11 feuillets de notes manuscrites numérotés 6 à 17, probablement le brouillon d'une des plaidoiries en défense

«Face au drapeau» paraît en feuilleton dans le «Magasin d'éducation et de récréation», de janvier à juin 1896.

Un savant fou nommé Thomas Roch: incompris, rejeté par la France, a accepté de livrer à une puissance étrangère l'arme suprême qu'il a mise au point; au dernier moment, il se rachète héroïquement en voyant surgir un croiseur battant pavillon tricolore.

Eugène Turpin lit l’histoire. Comme Thomas Roch, celui-ci a été fort maltraité par l'armée française, qui lui a volé son invention, un explosif dévastateur baptisé mélinite; comme Thomas Roch, il a offert ses services à l'ennemi, en la personne de Guillaume II; comme Thomas Roch, il a connu la captivité.

Le vrai chimiste et le personnage de fiction ont exactement le même âge et l'engin «autopropulsif» de Roch correspond à l'appareil «autopropulseur» de Turpin.

Ce dernier porte plainte pour diffamation et exige un copieux dédommagement. Jusque-là, Jules Verne n'a pas caché à ses proches qu'Eugène Turpin lui avait servi de modèle. Mais il préfère mentir à son éditeur, Louis-Jules Hetzel, et à son avocat, Raymond Poincaré promis à un brillant avenir politique. «Ce n'est pas à mon âge, lui écrit-il, après avoir écrit quatre-vingts volumes de pure imagination, que j'irais offrir à mes jeunes lecteurs les malsaines surprises d'un roman à clef.»

Entre l’écrivain et l'inventeur controversé qui a failli se vendre à l'Allemagne, la presse et le public ont vite choisi leur camp. L'éloquence de Poincaré fait le reste. Le 9 décembre 1896, le tribunal déboute le plaignant et le condamne aux dépens