Correspondance familiale

Issue d'une famille de notables bretons, Liane de Pougy (1869-1950), de son vrai nom Anne-Marie Chassaigne, passe son adolescence au couvent de Sainte-Anne-d'Auray dans le Morbihan. A sa sortie de pension, ayant constaté son attirance pour les personnes du même sexe, ses parents précipitent son mariage avec un certain Henri Pourpe, officier de la Marine, qui, fou de rage, la blesse d'un coup de pistolet. Elle demande alors le divorce.

Elle rencontre Henri Meilhac, septuagénaire amateur de jolies femmes, qui l'introduit aux Folies Bergères où elle devient danseuse sous le nom de Liane de Pougy. Sa beauté, déclinée en cartes postales et vignettes de collection, devient son fonds de commerce. Ecrivains et artistes se disputent les faveurs de cette "demi-mondaine", actrice et femme de lettres, qui aurait inspiré à Proust le personnage d'Odette de Crécy. Mais Liane de Pougy n'aime que les femmes. Elle s'éprend de Natalie Clifford Barney, jeune américaine de 23 ans et raconte son expérience dans Idylle saphique, publié en 1901.

Remariée en 1910 avec le prince roumain Georges Ghika, elle acquiert le titre de princesse et comble sa famille de cadeaux somptueux. mais ses démonstrations de charité ne suffisent pas à apaiser son sentiment de culpabilité et de solitude, accentué par sa vie mondaine.

Au détour d'une promenade dans les environs de Grenoble, Liane de Pougy est confrontée à la misère humaine à la porte de l'asile de Saint-Agnès. Emue par la détresse des occupants, elle lance une souscription auprès de son cercle parisien pour financer les travaux de rénovation qui s'imposent. Au fil de sa correspondance avec la directrice du couvent et un certain François Siraudrey, qu'elle appelle "frère François", sa vocation religieuse s'affirme. A la fin de la guerre, elle se retire dans un couvent du tiers-ordre dominicain. Devenue soeur Anne-Marie-Madeleine de la Pénitence, elle achève sa vie dans la dévotion, à Lausanne.