BOREL (Conseiller d'État et chef du département de l'Instruction publique à Neuchâtel)

Paul Faucher[Auteur], né le 24 novembre 1898 à Pougues-les-Eaux (Nièvre) et mort le 14 mars 1967 à Paris 5e, fut directeur de collections, pédagogue et auteur français. Pionnier de l'Éducation nouvelle et fervent connaisseur de la pédagogie active, il fonde en 1931 les Albums du Père Castor (Editions Flammarion[Sujet], Paris).

Paul Faucher se forme à la mécanique ainsi qu'au métier d'instituteur. En 1916 il s'engage comme chef-brigadier, participe à la bataille de Verdun comme artilleur et rapidement des responsabilités importantes lui sont confiées. En 1920 il est employé à l'Union mutuelle centrale des victimes et dommages causés par la Guerre et s'initie aux aspects juridiques, commerciaux, et techniques de l'entreprise. Mais son goût pour les livres et la lecture l'incite à changer de voie.

En 1921 Paul Faucher répond à une annonce et devient commis libraire dans une librairie Flammarion parisienne. Six mois plus tard, son chef de service lui confie le département Beaux livres de la librairie Flammarion Lyonnaise, il y développe de nouveaux services et rédige un bulletin d'information dédié à la clientèle.

En 1923 il gravit les échelons et devient gérant de la librairie Flammarion du Havre, en perte de vitesse depuis la Guerre. La situation maritime du Havre l'incite à établir des relations avec des représentants éditoriaux étrangers. Il fait la rencontre de Tony Guéritte, conseiller du commerce extérieur de la France à Londres, et de son épouse Madeleine, qui fonde deux années plus tôt avec Roger Cousinet la Société de la Nouvelle Education affiliée à la Ligue Internationale de l'Education Nouvelle (LIEN). La Nouvelle Education met en avant les qualités intellectuelles, artistiques, manuelles et sociales de chaque enfant. Paul Faucher adhère à ce mouvement et en deviendra plus tard le sergent recruteur. Il y trouve des réponses aux questions qu'il n'a cessé de se poser sur l'éducation. Au sein de la librairie du Havre il constitue une bibliothèque pédagogique et un système d'échange de livres s'amorce. Le premier livre en circulation choisit par Paul Faucher est L'activité spontanée chez l'enfant d'Adolphe Ferrière.

En 1924 il regagne Paris, appelé à fonder une nouvelle librairie Flammarion rue du Faubourg Saint-Honoré. Ce lieu devient le carrefour incontournable des femmes et hommes des Arts et des Lettres et des adhérents aux projets de la Nouvelle Education.

En 1925, aux côtés de Marguerite Reynier[Auteur] (professeure au Lycée Montaigne, Paris), Jean Baucomont[Auteur] (instituteur à Garche, Haut-de-Seine), il fonde un Bureau Français d'Education (BFE) à Paris.

En 1926, plus de trente ans avant la Déclaration des Droits de l'Enfant (Nations Unies-1959), Paul Faucher rédige avec Jean Baucomont et Marguerite Reynier une Déclaration de principes des droits de l'enfant. Le premier point : "L'enfant est une espérance à respecter, à protéger, à aider" laisse entrevoir un monde meilleur après la morosité d'une Guerre terrible.

Paul Faucher fréquente régulièrement la Bibliothèque de l'Heure Joyeuse[Sujet] et adhère à l'Institut Jean-Jacques Rousseau (Genève) créé par Edouard Claparède[Auteur].

En 1927 Paul Faucher créé sous l'égide de Flammarion une collection dédiée à la Nouvelle Education intitulée Education. Cette même année, il participe à l'organisation des Décades de Pontigny qui réunissent toutes confessions et toutes origines politiques confondues, les intellectuels de l'époque.

Lors du IVe Congrès International de pédagogie de Locarno, il rencontre Frantisek Bakule[Auteur], pédagogue tchèque, pionnier de la Nouvelle Education. Par le chant, les activités manuelles, la présentation de spectacles de marionnettes, cet éducateur et son assistante Ludmila Durdikova[Auteur] (dite Lida) viennent en aide à des enfants démunis et soulèvent l'enthousiasme. De sa rencontre avec František Bakule et Lida nait l'idée de s'adresser directement aux enfants et à partir de 1929 Paul Faucher réfléchit à un catalogue anticipé constitué de titres d'albums. Il étudie avec l'appui de Lida, qui deviendra son épouse, le problème du livre pour enfant sous tous ses aspects.

Il propose à Flammarion son projet et en 1931 sont créés les Albums du Père Castor. S'inspirant de modèles soviétiques, il souhaite des albums souples, légers, privilégiant l'image et la manipulation. Le prix peu élevé, accessible à tous les milieux est une véritable innovation. Le premier album Je fais mes masques illustré par Nathalie Parain[Auteur], est une révolution dans l'édition française pour la jeunesse. Entre 1932 et 1939 quatre-vingts albums sont publiés, les premiers mettent en avant le découpage, les travaux manuels et artistiques, les suivants déploient des histoires, des poésies, des contes pour émerveiller mais aussi pour donner à comprendre. La série Roman des bêtes écrite par Lida conquiert très vite son public en rendant hommage aux animaux à travers des descriptions détaillées, précises, à l'image d'un éditeur amoureux de la nature et de la beauté.

Durant la Seconde Guerre Mondiale Paul Faucher rallie ses terres familiales situées en zone libre. Depuis Forgeneuve (Meuzac, Haute-Vienne), accompagnés de quelques collaborateurs - auteurs, illustrateurs, il continue à publier. La série Les Petits castors voit le jour, son format réduit et la restriction des couleurs laissent imaginer les difficultés de ravitaillement en papier et le surcoût lié à l'impression.

En 1946 et 1947 l'Ecole du Père Castor et l'Atelier du Père Castor[Sujet] sont créés à Paris dans le quartier latin, Boulevard Saint-Michel, avec l'envie de proposer aux enfants, aux éducateurs et pédagogues du matériel didactique. L'Ecole ferme en 1961, laissant émerger l'Ecole Nouvelle d'Antony. Elle aura été le lieu d'approches pédagogiques concrètes pour mieux comprendre l'univers de l'enfance.

En 1948 la collection Les enfants de la Terre, richement documentée, offre une vision du monde hors de nos frontières. Apoustiak le petit flocon de neige, Jan de Hollande, Mangazou le petit Pygmée resteront dans les mémoires.

De 1931 à 1967, année de sa mort, Paul Faucher et ses fidèles collaborateurs publient 320 albums dont : Michka, Roule-galette, Bourru l'ours brun, Froux le lièvre, Martin-pêcheur, Faites votre marché, Marlaguette, L'imagier du Père Castor, La vache orange, et tant d'autres. Sous la plume de Paul François il écrit plusieurs ouvrages notamment Les bons Amis, La grande panthère noire.

Les auteurs et illustrateurs : Pierre Belvès[Illustrateur], Ivan Bilibine[Illustrateur], Rose Celli, Marie Colmont[Auteur], Lida Durdikova, Hélène Guertik[Illustrateur], Jean-Michel Guilcher[Auteur], Mireille Godet[Auteur], Gerda Muller[Illustrateur], Nathalie Parain, André Pec[Illustrateur], Fiodor Rojankovsky[Illustrateur], pour n'en citer que quelques-uns, resteront dans les esprits à l'image de collaborateurs talentueux et artistiquement exigeants.

François Faucher[Sujet], fils de Paul Faucher, prend la relève et édite à son tour de nombreux albums jusqu'en 1996.

D'après "Paul Faucher ou l'aventure du Père Castor - Une révolution éditoriale", Anne-Catherine Faucher[Auteur], Flammarion, 2021.

D'après « Paul Faucher, concepteur des albums du Père Castor, sergent recruteur de la Nouvelle Education dans l'entre-deux-guerres », Michèle Picard, in Recherches et Educations, n°4, mars 2011, « L'éducation nouvelle - Histoire d'une réalité militante », dirigé par Laurent Gutierrez[Auteur].