Reproduction d'une photographie de l'exposition Georges Bataille, une liberté souveraine

George Bataille (1897-1962) était un bibliothécaire, écrivain et philosophe. Né à Billom, dans le Puy-de-Dôme, il est le fils cadet de Joseph-Aristide Bataille et Marie-Antoinette Tournadre. Son enfance est marquée par la maladie de son père, devenu aveugle et paralytique. Quoiqu’élevé dans une famille irréligieuse, Georges Bataille se convertit en 1914 au catholicisme. Après un an au séminaire de Saint-Flour, il est admis à l’École nationale des chartes à la fin de l’année 1918. Il soutient une thèse consacrée à l’édition d’un texte du XIIIe siècle et obtient son diplôme d’archiviste-paléographe en 1922. Il débute sa carrière de bibliothécaire à la Bibliothèque nationale de France la même année, d’abord au département des Médailles, puis aux Imprimés. En 1942, il est mis en congés pour raison de santé et s’installe à Vézelay. Bataille est nommé directeur de la bibliothèque municipale de Carpentras en 1949 puis de celle d'Orléans en 1951.

A la bibliothèque d’Orléans, Georges Bataille a pour collaboratrice Hélène Cadou, veuve de René-Guy Cadou. C’est sous son impulsion que se développe le fonds Max Jacob et la collection des livres d’artiste. Georges Bataille a également eu une intense activité littéraire durant cette période. Depuis 1934, il poursuit le projet d’une « Histoire universelle ». L’écriture de Lascaux (1951) et la publication des Larmes d’Eros (1961) sont deux jalons de ce cycle inachevé. Grâce à l’éditeur Jean-Jacques Pauvert, il fait enfin paraître Le Bleu du ciel (1957), dont le tapuscrit, terminé en 1935, circulait jusqu’ici de manière confidentielle. Il renoue également avec sa formation de médiéviste pour la préface et les commentaires du Procès de Gilles de Rais (1959). Il écrit enfin certains de ses livres les plus sombres, parmi lesquels Ma Mère (1962). La réception de ses œuvres demeure restreinte, toutefois il obtient à partir de 1957 une relative notoriété. En 1961, à l’occasion de la réédition du Coupable, il accorde un long entretien à Madeleine Chapsal pour un article à paraître dans l’Express. En 1962, il est réaffecté à la Bibliothèque nationale, mais décède avant d'occuper ce nouveau poste. 

Auteur de plusieurs romans et essais, Georges Bataille a aussi publié de nombreux articles. Il a collaboré à la revue Aréthuse (1927-1929), à La critique sociale (1931-1934) fondée par Boris Souvarine, ainsi qu’à la revue Minotaure (1933-1939) éditée par Albert Skira et Tériade. Il a dirigé la revue Documents (1929-1931) avec Georges-Henri Rivière. Il a également fondé la société secrète et sa revue homonyme Acéphale (1936-1939) avec l'artiste et érudit Pierre Klossowski et le physicien Georges Ambrosino. Durant la même période, il a créé et animé avec Michel Leiris et Roger Callois le collège de sociologie (1937-1939). Enfin, il a fondé en 1946 la revue Critique, toujours active.

L’œuvre romanesque et philosophique de Bataille est marquée par le contexte familial dans lequel il a grandi. Les écrits d’Hegel et de Nietzsche l’ont également beaucoup influencé. Il a entretenu des rapports étroits, quoique houleux, avec le milieu surréaliste, au sein duquel il s’est lié d’amitié avec André Masson ou Michel Leiris. Il a aussi fréquenté Maurice Blanchot. En tant que « penseur de la transgression et de la dépense », ses écrits interpellent et font débat. La religion, le rire, la mort ou l'érotisme font partie de ses thématiques favorites. Outre les œuvres déjà citées, on compte plusieurs ouvrages marquants :

• Histoire de l'oeil (1928), paru sous le pseudonyme de lord Auch,
• L'anus Solaire (1931),
• Madame Edwarda (1941),
• La Part maudite (1949).

Georges Bataille a eu deux filles : Laurence Bataille (1930 - 1986), née de son mariage avec Sylvia Maklès en 1928; et Julie Bataille (1948 - ), née de son mariage avec Diane Kotchoubey en 1946.

• Parmi les écrits de Bataille : le tapuscrit du Bleu du ciel (MS 2355) et l'ensemble relatif à l'entretien de Georges Bataille et Madeleine Chapsal à Orléans en 1961 (notamment la bande sonore et les photographies, MS2614.1 et 2). Parmi les notes et la documentation, les photos prises dans la grotte de Lascaux (MS 2635)
• Parmi la correspondance : les lettres à sa cousine Marie-Louise (MS 2606), à son éditeur Jean-Jacques Pauvert (MS 2564) et à Madeleine Chapsal (MS 2614.5)