Fonds Bernard Fride

Bernard est né à Nancy de Salomon (Szlama) et Cécile (Cyporia) Fride, Juifs polonais émigrés. Il a un frère aîné, Maurice, né en 1929. Son père, né à Varsovie en 1900, est membre du Bund, la branche juive de l'internationale socialiste. En 1919, à 19 ans, pour ne pas être enrôlé dans l'armée polonaise qui lutte contre le bolchevisme soviétique, il se réfugie en Allemagne, à Berlin, puis, en 1925, en France, à Nancy. Son épouse est née Ploutno le 2 avril 1900, à Checiny près de Lodz. Salomon Fride est accusé en 1941 de recevoir des colis pour en faire commerce et des lettres en yiddish,  ce qui est interdit. Salomon, Cécile et Maurice sont arrêtés le 13 août 1942 et déportés à Auschwitz le 6 novembre par le convoi no 42. Maurice a passé quelque temps dans un asile pour enfants géré par l’Union générale des Israélites de France (UGIF) de Nancy, particulièrement par Gustave Nordon (1877-1944) et Marcel Courtot (1890-1953), avant d’être déporté à son tour avec 15 autres enfants. 

Bernard, que sa mère avait confié à sa couturière Georgette Larchet pour partir à la recherche de son mari, échappe au même sort. Les Larchet le font passer pour leur fils, qui se prénomme également Bernard, né en 1922, en service militaire à Alger, en maquillant ses papiers.En 1947, un cousin retrouve le petit Bernard Fride à Nancy et l’envoie au centre professionnel de Moissac créé par les Éclaireurs Israélites de France pour les Orphelins de la Shoah. Il y passe un CAP de dessinateur industriel, puis reçoit une bourse du ministère des Anciens combattants lui permettant de poursuivre sa scolarité au lycée Chaptal, à la faculté des Sciences et à l’institut de statistiques.Il travaille dans l’industrie automobile, puis devient coopérant et part en Côte d’Ivoire comme responsable des Études et du Développement régional au Ministère au Plan. De retour en France, il travaille notamment pour le groupe SIMU.Il se marie en 1955 avec Édith, dont il a deux filles.En 1987, Bernard Fride participe à la fondation de la stèle élevée à Nancy en mémoire des 20 enfants de l’UGIF déportés.

En 1991, il publie Une Mauvaise Histoire juive, à la suite de son enquête de plusieurs années sur les enfants confiés à l’UGIF de Nancy, où il met au jour la distinction opérée par cette institution entre les Juifs étrangers et les Juifs français. Il publie par la suite de nombreux articles, comptes-rendus et chroniques en relation avec des témoignages, fictions, livres documentaires, films… sur la Shoah et les enfants cachés. Il a également écrit Savoirs mêlés, histoires juives, africaines et autres, en hommage à sa femme Édith.

Paul et Georgette Larchet sont déclarés Justes des Nations en 1994.