon l’une des trois grandes paraboles, venant des radars allemands Wurtzburg récupérés en France après la libération, les deux autres étant à Marcoussis et gérés par le groupe du Laboratoire de Physique de l’École Normale Supérieure. Marius Laffineur parvient à transformer le radar allemand en un radiotélescope efficace pour l’observation du soleil. Raymond Michard apprend alors à surveiller l’instrument, à le pointer sur l’astre et surtout à effectuer le dépouillement des enregistrements. Il construit également un amplificateur moyenne fréquence. L’éclipse partielle de soleil du 28 Avril 1949, où l’ENS et l’Institut d’Astrophysique de Paris unissent leurs forces, vient couronner ces années de travail avec la publication d’un article faisant la comparaison des observations en optique et radio, une première, et faisant appel à une théorie de l’émission radio solaire empruntée à la thèse de Jean-François Denisse.

Durant l’été de 1949, Raymond Michard part à Utrecht, au Sterrewacht der RijksUniversitet, où il est confié par Daniel Chalonge à Marcel Minnaert. L’arrangement administratif est simple, Cornelis de Jager et Raymond Michard échangent ainsi bureaux, appartements et salaires. Marcel Minnaert demande alors à Raymond Michard de traiter le problème de la « constante de blanketing » jugé crucial à l’époque ; à savoir la détermination de la quantité totale d’énergie absorbée par les raies de Fraunhofer dans la lumière de l’astre. Raymond Michard s’y attelle donc en traitant la question par l’emploi conjoint de l’Atlas d’Utrecht de Marcel Minnaert et d’une collection de spectres pris par Daniel Chalonge.

Conquis par la physique solaire, Raymond Michard s’installe fin 1949 à l’Observatoire de Paris – Site de Meudon - au « Petit Sidé » (Petit Sidérostat), un laboratoire abandonné depuis de nombreuses années mais toujours équipé du cœlostat jadis installé par Henri Deslandres. En 1950, il a pour projet d’y observer des spectres d’éruptions solaires. Il entreprend alors de réunir l’équipement nécessaire. Le spectrographe, donnant le spectre de 3300 à 7000 Å (ångström) sur une plaque de 24 cm de long, est emprunté au Laboratoire de Physique de l’ENS. Le miroir du télescope est déniché au « Canon », sorte de magasin débarras où l’Observatoire de Meudon avait accumulé un siècle de pièces et de morceaux d’instruments anciens. Un viseur de fente, permettant de voir les éruptions et de les amener sur la fente du spectrographe, est équipé d’un filtre HH alpha prêté par Bernard Lyot. Enfin un petit miroir plan auxiliaire, permettant de couder le faisceau pour renvoyer l’image du soleil sur la fente du spectrographe, est taillé au Laboratoire d’Optique de l’Observatoire de Paris ce qui permet à Raymond Michard de faire la connaissance de son responsable, André Couder, opticien-astronome. Au printemps 1951, Cornelis de Jager, Raymond Michard et Jean-Claude Pecker partent à l’Observatoire du Pic du Midi où ils se relaient pendant trois mois pour utiliser le coronographe de Lyot et faire de nouveaux spectres du bord solaire. Le mauvais temps persistant ne permet pas de ramener des spectres d’aussi bonne qualité qu’espéré. Toutefois cette expérience permet à Raymond Michard de découvrir le Pic du Midi.

À partir de 1952, Raymond Michard participe à de nombreuses expéditions d’observations d’éclipses totales du soleil. L’éclipse du 25 février 1952 est organisée par Marius Laffineur qui entraine Raymond Michard et Jean-Claude Pecker à Khartoum. Ils sont rapidement rejoints par Audouin Dollfus, Marguerite d’Azambuja et Lucien d’Azambuja. Outre le radiotélescope de 6 mètres de diamètre démontable conçu par Marius Laffineur, trois expériences d’optique sont planifiées en Égypte : l’imagerie de la couronne dans ses raies d’émission les plus intenses, isolées par un filtre de Lyot prêté par son inventeur ; les photométrie et polarimétrie de la couronne externe, pour lesquelles l’équipe disposait d’une batterie de six chambres photographiques, dont les objectifs avaient été sélectionnés avec l’aide de Bernard Lyot ; la spectroscopie de la transition entre la couronne et la lumière zodiacale, à l’aide d’un spectrographe nébulaire, prêté par Alfred Kastler.

Les observations radio sont excellentes et les images de la couronne externe obtenues battent (provisoirement) le record de distance au soleil pour les mesures de photométrie et polarisation. Toutefois ces réussites sont endeuillées par la mort brutale de Bernard Lyot, survenue le 2 Avril 1952, qui avait participé aux observations de l’éclipse à l’invitation du gouvernement égyptien.

En septembre 1952, Raymond Michard est amené à participer à son premier colloque international à Rome, le congrès Volta, consacré à la physique solaire et organisé en marge de l’Assemblée Générale de l’UAI. Raymond Michard y présente son travail sur l’abondance de l’hélium dans l’atmosphère du soleil et profite de l’occasion pour faire de nouvelles rencontres dont certaines comptèrent beaucoup dans la suite de sa carrière, comme celle de Georgio Abetti, directeur de l’Observatoire d’Arcetri, qui l’invitera à y séjourner à l’été 1953 pour observer à la Tour solaire ; ou encore celle d’Andrei B. Severny, directeur de l’Observatoire Astrophysique de Crimée, avec qui il liera des liens d’amitié quelques années plus tard.

En 1953, Raymond Michard soutient sa thèse Contribution à l’étude physique de la photosphère et des taches solaires . Il interprète un grand nombre de données relatives au spectre solaire grâce à un modèle de la structure de la photosphère. Il présente également une série d’observations nouvelles du spectre des taches solaires obtenue à l’aide d’une installation qu’il avait monté à Meudon. Il tente enfin de faire une synthèse des résultats connus sur les taches par l’élaboration d’un modèle physique de la « tache-type ».

En 1954, alors qu’il est nommé astronome-adjoint à l’Observatoire de Paris, André Danjon lui confie la direction de l’ancienne équipe de Bernard Lyot rebaptisée « Service des Couches Extérieures du Soleil ». C’est l’époque de reconstruction de l’Observatoire de Meudon par André Danjon. Raymond Michard profite du tri effectué lors des déménagements pour récupérer des appareils et des pièces qui seront plus tard réemployées pour la construction de nouveaux instruments.

Le britannique D.E. Blackwell ayant réussi de très bonnes observations en opérant par la porte ouverte d’un bombardier Lincoln à hélices lors de l’éclipse du 30 juin 1954, Raymond Michard s’en inspire pour organiser à son tour une observation aérienne pour l’éclipse du 20 Juin 1955. Grâce à l’appui du Lieutenant-Colonel Gallavardin, officier des Services Scientifiques de l’Armée de l’Air, un avion de transport Nord 2501 est modifié sur la chaîne d’assemblage et trois trous sont percés dans la carlingue pour laisser passer la lumière du soleil. Étant observé en Indochine et vers midi, l’astre est quasiment au zénith. L’instrument mis en place comporte deux chambres photographiques et une lunette de guidage. Le guidage est confié au Lieutenant-Colonel Gallavardin tandis que Michel Treillis et Raymond Michard se chargent des caméras. Malgré un ciel de mousson et la difficulté du pointage manuel, les astronomes parviennent à publier quelques résultats.

À l’occasion de l’Année Géophysique Internationale, Raymond Michard reprend le projet de spectroscopie des éruptions solaires. Il obtient un financement du comité national pour l’AGI, l’appui de Jean Rösch, directeur de l’Observatoire du Pic du Midi, qui lui offre un vaste local au Pic et prend en charge une part de l’infrastructure, et l’appui de Roger Servajean, un ancien du Service Solaire de Meudon, qui se consacre avec lui à la construction de nouveaux spectrographes solaires, dont le « Spectrographe à éruptions » de son programme pour l’AGI. Le spectrographe fonctionne ainsi pendant 18 mois, conformément au contrat prévu, et permet de décrire environ 200 spectres d’éruptions.

De 1959 à 1969, Raymond Michard poursuit ses observations au Pic du Midi en y passant chaque année un ou deux mois. Son ambition est de faire progresser la spectroscopie des structures fines de la surface solaire, sujet déjà abordé à Arcetri en 1953 où il avait mesuré pour la première fois les vitesses radiales de spicules résolus. John W. Evans, qui avait collecté de bons résultats au Sacramento Peak Observatory, invite Raymond Michard en 1961 à un long séjour où il peut analyser des spectres de sa collection. C’est également en 1961 que Raymond Michard participe à la découverte des oscillations solaires de 5 minutes, découverte à l’origine de la thématique de l’héliosismologie qui bouleverse la connaissance de l’intérieur solaire.

En 1959, Raymond Michard est nommé directeur du Service Solaire à l’Observatoire de Meudon. La surveillance de l’activité solaire y est effectuée par les spectrohéliographes da la raie K de CaII et par l’enregistrement des éruptions chromosphériques. Le Service Solaire construit deux héliographes monochromatiques Hα, l’un est installé à Meudon et l’autre implanté à l’Observatoire de Haute Provence depuis l’AGI. Les listes des éruptions observées par ce réseau sont compilées à Meudon et un film quasi continu du soleil pour la durée de l’AGI est réalisé au Service Solaire par Gualtiéro Olivieri. Sous la direction de Raymond Michard, de nouveaux héliographes sur monture équatoriale avec entraînement par disque et galet sont construits. C’est à cette même époque qu’il enseigne la physique solaire au DEA d’Astrophysique à l’IAP. Après les événements de Mai 1968, l’Observatoire de Paris est restructuré en 7 départements.Le Service Solaire est complété par des équipes d’autres services pour créer le Département d’Astronomie Solaire et Planétaire, comprenant 85 personnes, dont Raymond Michard est le premier directeur.

Au cours des années 1960, Raymond Michard s’intéresse de près à l’observation des champs magnétiques à la surface solaire, grâce à l’effet Zeeman affectant les raies de Franhofer. Des travaux sont donc entrepris, notamment avec Meir Semel et Jean Rayrole, pour dépasser les progrès qui ont déjà été faits dans ce domaine au Mont Wilson dans l’enregistrement des champs faibles ou encore en Crimée où Andrei B. Severny et ses élèves s’attaquent à la géométrie du champ, et tentent de détecter des variations de champ associées à l’émergence des éruptions chromosphériques. Ainsi, à Meudon, la morphologie du champ devient un élément de plusieurs études des centres actifs, en comparaison avec d’autres propriétés, sur la base de mesures systématiques entreprises à Meudon. Pour ces observations, au laboratoire dit « Grand Sidérostat », un spectrographe spécialisé est construit. En 1964 ce laboratoire comprend, avec le spectrohéliographe au Sud, l’appareillage pour les champs magnétiques au Nord et deux héliographes cinématographiques sur la terrasse. Et pour extraire les mesures de champ des plaques photographiques, les astronomes utilisent le « lambdamètre ».

Pour l’éclipse du 15 février 1961, deux expéditions sont organisées. La première équipe, dirigée par Roger Servajean, part à Hvar, sur la côte croate, avec les spectrographes construits par Bernard Lyot 10 ans plus tôt, ainsi que des chambres pour la photométrie et la polarimétrie. La deuxième équipe, composée de Raymond Michard et de Gualtiéro OLIVIERI, se rend à l’Observatoire Astrophysique de Crimée (KAO). Le jour de l’éclipse, l’aviation tente de disperser les nuages bas en les arrosant de cristaux censés amorcer la condensation. Malgré cela, la couronne est aperçue mais un seul bon cliché est obtenu. Pour l’éclipse du 30 mai 1965, Raymond Michard participe à la préparation mais ne fait pas partie de l’expédition. L’équipe du Service Solaire rentre bredouille pour cause de ciel couvert. Le 20 mai 1966 a lieu en Grèce une éclipse annulaire-totale, la lune laissant découvrir une frange de la chromosphère. Raymond Michard conçoit alors une expérience afin d’enregistrer, le spectre de la chromosphère tout autour du soleil. L’équipe s’installe sur l’île d’Eubée, et grâce à un ciel dégagé, de bonnes observations sont ramenées à Meudon. La dernière éclipse totale à laquelle participe Michard se déroule au Mexique le 7 mars 1970. Le Service Solaire est représenté par Raymond Michard et Zadig Mouradian. Malgré un temps favorable, les expériences dont Raymond Michard est responsable sont décevantes en raison d’une erreur humaine de la part d’un observateur.

À la fin des années 1960, en tant que spécialiste du soleil, Raymond Michard participe à plusieurs comités qui conseillent le CNES et l’ESRO dans le choix des expériences. Il a ainsi l’occasion de concevoir une expérience pour une fusée-sonde de l’ESRO devant être pointée vers le soleil. Il s’agit de réaliser des spectrohéliogrammes en rayons X en coordonnées polaires. Il est prévu que la rotation de la fusée fournisse l’angle de position et que la rotation d’un cristal de Bragg donne l’élongation et la sélection spectrale. Cette idée est acceptée par l’ESRO et le Laboratoire de Chimie Physique de la Sorbonne, dirigé par Mlle Cauchois, se lance dans la construction de deux spectrographes à cristaux en version « embarquable ». L’électronique associée vient du Département d’Astronomie Spatiale de Meudon. L’expérience est prête à temps pour être lancée du champ de tir de l’ESRO, sis en Sardaigne et l’attitude de la fusée étant mesurée, l’analyse permet de synthétiser des images du soleil dans plusieurs raies d’émission du spectre X.

De 1971 à 1976, Raymond Michard assume la première présidence de l’Observatoire de Paris, fonction instituée par la loi Edgar Faure. Il travaille à rationaliser la situation des personnels, favoriser la création du CERGA et du Laboratoire National de Métrologie des Fréquences, améliorer le Musée de l’Observatoire, achever la construction des bâtiments modernes du 77 avenue Denfert-Rochereau et encore encourager financièrement le travail de chercheurs. Pendant ces années il participe à de nombreux conseils et commissions internes ou externes à l’Observatoire de Paris.

En 1976, son mandat de Président étant échu, Raymond Michard décide d’abandonner la physique solaire, se sentant dépassé par la progression de la discipline pendant ses années de Présidence. En 1977, il est invité par Gérard de Vaucouleurs à l’Université du Texas qui avait accepté de l’aider dans sa reconversion vers la physique extragalactique, plus particulièrement les galaxies elliptiques et lenticulaires, dont Raymond Michard étudie alors la morphologie et le rayonnement. Il y passe une année sabbatique (1977-1978) et renoue avec l’observation nocturne à l’Observatoire McDonald, une annexe de l’Université dressée sur la montagne de l’ouest du Texas.

Souhaitant contribuer aux catalogues de la photométrie des galaxies, Raymond Michard part utiliser le télescope Marly installé au Gornergrat à 3000 m d’altitude. Auprès des membres de l’équipe de l’Observatoire de Lyon, il apprend le maniement de leur récent photomètre. Puis dans les années 1981-1982, Raymond Michard commence à fréquenter l’Observatoire de Haute-Provence pour observer au télescope de 120 cm. En 1989, avec le guidage automatique, l’avènement des CCD et des ordinateurs associés, les nuits d’observations deviennent plus confortables. Avec le concours de Jacques Marchal, Raymond Michard rapporte de l’OHP des centaines d’images argentiques ou électroniques dont l’étude au CDCA lui fournit de nombreux résultats, lui permettant notamment de montrer dès 1984 que beaucoup de galaxies E contiennent apparemment un disque, comme les S0. Cette découverte est confirmée et valorisée plus tard lorsqu’une différence est trouvée dans la cinématique des elliptiques « disky » et « boxy ». Raymond Michard poursuit ses travaux d’observation au télescope de 2m du Pic du Midi (T2m) et récupère, grâce à Jacques Marchal, de nombreuses images venant du T2m.

Lorsque Raymond Michard devient directeur de l’Observatoire de Nice, il est notamment attiré par le Centre de Dépouillement des Clichés Astronomiques (ou CDCA), créé par Albert Bijaoui, où il pense trouver un outil précieux pour ses nouvelles recherches dans le domaine des galaxies. Raymond Michard est chargé d’unir les deux observatoires des Alpes Maritimes, à savoir l’Observatoire de Nice et le CERGA (Centre d’Études et de Recherches en Géodynamique et Astronomie), en un nouvel établissement connu aujourd’hui sous le nom d’Observatoire de la Côte d’Azur (ou OCA). Et il reçoit en 1987 la mission d’administrateur provisoire de l’OCA. Ayant rempli cette mission, Raymond Michard se consacre de nouveau aux recherches extragalactiques en tant que chercheur associé de l’Observatoire de Paris. En 2000, des observations à l’Observatoire de Haute-Provence lui permettent de sortir une image (couleur B-V) de la paire de galaxies NGC4649, une grande elliptique jaune-rouge, et son compagnon NGC4647, une petite spirale bleue. Puis il obtient des clichés de la galaxie NGC5866 avec la bande de poussières au long de son équateur.

Par de nombreux ouvrages, Raymond Michard a également participé à la vulgarisation de l’astronomie et de l’astrophysique. Une grande partie de cette activité s’est déployée dans le cadre de la Société Astronomique de France. Il a par ailleurs fondé en 1978 la Société Française des Spécialistes d’Astronomie (SFSA), renommée Société Française d’Astronomie et d’Astrophysique (SF2A) en 1999.

Raymond Michard décède le dimanche 3 mai 2015 à Paris dans sa 91e année, à quelques jours d’une présentation qu’il devait faire le 6 mai 2015 sur l’Histoire de la physique solaire dans la première moitié du XXe siècle organisée dans le cadre du séminaire d’histoire de l’astronomie de l’Observatoire de Paris.

Autre(s) instrument(s) de recherche Calames : voir le catalogue
Modalités d'acquisition Dons de Raymond Michard.
Donateur(s)

Michard, Raymond (1925-2015)lien

Documents en relation

Bibliothèque de l'Observatoire de Paris. Section de Paris :

Archives de l'Observatoire de Paris (1945-1971)

- Ms 1086/49 : correspondance scientifique d’Évry SCHATZMAN avec Raymond MICHARD (1963-1967).

Instruments conservés par la bibliothèque de l'Observatoire (liste non exhaustive, pour plus d'informations, contacter la.bibliotheque@obspm.fr) :

- Inv.M-264 : Monture équatoriale, Héliographe et coronomètre.

- Inv.M-299 : Chambres multiples couronne éclipse Raymond MICHARD

- Inv.M-338 : Objectif pour l'Héliographe monochromatique MICHARD-OLIVIERI

- Inv.M-403 : Miroir primaire du télescope du magnétographe n° 1

- Inv.M-405 : Suiveur de spot du lambdamètre n° 1

- Inv.M-418 : Électronique du lambdamètre du magnétographe n° 2

Archives de l'Observatoire de Nice :

Les archives postérieures à 1962 concernant la vie administrative et scientifique de l’Observatoire de Nice, devenu Observatoire de la Côte d’Azur en 1988, sont conservées par les services administratifs de l’établissement.

Archives Nationales :

- 20111089/264 : Archives du Laboratoire d’Astrophysique LA 128 / UA 128 (1982-1987). Responsable : Raymond MICHARD.

- 20111087/196 : Archives du laboratoire d'astrophysique LA 128 de l’Observatoire de Nice (1974-1983). Observatoire de Nice

Des archives relatives à Raymond MICHARD sont par ailleurs susceptibles d’être trouvées dans les fonds d’archives des chercheurs ou dans les fonds d’archives des différents établissements et organismes qu’il a fréquenté ou avec lesquels il a collaboré.

Conditions d'accès L’ensemble du fonds est librement communicable à l’exception des cotes suivantes : 17 AO 009, 17 AO 014, 17 AO 058, 17 AO 115 : état matériel fortement fragilisé (déchirures), communicabilité limitée.

Informations sur l'instrument de recherche

Auteur(s) Observatoire de Paris. Bibliothèque. Section de Meudon
Intitulé Observatoire de Paris. Bibliothèque. Section de Meudon - Raymond Michard (1925-2015). Archives
Éditeur Bibliothèque nationale de France
Date de la version électronique 31/05/2022
Date de modification de la version électronique 25/04/2024
Langue(s) Catalogue rédigé enfrançais
Permalien https://ccfr.bnf.fr/portailccfr/ark:/16871/006FRFONDS-920482302-GO4
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