Cession, par Denis de Pontville, « maréchal de camp en les armées royales de Champagne et Brie, seigneur des Chastelliers, La Cave et en partie de Champois à Rigny le Ferron seulement, demeurant aux Chastelliers », à Louis de Chastelux, « guidon de 50 hommes d'armes en la compagnie de M. de Tinteville en ses armées de Champagne et de Brie », seigneur de Coulanges et du climat du Licot et en partie de Campois sur le finage de Flacy, « à cause des grandes dettes dues audit sieur de Chastelux à cause de la succession de feu Claude de Terrière, femme dudit sieur », de 22 arpents de bois et 40 cordes de terre « à faire chenevière », de 6 arpents de pré et 3 setiers de blé, et autant d'avoine, payables chaque année à la Saint-Martin d'hiver, moyennant 200 écus argent franc. 11 octobre 1589

Depuis l'année 1855, où parut le tome second du Catalogue in-4^odes manuscrits des bibliothèques publiques des départements, tout entier consacré à la Bibliothèque de Troyes, ce dépôt s'est augmenté, par achats, dons et legs, d'une importante série de manuscrits. De 2427 numéros, l'inventaire est arrivé à 2920, soit un accroissement de 493 articles.

Les volumes ou recueils compris dans la nouvelle collection peuvent se diviser en quatre groupes. Les deux premiers, qui se rattachent étroitement à l'ancien fonds et qui viennent le compléter fort heureusement, sont constitués : 1^o par les manuscrits qui proviennent de l'abbaye de Clairvaux ou concernent son histoire ; et 2^o par ceux qui sont relatifs à l'histoire ecclésiastique du diocèse de Troyes et particulièrement à celle du jansénisme, dont la capitale de la Champagne fut un des principaux foyers.

Quelques manuscrits de Clairvaux, égarés à la suite de circonstances inconnues, sont tardivement venus rejoindre ceux qui font, depuis la Révolution, l'honneur de la Bibliothèque de Troyes. Ce sont : un bréviaire cistercien du XIV^e siècle, en deux volumes (n^o 2439) ; un recueil de pièces, manuscrites et imprimées, sur la reine Christine de Suède (n^o 2440, avec notes du président Bouhier) ; un autre recueil très précieux pour l'histoire de la poésie latine religieuse en France à la fin du XV^e siècle (n^o 2471) ; un acte de 1484, concernant un procès intenté en cour de Rome à l'abbé de Cîteaux par celui de Clairvaux (n^o 2488) ; le catalogue de la bibliothèque du président de Bourbonne (n^o 2491) ; le catalogue, par noms d'auteurs, des livres imprimés de Clairvaux, dressé lors de leur transfèrement à Troyes, vers 1795, et dont le premier volume est malheureusement perdu (n^o 2538) ; un calendrier provenant d'un Bréviaire cistercien, du XIII^e siècle (n^o 2517) ; une copie de l'Index de Gaspar Scioppius, de la main de Bouhier (n^o 2522) ; une copie des Paradoxa catholica du P. Jacques Sirmond (n^o 2571) ; une petite histoire, par ordre alphabétique, des écrivains de l'ordre de Cîteaux, remontant au XVII^e siècle (n^o 2581) ; le répertoire des livres de l'abbaye de Clairvaux, rédigé par frère Mathurin de Cangey et transcrit par frère Pierre Mauroy au début du XVI^e siècle (n^o 2616) ; l'inventaire des privilèges et indults apostoliques concédés tant à l'Ordre de Cîteaux en général qu'à l'abbaye de Clairvaux, de 1164 à 1264, dressé au XVI^e siècle (n^o 2617) ; une sorte d'histoire documentaire de l'abbaye, intitulée Antiquitatum Claraevallensium appendix et composée vers 1680 (n^o 2891) ; l'Histoire des abbés de Clairvaux, par dom Le Boullenger, dernier secrétaire de l'abbaye (n^o 2919) ; et enfin, un certain nombre de pièces, provenant du président Bouhier et dont quelques-unes se rapportent à l'histoire de la Bourgogne et de la Suisse (n^os 2523, 2710, 2764 et 2892).

Les volumes et recueils relatifs à l'histoire ecclésiastique du diocèse sont plus nombreux encore. On doit signaler, entre autres, ceux qui concernent les églises, abbayes, prieurés, etc. : Foicy (n^o 2446) ; Hôpitaux (n^os 2435, 2468, 2565, 2689, 2831) ; Montiéramey (n^os 2429, 2430, 2620) ; Montier-la-Celle (n^os 2428, 2633, 2688, 2745) ; Notre-Dame-aux-Nonnains (n^os 2438, 2605) ; Paraclet, obituaire (n^o 2450) ; Saint-Étienne (n^os 2555, 2582, 2671, 2733) ; Saint-Jean-au-Marché (n^os 2809, 2869) ; Saint-Loup (n^o 2735 et surtout n^o 2755, cartulaire des XIIXIII^e siècles) ; Sainte-Madeleine (n^o 2449) ; Saint-Nicolas (n^o 2888) ; Saint-Pierre (n^os 2442, 2658, 2570, 2573) ; Saint-Quentin (n^o 2434) ; etc. Il faut aussi donner une mention spéciale aux deux volumes de Julliot sur l'histoire du clergé du diocèse pendant la période révolutionnaire (n^os 2870-2871) ; aux recherches de Louis-François Morel (n^o 2663) ; aux nombreuses dissertations de Remy Breyer, de Trasse de Montmusard, de Bertrand, de Lévesque de La Ravalière, de Chèvre de La Charmotte, de Grosley, etc., sur les antiquités ecclésiastiques, et qui sont dispersées dans divers recueils (voyez par exemple le n^o 2499), et aux recherches de M. Léon Pigeotte sur les artistes qui ont décoré les églises troyennes. L'histoire du jansénisme enfin, si obscure, si touffue, et déjà si largement représentée dans l'ancien fonds, occupe dans la nouvelle série une place que l'on sera tenté de trouver trop considérable et qui montre toute la profondeur des passions soulevées en Champagne par les discussions des Duguet et des d'Étemare (plus de 20 volumes).

Les deux derniers groupes enrichissent, d'une manière bien plus notable encore, l'histoire civile et littéraire de Troyes et de la Champagne méridionale. Un vidimus de 1515 fournit une excellente copie des privilèges accordés à la ville par les rois de France depuis 1419 (n^o 2591). Les n^os 2489-2490 contiennent la collection des mandements royaux concernant la ville de 1562 à 1579 et de 1744 à 1756. D'importants recueils dus à Fortin, à Sémilliard, à Grosley, à Courtalon-Delaistre, à É.-T. Simon, etc., sont de véritables mines de renseignements sur les hommes illustres de Troyes et des environs (n^os 2531, 2532, 2788, 2799, 2825, etc.). Quant à l'histoire littéraire, elle n'est pas moins bien partagée : on y remarque surtout les manuscrits de Baculard d'Arnaud (n^os 2500-2504) ; la correspondance et les papiers de P.-J. Grosley (n^os 2469, 2470, 2492, 2506, 2511, 2546, 2770, 2773, 2799, 2818, 2855, 2904, etc.), les papiers de J.-B. Ludot, dont les travaux étaient si appréciés par Réaumur (n^os 2583-2584), et ceux d'Édouard-Thomas Simon, dit Simon de Troyes, l'infatigable bibliothécaire du Corps législatif (n^os 2759, 2770, 2789-2796). Il serait injuste de ne pas signaler les nombreux documents relatifs à l'histoire de la musique, de la médecine, de l'imprimerie et de la librairie, qui ont été réunis par les frères Socard et le D^r Carteron, et qui sont venus, soit par dons, soit par legs, se placer sur les rayons du cabinet des manuscrits de la Bibliothèque de Troyes. Il n'est pas jusqu'à la période révolutionnaire et à la période contemporaine qui n'aient fourni, grâce à la libéralité des donateurs, un assez fort contingent de pièces importantes ou curieuses.

Il nous reste à parler d'un dernier groupe qui apparaît pour la première fois dans ce nouveau fonds : les pièces d'archives concernant certaines familles ou certaines localités. Ces documents, qui ne peuvent entrer, par suite d'un sage règlement, dans les dépôts départementaux, sont depuis quelques années et seront de plus en plus recueillis par les bibliothèques. Le fait s'est produit d'une manière remarquable à la Bibliothèque de Troyes, grâce à plusieurs donateurs qui se sont défaits à son profit de collections parfois considérables, comme celles de Bérulle et de Chamoy. On ne saurait trop encourager cette générosité, lorsqu'il s'agit, comme c'est ici le cas, d'archives anciennes, de bonne et sûre provenance.

Nous ne pouvons terminer ce rapide aperçu sans mentionner ceux qui par dons ou legs ont si notablement accru le fonds dont on trouvera ci-dessous l'inventaire sommaire. La Bibliothèque de Troyes est trop heureuse d'avoir l'occasion de remercier publiquement ses bienfaiteurs, dont les principaux, dans ces dernières années, ont été : M. Léon Pigeotte, M. le D^r Carteron, M. Théophile Boutiot, M. Auguste Millard et leurs héritiers, puis Mgr Robin, M. Charles Savetiez et M. Alphonse Roserot.

L. D.