Prima secunde sancti Thome de Aquino

La bibliothèque de Schlestadt se compose des livres et des manuscrits que Beatus Rhenanus légua à sa ville natale et lui laissa après sa mort, en 1547. On y trouve une partie de sa correspondance avec les principaux chefs de la réforme et les philologues les plus distingués du commencement du XVI^e siècle. La partie des livres imprimés offre une assez riche collection d'incunables et d'éditions princeps. Les manuscrits sont peu nombreux, mais anciens ; on y joignit, à l'époque de la révolution, quelques autres manuscrits provenant du monastère de Sainte-Foi (une des fondations de l'abbaye de Conches), et ceux de l'église paroissiale. Sainte-Foi, qui remontait au commencement du XII^e siècle, possédait au XIII^e une bibliothèque, dont le catalogue, qui n'est qu'une sèche énumération, selon l'usage d'alors, se trouve en tête du n^o 95. Elle renfermait les Pères de l'Église, des commentateurs, de la liturgie, des sermonnaires, des Sommes, et tous les ouvrages qui se reproduisent à peu près invariablement dans ce temps-là, avec quelques classiques. Cependant on ne trouve aujourd'hui que trois manuscrits portant l'indication de cette provenance, et comme ils appartiennent aux plus précieux et aux plus anciens, on doit vivement regretter de ne pas trouver de notices sur l'état de cette bibliothèque à une époque postérieure. Il y avait lieu d'en espérer au moins quelques-unes dans l'Iter Alsaticum de D. Ruinart (publié par M. Matter, Strasbourg, 1827), qui entreprit un voyage littéraire en Alsace, tandis que D. Mabillon visitait la Suisse et les Vosges. Malheureusement l'approche des impériaux obligea D. Ruinart à quitter la ville précipitamment avant d'avoir commencé ses recherches, et, d'ailleurs, l'influence des jésuites, qui y possédaient un collége, semblait devoir rendre son séjour peu agréable et l'engager à l'abréger. Le reste de la collection de Schlestadt consiste en une assez grande quantité de manuscrits sur papier, tous, ou à peu près, provenant de l'église paroissiale, et dus à l'infatigable plume d'un copiste nommé Conrad Brampach d'Erfuhrt, que le pasteur Jean de Westhŭssen employait sans relâche à la transcription des traités de théologie. Au point de vue littéraire ils ont peu de valeur ; mais ils se font remarquer par leur reliure (milieu du XV^e siècle), qui s'est conservée avec tous ses ornements en cuivre, clous, chaînes et crochets. Il n'existe aucune trace des opérations des commissaires chargés de l'enlèvement des livres appartenant aux communautés religieuses pour les remettre à l'autorité civile. Les seuls renseignements qu'on puisse se procurer à cet égard, c'est que la collection des livres et des manuscrits, depuis cinquante ans environ, a successivement passé des greniers de l'église à ceux du tribunal et de divers bâtiments qui ont été affectés à la mairie ; qu'elle a souffert longtemps de la négligence et de l'incurie de l'administration municipale, mais que celle-ci, recomposée depuis peu, a pris le parti de l'enlever à un dépérissement complet. Les manuscrits et les livres ont été effectivement transportés dans un local neuf, disposé à cet effet dans le nouvel hôtel de ville, où ils ont été classés et catalogués par M. Kleitz, bibliothécaire et professeur de troisième au collége de la ville.