Missel, à l'usage de l'église d'Arles en Roussillon

Les manuscrits de la Bibliothèque de Perpignan ont été signalés en partie par Haenel, qui en a donné (col. 384-387) une liste de quatre-vingt-deux. La plupart des manuscrits énumérés par Haenel sont encore conservés à la Bibliothèque ; parmi ceux qui manquent, on peut citer le « Liber feudorum (1224, in-fol.), sive collectio 23 instrumentorum de translatione et investitura feudorum a regibus Arragoniae factis », qui porte le n^o 8. Le catalogue des manuscrits de Perpignan de Haenel a été reproduit dans la collection Migne (Dictionnaire des manuscrits, t. I, col. 1293-1296). Enfin une liste des manuscrits plus complète, mais fort défectueuse, a été donnée par M. Fourquet dans son catalogue de la Bibliothèque de Perpignan, à la suite des ouvrages imprimés.

Les manuscrits de Perpignan proviennent en grande partie des établissements religieux du Roussillon, supprimés lors de la Révolution. Il y avait, avant 1789, une Bibliothèque publique à Perpignan, mais elle semble avoir souffert, elle aussi, de la période révolutionnaire, et si elle contenait un grand nombre de manuscrits, peu d'entre eux sont parvenus jusqu'à nous. Les bibliothèques des couvents du Roussillon étaient fort riches : la plupart des manuscrits littéraires de Perpignan proviennent de l'abbaye de Saint-Michel de Cuxa. Haenel rapporte avoir lu dans des descriptions de la ville que les couvents possédaient des livres excellents et fort rares, qui furent dispersés lors de la Révolution. Parmi les établissements qui ont contribué à la formation du fonds des manuscrits de Perpignan, il faut citer, outre l'abbaye de Cuxa, les églises d'Elne, d'Arles, de Saint-Jean de Perpignan, les Cordeliers et les Carmélites de cette ville, etc. Tous ces manuscrits ne proviennent pas directement des bibliothèques supprimées des couvents ; plusieurs ont appartenu à des savants qui les ont légués à la ville. Parmi les donateurs qui ont enrichi ainsi la Bibliothèque municipale, il faut citer en particulier M. Henry, ancien bibliothécaire de Perpignan, qui a donné plusieurs manuscrits.

La partie la plus intéressante du fonds est sans contredit celle qui concerne l'histoire du Roussillon, composée d'une cinquantaine de manuscrits. A une époque déjà ancienne et antérieure au catalogue de Haenel, la Bibliothèque de Perpignan s'est enrichie d'un assez grand nombre de documents et de cartulaires, provenant non-seulement des bibliothèques, mais des archives des établissements supprimés. Plusieurs de ces manuscrits ont certainement séjourné quelque temps aux Archives départementales, dont ils sont la propriété, et sont entrés à la Bibliothèque, lors du transfert des archives historiques de la préfecture dans ce dépôt, en 1833 : telle est la bulle sur papyrus de Serge IV pour l'abbaye de Saint-Martin du Canigou (Voir la communication de M. A. Brutails dans le Bulletin du Comité des travaux historiques, année 1885, n^o II, p. 160). Cependant d'autres volumes, livres de constitutions, délibérations des chapitres, censiers, etc., pourraient bien avoir été confondus avec les manuscrits proprement dits, dès la formation de la Bibliothèque. En dehors de ces documents d'archives, plusieurs livres de mémoires, de privilèges et coutumes, etc., forment une collection très intéressante pour l'histoire de Perpignan. Il faut y joindre les papiers et notes historiques de divers savants, qui se sont occupés de l'histoire du Roussillon, entre autres les manuscrits de Henry, historien fort estimé, et les nombreux matériaux et copies de documents réunis par Alart, ancien archiviste des Pyrénées-Orientales.

Pour le classement des manuscrits, on a cherché autant que possible à concilier l'ordre méthodique avec les exigences matérielles, afin d'obtenir une numérotation unique. Les manuscrits de Perpignan n'avaient pas en effet de numérotation particulière ; seuls quelques volumes conservent encore d'anciens numéros qui semblent coïncider avec ceux du catalogue de Haenel. Dans le catalogue imprimé de Fourquet, les manuscrits sont numérotés à la suite des ouvrages imprimés, de 6454 à 6554 ; mais cette numérotation n'avait pas été adoptée. Bien que Fourquet ne semble pas soupçonner que les manuscrits de Perpignan figurent dans le catalogue de Haenel et que son ouvrage renferme de nombreuses erreurs, son catalogue a été longtemps le seul guide pour les manuscrits de Perpignan. Pour faciliter les recherches, les numéros de son catalogue ont été ajoutés entre parenthèses, à la suite des notices. La numérotation actuelle des manuscrits est celle que nous imprimons aujourd'hui. Le format encombrant de certains manuscrits liturgiques nous a obligé de rejeter à la fin les missels et graduels, n^os 118 à 121, qui, d'après l'ordre méthodique, auraient dû figurer sous les n^os 5 à 8.

Les manuscrits arabes ont été catalogués par M. Houdas, professeur à l'École des langues orientales vivantes. Nous devons remercier en outre de leur obligeant concours M. Vidal, bibliothécaire de Perpignan, et notre confrère et ami A. Brutails, ancien archiviste des Pyrénées-Orientales.

Léon CADIER.