Archives et photographies sur la mission dans les Aurès de 1934-1937. Ce fonds conserve également des papiers personnels et d'autres relatifs aux activités d'enseignement et de recherche de Thérèse Rivière.
Ces archives, constituant une source historique sans équivalent sur la population Chaouia entre 1934 et 1937, sont la parfaite illustration des principes de l'ethnologie professionnelle française, discipline émergente dans ces années de l'Entre-deux-Guerres.
En effet, en décembre 1934, Thérèse Rivière et Germaine Tillion, deux anciennes élèves de l'Insitut d'ethnologie de Paris, arrivèrent en Algérie, pour, selon Henri Labouret, mener "une enquête ample, à la fois sociologique et ethnologique sur l'Aurès et ses habitants, dans le but d'apporter une contribution efficace aux méthodes de colonisation; la connaissance des usages, croyances et techniques des possessions indigènes rendant possible avec ces dernières une collaboration plus féconde et plus humaine, et conduisant à une exploitation plus rationnelle des richesses naturelles... La méthodologie suivie par Thérèse Rivière est novatrice pour une ethnographe française de l'époque puisque son enquête est fondée sur un contact direct entre l'enquêteur et l'enquêté, soit sur une véritable relation et non plus à travers un intermédiaire (méthode déjà très utilisée en Allemagne et en Angleterre).
Les archives de Thérèse Rivière rassemblent une vingtaine de carnets de terrain, le questionnaire linguistique sur lequel s'est basée la mission dans les Aurès, les légendes de ses photographies, les inventaires des objets collectés, un ensemble de dessins réalisés par les habitants de plusieurs villages, le rapport de la mission, ainsi que les publications envisagées et les textes de quelques conférences. Elles réunissent également quelques documents liés aux autres missions en Algérie, en particulier celles de Kabylie en 1939.
La lecture des carnets de terrain révèle les objets et les méthodes de travail de Thérèse Rivière. Elle y étudie la culture matérielle et esthétique de la population des Chaouia en exécutant minutieusement les cours donnés par Marcel Mauss sur l'ethnographie muséale et la constitution d'une collection, mais aussi en suivant les instructions du Manuel d'Instructions sommaires pour les collecteurs d'objets ethnographiques élaboré en 1931 pour la mission Dakar - Djibouti.
Les photographies de Thérèse Rivière, prises au Leica, tout comme celles de Jacques Faublée, recensent les techniques, les constructions, toutes les formes de productions et de créations. Elles mettent en valeur la tribu des Ath Abderrahaman(es) à Kébech, chez qui elle séjourna pendant un an, les accompagnant dans leurs déplacements au rythme de la transhumance. En suivant les Instructions à la lettre, ils réalisèrent un des tous premiers enregistrements quasi systématiques par la photographie des techniques, des savoirs-faire d'une population.
Le plan de classement suit de près l'évolution des différentes activités au regard de ses travaux et missions. Trois sous-ensembles s'attachent à les révéler : personnelles, scientifiques et, enfin, celles liées à l'enseignement et à la recherche que Thérèse Rivière a pu mener.
Document(s) de substitutionL'ensemble du fonds a été numérisé Certains carnets de Thérèse Rivière sont consultables en ligne sur la plateforme Transcrire : voir la numérisation.