Dragueuse de sable

François Paul Guillon naît à Orléans le 12 janvier 1842, d'une famille de propriétaires et négociants. Entré à l'Ecole Impériale des Ponts et chaussées en 1862, ses premières missions d'ingénieur ordinaire le conduisent en Indre-et-Loire (1865-1881). Il réalise notamment des travaux de défense contre les inondations à Tours, Vouvray et Amboise, et contribue à la construction du chemin de fer reliant Port-de-Piles à Preuilly et Tournon. Promu ingénieur en chef en 1882, il occupe ensuite une charge au service maritime d'Ille-et-Vilaine, et organise à ce titre le service du port de Saint-Malo Saint-Servan. Il participe entre autres au projet de dessèchement des marais de Dol et de Redon.

C'est en 1888 qu'il est nommé à la tête de la 3^e section du Service spécial de la Loire à Orléans. Il y perfectionne le service de prévision et d'annonce des crues institué par l'ingénieur en chef Henri Sainjon. ll dirige également les travaux de construction des déversoirs de Montlivault et de la Chapelle-aux-Naux (Bec du Cher), les travaux de défense du faubourg de Saint-Marceau à Orléans, et les travaux de dérivation de la Roumer à Langeais.

En 1897, le Ministre des Travaux publics désigne une commission d'ingénieurs chargée d'étudier la question de l'aménagement du fleuve afin de favoriser sa navigabilité. Paul Guillon est l'un d'entre eux, et dirige les opérations de sondages du lit de la Loire, entre l'embouchure de la Maine et Nantes. Ses problèmes de santé le poussent à quitter ses fonctions en 1899, mais il continue son œuvre d'études de la Loire, et rassemble une foisonnante documentation touchant au fleuve et à l'hydraulique fluviale. Il est par ailleurs l'un des défenseurs des eaux du Val d'Orléans contre le projet de dérivation de cette ressource au profit de Paris, à l'aube du XX^e siècle.

Son implication professionnelle et scientifique lui permet d'intégrer l’Académie d’Orléans en 1888 puis la Société archéologique et historique de l'Orléanais en 1893, sociétés pour lesquelles il réalise plusieurs travaux et communications touchant à l'histoire d'Orléans. Faisant valoir ses droits à la retraite en 1904, il est nommé conservateur adjoint des Musées historiques et de Jeanne d'Arc. Sa mobilisation durant la Guerre de 1870-1871, au titre d'ingénieur du Génie civil aux aménagements de défense de la ville d'Orléans, lui vaut le rang de chevalier de la légion d'honneur.

Il meurt à son domicile, dans la maison familiale sise au 24 quai Cypierre, le 13 avril 1909.

Les archives produites et rassemblées par Paul Guillon nous donnent un riche aperçu des fonctions incombant à un ingénieur du corps des Ponts et chaussées, de sa méthode de travail et du réseau professionnel qui en découle, à une époque de modernisation des infrastructures de l'économie industrielle.

Elles sont aussi un précieux témoignage sur le fonctionnement et les prérogatives du service dédié à la gestion de la Loire dans la seconde moitié du XIX^e siècle, le Service spécial de la Loire. Le sujet de la prévision et de la prévention des inondations de ce fleuve y est ainsi particulièrement bien représenté. Parallèlement à ces questions, l'ingénieur s'est attaché à rassembler une importante documentation sur l'histoire de l'aménagement de la Loire dans le cadre de son intégration à la commission d'études pour l'amélioration de sa navigation. Ces dossiers sont par ailleurs enrichis de correspondances et rapports de ses prédécesseurs, les ingénieurs en chef Alexandre Collin et Henri Sainjon.

L'ensemble se compose pour une grande part de notes de travail et de brouillons de Paul Guillon, d'une riche correspondance entre ingénieurs français, et parfois étrangers, de nombreux plans et cartes tant imprimés que manuscrits, et d'un foisonnant ensemble de relevés graphiques hydrométriques. Enfin, un important lot photographique illustre des équipages fluviaux et de nombreux ouvrages d'art édifiés à la fin du XIX^e siècle.

Versé en 1909 à la bibliothèque d'Orléans, le fonds Guillon fait l'objet d'un premier traitement dans les années 1950. L'ensemble a été décrit dans une notice bibliographique globale dans le Catalogue général des manuscrits, t. LVII (1971), sous les numéros de notice 1878-1907. Le bibliothécaire Jean Lemaire en produit dans le même temps un inventaire papier plus détaillé. Nous ignorons si le classement alors établi est conforme à celui de l'ingénieur, mais certains documents, concernant notamment l'Hotel Groslot ou le pont Royal d'Orléans, semblent avoir été extraits du fonds et traités séparément.

Par ailleurs, de nombreuses autres archives, relatives notamment à la constuction de chemins de fer, ont été laissées de côté à cette époque. Une partie d'entre elles est intégrée aux collections imprimées en 1995 (cotes XIX). La seconde partie, contenant notamment un important ensemble photographique, est intégrée en 2023-2024 à l'occasion du chantier de récolement et d'inventaire de l'ensemble du fonds. Ce fut aussi l'occasion de procéder à un reclassement virtuel de l'ensemble des dossiers.

Le legs de Paul Guillon comprenait également une vaste collection d'objets d'art, mobilier et d'ingénierie au bénéfice de l'Hôtel Cabu, Musée d'histoire et d'archéologie d'Orléans. Une partie de cette collection fut détruite au cours des bombardements de juin 1940.

Le dossier individuel de carrière de Paul Guillon est consultable aux Archives Nationales, cote F/14/11482.

Le pôle Patrimoine et archives de l’Ecole des Ponts ParisTech conserve des éléments relatifs à sa scolarité : le Registre matricule des élèves du corps (cote Ms.3274-1), les procès-verbaux des Conseils de l’Ecole (cote 9562, vol. 4), les archives de l'inspecteur de l'Ecole (cotes 9565 Lettres de l'inspecteur ; 9582 Rapports de l'inspecteur ; 9585 Notes de l'inspecteur) et les photographies de promotion (sans cote, en cours de reclassement).

Enfin, les archives rassemblées ici complètent celles des Ponts et chaussées du Loiret et du Service spécial de la Loire conservées aux Archives départementales du Loiret, série 1 S 39176 - 39854, GF/1616-3040 - Ponts et Chaussées. - 1683-1987.