Fonds Tinayre

Victoire Guerrier (1831-1895), issue d’une famille d’artisans du Puy-de-Dôme, passa son brevet de capacité en 1856 et devint institutrice . Mariée en 1858 à Jules Tinayre, clerc de notaire, elle donna naissance à six enfants : Victor, décédé à deux ans, Julien, Louis, Caroline, Abel et André. En 1866 le couple s'installe à Paris au 13 rue de Gentilly dans le 13ème arrondissement  ou Victoire fonde une école professionnelle de jeunes filles. Elle dirigera ou co-dirigera également plusieurs pensionnats à Bondy, Noisy-le-sec ou Gentilly

Lors de la guerre de 1870 , elle lança un appel aux femmes du Nord et de Haute-Loire puis fonda un organe de propagande pour la défense du territoire, Le Réveil des campagnes. De retour à Paris en 1871, elle devint inspectrice générale des livres et des méthodes d’enseignement pour les Écoles de jeunes filles de la Seine ainsi qu’inspectrice des écoles primaires du XIIe arrondissement. Elle participa également aux réunions de l'Union pour la défense de Paris et les soins aux blessés dont la figure de proue était Elisabeth Dmitrieff

À la chute de la Commune, elle est arrêtée puis relâchée alors que son mari, qui n’avait pourtant pas participé au gouvernement insurrectionnel, est fusillé. Condamnée par contumace à la déportation, elle vécut en exil à Genève avec ses enfants, son frère Jean et sa sœur Anna. Les difficultés pour survivre poussèrent la famille à se séparer et à se disperser dans différentes villes européennes : Jean Guerrier trouva du travail en Hongrie, Julien, Louis et Caroline furent placés au pair chez des familles à Košice en Slovaquie, à Forró-Encs en Hongrie et à Carei en Roumanie tandis que les plus jeunes restèrent pendant les premières années de l’exil à Genève auprès de leur tante Anna. Victoire, quant à elle, fut gouvernante puis préceptrice en Hongrie. En 1875, Louis et Julien entrèrent à l’Académie de Budapest pour apprendre respectivement la peinture et la gravure.

Les deux aînés furent les premiers à rentrer en France, en 1879. Graciée en 1880, Victoire revint à son tour à Paris et se battit pour faire reconnaître la mort de son mari et le statut de soutien de famille pour Julien, cherchant à lui éviter par-là le service militaire. Quant à sa sœur Anna, elle resta en Hongrie jusqu’à la fin de sa vie. Cette diaspora familiale donna lieu à une correspondance abondante.

S'intéressant à la pédagogie et aux écoles Fröbel, Victoire rédigea des manuels et lança la Bibliothèque des Petits, série de biographies d'hommes illustres à destination des enfants. Son expérience lui valut le poste de directrice des Écoles enfantines du Familistère de Jean-Baptiste Godin à Guise, de 1884 à 1885, puis celui de surveillante générale des écoles de l'Assistance publique de Paris, à la fin de sa vie, de 1886 à 1891. Proche de la pensée socialiste, elle conduisit de nombreux projets d'entraide. Elle participa ainsi à la fondation, en 1867, d'une coopérative d'alimentation  appelée Les Equitables de Paris , en 1882, d'une société de secours mutuels, l'Auvergne, et en 1891, d'un organe mutualiste de l'enseignement, la Société internationale d'éducation. Ses fréquentations l'amenèrent à s'intéresser également au positivisme : elle fit la connaissance d'Henry Edger mais aussi de Pierre Laffitte , alors considéré comme le successeur d'Auguste Comte, et de la famille Crompton, en Angleterre, chez qui elle résida en 1883. Elle poursuivit par ailleurs une activité littéraire sous les pseudonymes de Jules Paty, de Jean Guêtré et de Jean Tinayre. Elle publia notamment Un rêve de femme et collabora avec Louise Michel  à la rédaction de La Misère puis des Méprisées.

Le fonds Tinayre ayant été partiellement classé et déclassé, il a été nécessaire de repenser en grande partie l’organisation matérielle et intellectuelle de ces archives en reconstituant des dossiers et des fonds après avoir effectué une étude à la pièce.

Dans le but de respecter la provenance des archives, les notes de chercheurs ont été regroupées afin de les distinguer des documents produits par la famille Tinayre elle-même. Un travail identique a été réalisé pour les archives concernant des amis des Tinayre. Par ailleurs, Victoire étant la figure centrale de cet ensemble d’archives, le choix a été fait de la séparer du reste de la famille. Ainsi, cinq fonds ont été constitués : ceux de Victoire Tinayre et de sa famille, celui concernant des amis de la famille, et ceux des universitaires Claude Schkolnyk et Mary Brigitt Powers Geroux.

Pour certains documents, le producteur n’a pu être identifié clairement : Victoire tout comme ses enfants ou encore Marcelle auraient pu en être à l’origine. Ceux-ci ont donc été regroupés dans le fonds « Famille Tinayre » tout comme les archives concernant plusieurs membres de la famille. Enfin, il a été choisi de ne pas éclater la correspondance familiale en fonction des producteurs : le classement chronologique était le plus adapté étant donné l’abondance des échanges et les sujets de discussion croisés. Ainsi, celle-ci a été également réunie au fonds « Famille Tinayre ».

Archives nationales
Série F : Versement des ministères et des administrations qui en dépendent.
Sous série F21 : Beaux-arts.
F21 4343 : Dossiers personnels de Julien et Louis Tinayre.
F21 3969 : Missions aux Armées 14-18.
Série AP : Personnes et familles.
Sous série 454 AP : Société des gens de lettres.
454 AP 416 : Dossier personnel de Marcelle Tinayre.

Archives diplomatiques du ministère des Affaires étrangères
FRMAE 394QO : Personnel, 2ème série
Volume 1485 : Dossier individuel d’André Tinayre.

Archives de la préfecture de police
Série B : Cabinet du préfet de police
Sous-série BA : Affaires générales
BA 1660 : Rapport de recherches et de renseignements adressés au préfet de police.

Archives départementales de Corrèze
Série J : Fonds privés
Sous série 15 J : Fonds Marcelle Tinayre, 1870-1948
Le répertoire du fonds est téléchargeable ici

Bibliothèque nationale de France
La Bibliothèque nationale de France conserve de nombreux autographes de Marcelle Tinayre (lettres à Sarah Bernhardt, à Marcel Schwob…) ainsi que des manuscrits tels que la nouvelle Mirame et des pièces de théâtre. Nous vous invitons à consulter le catalogue des archives et des manuscrits de la BnF

Bibliothèque Jacques Doucet
Ms Ms 22723 : Lettre de Marcelle Tinayre à Bernard Grasset, 15 juillet 1919.
Ms Ms 26760 : Lettre de Marcelle Tinayre à Charles Du Bos, [19 juin 1921].
LT Ms 35816 : Lettre de Marcelle Tinayre à René Béhaine, 26 novembre 1924.
Ms Ms 23501 : Lettres de Marcelle Tinayre à André Chevrillon, 1925-1933.
BGN 862 : Lettre de Marcelle Tinayre à Henri Bergson, 14 novembre 1928.
Alpha Ms 6873 : Lettre de Marcelle Tinayre à Edmond Jaloux, 10 septembre 1933.

Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne
Ms 2030 / Ff. 92-93 : Lettre de Louis Tinayre au recteur Lucien Poincaré avec réponse de ce dernier, 17-18 avril 1918.

Bibliothèque Sainte-Geneviève
Ms 5674 : Dossier Marcelle Tinayre.

Bibliothèque de l’Institut de France
Ms 4490 / Pièces 93-188 : Lettres de Marcelle Tinayre, 28 novembre 1899-7 juillet 1907.
Ms 5691 / pièce 23 : Lettre de Marcelle Tinayre à José-Maria de Heredia, 24 août 1902.
Ms Lov. G 1197 / F. 118 : Lettre de Julien Tinayre au vicomte de Spoelberch de Lovenjoul, 2 mai 1905.
Ms 7941 : 3 lettres de Marcelle Tinayre, 26 mai 1926-3 juillet 1910.
Ms 7952 : Les Nouvelles littéraires : « Malles et valises » (sur les reporters, Luc Durtain, Marcelle Tinayre…), 1929.
Ms 6293 : 5 lettres de Marcelle Tinayre à Henri de Régnier, s. d.
MS 7231 : Lettre de Marcelle Tinayre à Anna de Noailles, s. d.

Bibliothèque de l’Institut national de l’histoire de l’art
Photothèque Peintures I, 242 : 54 épreuves photographiques d’œuvres de peintres dont Louis Tinayre, 1880-1930.

Musée Labenche
Le Musée Labenche, à Brive, conserve des manuscrits d’enfance et des dessins de Marcelle Tinayre ainsi que des documents au sujet de son roman Château en Limousin.

Historial de la Grande Guerre
Noël Tinayre a légué à l’Historial de la Grande Guerre de nombreuses photographies prises par Marcelle et Julien Tinayre pendant la guerre de 1914-1918. Celles-ci sont visibles sur le site des archives de la Somme.