« Liber de veritate fidei contra errores infidelium, editus a fratre Thoma de Aquino, ordinis fratrum Predicatorum »

La meilleure partie des manuscrits conservés aujourd'hui à la Bibliothèque de Vendôme provient de l'ancienne abbaye de la Trinité, fondée dans cette ville, en 1032, par le comte d'Angers, Geoffroy Martel. Grâce aux nombreux priviléges que son fondateur lui avait obtenus du Saint-Siége, l'abbaye de la Trinité fut bientôt riche et célèbre. Les études ne tardèrent point non plus à y briller d'un vif éclat, et, moins d'un siècle après sa fondation, elle comptait déjà, parmi ses abbés, Oderic, et Geoffroy de Vendôme, le célèbre correspondant de Robert d'Arbrissel.

De bonne heure la bibliothèque y fut l'objet de soins particuliers. Si nous n'en avons point d'ancien catalogue, le nécrologe de la Trinité nous a conservé le texte d'une ordonnance de l'abbé Robert, qui, en 1156, fixait la rente que devaient annuellement payer les différents prieurés, relevant de l'abbaye de la Trinité, pour l'entretien de la bibliothèque.

Quoniam humanus animus in diversa distrahitur, preteritorum obliviscens, presencium eciam plerumque non recordatur, ideo necessarium atque opportunum duximus successorum nostrorum memorie litteris commendare quod a domino Roberto abbate statutum est atque decretum pari consensu cunctorum fratrum, tunc in capitulo Vindocinensi consistentium. In hoc Vindocinensi cenobio hactenus fuit consuetudo quod, quando aliquem librorum ligari oportebat, cellararius et camerarius expensas tribuebant, sed quoniam inter eos contencio oriebatur, quantum quisque prebere deberet, librorum ordo negligebatur, nec novi fiebant, nec ut decebat PHYS veteres corrigebantur. Unde auctoritate Dei et sua domnus abbas Robertus precepit atque constituit ut omnes priores obedientiarum ad jus Vindocinensis æcclesiæ pertinentium, excepta cella Andegavensi et Credonensi, annuum censum armario prebeant ; quid vero de un[aquaque] domo habere debeat, ne de hoc quod volumus iterum contentio fiat, presentibus et futuris litteris breviter intimare aggredimur.

De Sancto Georgio v solidos, de Sancto Nicholao II s., de Sancto Aniano IIII s., de Podio Rebe[lli] III s., de Surgeriis III s., de Avallia XII denarios, de Olona II s., [de] Lateio XII^cim d., de Sancto Saturnino II s., de Meduanillo II s., de Chiviriaco [II s.], de Broc XII^cim d., de Castellis III s., de Porcellis XII^cim d., de Villeriis XII^cim d., [de] Sancto Ypolito XII^cim d., de Gastinello XII^cim d., de Villa Dei V s., de Cor[mano], XII^cim [d.], de Savineio II s., de Villa Odonis XII^cim d., de Balgenciaco III s., [de] Andreio II s., de Carcere II s., de Columbariis I sextarium frumenti, [de] Balneolis I sextarium frumenti, de Buxello I s. f., de Capella Ancherii I s. [f.], de Pisoto I s. f., de Danzeio I s. f., de Cortozeio I s. f., de Huls[eto] I s. f., de Pruneto I s. f., de Villa Gunbergia I s. f., de Longa [Hulmo] I s. f., de Villa Marzini I s. f., de Monte Odonis I [s. f.], de Buslo I sextarium siliginis.

Actum est hoc atque sancitum in ap[itulo] Vindocinensi, feria II, VI kalendas junii, pre festivitate (m) sancte Trinitatis. Scriptum per manum Guillermi Sanctonensis, tunc temporis armarii, ann[o ab] incarnatione Domini M^o C^o L^o VI^o.

A la fin du XV^e et au commencement du XVI^e siècle, les deux derniers abbés réguliers, Louis et Antoine de Crevant, en même temps qu'ils embellissaient l'église de leur abbaye, faisaient exécuter de magnifiques livres liturgiques, qui nous ont été conservés. C'est par les soins de ces mêmes abbés, il ne faut pas l'oublier, qu'ont été imprimés en 1514 et 1536, dans les bâtiments de la Trinité, le Breviarium et le Missale Vindocinense.

Vers la même époque, l'abbaye de la Trinité entra en possession de la bibliothèque d'un médecin italien, Antoine Guaynier, de Pavie, dont le fils, Théodore Guaynier, fut médecin du roi Louis XII, à Blois. Plusieurs œuvres d'Antoine Guaynier ont été imprimées à la fin du XV^e siècle, et quelques-uns de ses manuscrits conservés à Vendôme sont autographes.

Les manuscrits de la Bibliothèque de Vendôme, qui n'ont pas autrefois fait partie de la bibliothèque de la Trinité, proviennent, soit du collége, fondé, en 1620, par le duc César de Vendôme, et dirigé par des prêtres de la congrégation de l'Oratoire, soit de la collégiale de Saint-Georges de Vendôme, soit enfin de dons récents.

On a pu conserver aux manuscrits de Vendôme les anciennes cotes de classement qui leur avaient été données dans la bibliothèque de la Trinité, bien que trente-deux de ces manuscrits soient aujourd'hui en déficit (Dès le XVII^e siècle, la bibliothèque de la Trinité de Vendôme avait perdu quelques-uns de ses manuscrits, qui étaient entrés dans la Bibliothèque du Roi, ou dans les bibliothèques de Colbert, de Saint-Germain des Prés et de Sorbonne ; ce sont les manuscrits latins 346, 3835, 5872, 6830 E, 12959, 13758, 16715 et nouv. acq. lat. 207. D'un autre côté, l'abbaye de Vendôme possédait à la même époque des manuscrits portant les ex libris des Dominicains de Reims (n^o 17 C), et des abbayes de Tiron (n^os 73 et 75) et du Mont-Saint-Michel (n^o 189)). Le premier bibliothécaire de Vendôme, J. Londiveau, avait, à la fin du dernier siècle, attribué dans son catalogue des manuscrits une numérotation nouvelle, qui n'a jamais été portée sur les volumes eux-mêmes. C'est ce catalogue de Londiveau, avec ses numéros factices, que G. Haenel a imprimé dans ses Catalogi manuscriptorum, 1830, in-4^o, col. 492-498 (reproduit par J. P. Migne, Dictionnaire des manuscrits, t. I, col. 1429-1438) ; avant lui, B. de Montfaucon avait donné, en 1739, dans sa Bibliotheca manuscriptorum nova, t. II, p. 1202-1204, une liste des manuscrits de la Trinité de Vendôme, extraite du catalogue de la bibliothèque de l'abbaye (On trouve encore des listes ou des notices des manuscrits de l'abbaye de la Trinité de Vendôme dans les manuscrits suppl. grec 278, Fol. 573, et latins 13070, Fol. 301, 13071, Fol. 150 de la Bibliothèque nationale). On trouvera à la suite de la description des manuscrits de la Bibliothèque de Vendôme un tableau de concordance des anciens numéros de la Trinité, encore en usage aujourd'hui, et des numéros du catalogue de Londiveau, reproduit par Haenel.

M. S. Bougenot, attaché au ministère de l'instruction publique, a bien voulu me prêter son concours pour la rédaction de la dernière partie du présent catalogue.

H. OMONT.