« Eisagogica philoretori ad sublimem et arduam Chrysopolitanae Palladis arcem per praevios et pervios faciliorum praeceptorum colles deductio », par un professeur ou précepteur bisontin de la fin du XVI^e siècle

La Bibliothèque publique de Vesoul possède aujourd'hui 32,000 volumes imprimés et 230 manuscrits. Elle doit sa fondation au dernier commandeur de l'hôpital du Saint-Esprit de Besançon, Nicolas Bardenet, qui, au moment de se retirer à Tours, où il mourut en 1780, céda gratuitement à sa ville natale sa bibliothèque composée de 1,792 volumes, à charge de l'installer, de la rendre publique et de l'accroître. Le 24 juillet 1771, un règlement en dix articles, préparé par une commission d'ecclésiastiques et de magistrats, MM. Duban, Fyard de Gevigney, Besancenot, etc., fut promulgué sous l'autorité du cardinal de Choiseul, archevêque de Besançon, protecteur de l'établissement naissant ; dès 1776, enrichie déjà par des dons particuliers, la Bibliothèque de Vesoul eut son catalogue régulier.

Si les lois de 1790-1791, qui prescrivaient la centralisation des livres provenant des établissements supprimés, eussent été ponctuellement et intelligemment exécutées dans la Haute-Saône, le dépôt de Vesoul aurait eu un rapide développement. Le district de Vesoul aurait pu y réunir la riche collection de manuscrits amassés à la Charité par la patience des copistes cisterciens (Voir, dans la Bibliothèque de l'École des Chartes, t. XLII, p. 19, le Catalogue des mss. de la Charité, que j'y ai publié), les débris encore merveilleux que Mabillon admirait au XVII^e siècle chez les Bénédictins de Luxeuil, les séries de manuscrits liturgiques ou théologiques épars dans les abbayes de Bellevaux, de Cherlieu, de Clairefontaine. Mais une incurie regrettable laissa disperser ou détruire la plupart de ces trésors, et, sauf la bibliothèque de Faverney, dont les imprimés et les manuscrits entrèrent la plupart avec leur catalogue à la Bibliothèque de Vesoul, tout fut généralement abandonné aux cupidités ou aux dévastations locales.

201 manuscrits de valeur très-inégale ont seuls échappé à ces destructions ; 30, depuis 1863, sont venus grossir ce nombre. Au point de vue de la date, ils se répartissent ainsi : XI^e siècle, 1 ; — XII^e siècle, 2 ; — XIII^e siècle, 2 ; — XIV^e siècle, 13 ; — XV^e siècle, 12 ; — XVI^e siècle, 16 ; — XVII^e siècle, 63 ; — XVIII^e siècle, 113 ; — XIX^e siècle, 9.

Au point de vue de la provenance, les manuscrits se décomposent ainsi : 3 sortent de la bibliothèque de M. Bardenet, 47 (les plus précieux) de l'abbaye de Faverney, 1 de Bellevaux, 12 de Luxeuil, 5 des Capucins de Vesoul, 2 de ceux de Faucogney, 1 de ceux de Luxeuil, 2 des Bénédictins de Morey, 1 des Minimes de Rupt, 1 des Annonciades de Champlitte, 6 enfin de la bibliothèque du docteur Jean-Pierre Billard, célébrité médicale de Vesoul au début du XIX^e siècle. Les 149 autres manuscrits restants sont de provenances diverses.

Si l'on défalque de ce total 80 à 100 manuscrits d'un réel intérêt historique ou littéraire, y compris quelques manuscrits à miniatures (n^os 13 et 27 en particulier), le surplus n'est guère qu'un assemblage un peu monotone de traités pédagogiques, de philosophie, de théologie ou de rhétorique dictés par les professeurs de l'Université, du séminaire ou de colléges franc-comtois. Rapprochés des manuscrits similaires que contiennent encore un grand nombre de collections publiques ou privées de la région, ces manuscrits, tout secondaires qu'ils sont, pourront quelque jour apporter un utile contingent à une étude sur les centres littéraires de la Franche-Comté, du XVI^e au XVIII^e siècle.

Une liste très-sommaire des manuscrits de Vesoul a paru dans le catalogue de la Bibliothèque de cette ville, publié en 1863.

Jules GAUTHIER.