« Déclaration du Roy, qui ordonne l'exécution de l'édit de révocation de l'Édit de Nantes, pourvoit à l'instruction de ceux qui sont rentréz dans le sein de l'église catholique... Donnée à Versailles, le 13 décembre 1698 »

Si l'on ne peut connaître exactement l'origine et l'histoire de chacun des 1596 manuscrits conservés au Palais du Luxembourg, on a cependant des renseignements précis sur la plus importante partie d'entre eux, cédée en 1830 à la Chambre des Pairs, par les héritiers de Boissy d'Anglas et qui porte aujourd'hui encore le nom de Collection Boissy d'Anglas.

Cette collection, qui se compose de trois cent quarante et un manuscrits, comprenant la copie de cent cinq volumes de Registres du Parlement de Paris, allant de 1395 à 1790, avait, dès 1863, attiré l'attention de Grün, qui en parlait en ces termes dans sa Notice sur les archives du Parlement de Paris (En tête du tome I^er des Actes du Parlement de Paris, de E. Boutaric (1863. in-4^o, dans la série des Inventaires et documents des Archives de l'Empire), p. CCLXXXI) : « C'est une des plus importantes, et la seule, avec celle du duc de Penthièvre, qui ait été continuée jusqu'à la fin du Parlement en 1790. Elle ne forme pas un fonds unique, d'une même provenance ; pour la partie moderne, les volumes sont de formats, d'écritures, de reliures divers. Jusqu'au dix-huitième siècle, sauf quelques exceptions où l'on trouve des demi-reliures, les registres grand in-folio sont reliés en maroquin rouge, dorés sur tranche, avec fleurs de lis sur le dos et aux coins ; la plupart portent des armoiries sur les plats, ce sont celles de Dugué de Bagnols, conseiller au Parlement en 1636...

« Une note, placée en haut de la première page du premier volume, porte à croire que la collection passa dans les mains de l'abbé de Rothelin, qui l'a sans doute fait continuer, et qui mourut en 1744. On ne sait par les soins de qui les copies ultérieures ont été exécutées, ni à qui la collection appartenait au moment de la Révolution ; elle passa, on ignore quand, à M. le comte Boissy d'Anglas, décédé pair de France en 1826. Elle fut vendue par ses héritiers, en 1830, à la Chambre des Pairs.....

« Elle se compose de la manière suivante : deux registres des Olim ; du criminel, six (1313 à 1569) ; du Conseil, cent vingt-neuf (de 1364 à 1790), y compris neuf volumes d'additions et un supplément de 1651 à 1656 ; deux exemplaires d'un registre du Parlement, de 1428 à 1436, un du Parlement de Pontoise en 1652 ; onze de la première Chambre des Enquêtes (1717 à 1767) ; un de la seconde Chambre des Enquêtes pour la même période ; six d'arrêts notables extraits des registres (1378-1599) ; un exemplaire des tables et sous-tables de Lenain... »

Il est facile de jeter quelque lumière sur les points qui restaient obscurs pour Grün et, sans vouloir faire ici l'histoire complète de cette collection, on nous permettra cependant de l'esquisser à larges traits.

Une grande partie des manuscrits de la collection Boissy d'Anglas avait d'abord appartenu à François Dugué, conseiller au Parlement de Paris, puis à son fils, Augustin Dugué de Bagnols, conseiller d'État ordinaire, doyen des maîtres des Requêtes de l'Hôtel du Roi, mort en sa terre de Troux, près Chevreuse, le 10 septembre 1752, à l'âge de 78 ans. Plus de cent volumes en effet portent les armes de Dugué (Les armes de Dugué de Bagnols sont : d'azur, au chevron d'or, accompagné de trois étoiles, celle de pointe surmontée d'une couronne ducale), soit sur la reliure, soit en ex-libris (Catalogue des livres de feu M. Dugué Bagnols, conseiller d'État, dont la vente se fera au détail, au plus offrant et dernier enchérisseur, lundi 19 mars 1753 et jours suivans, deux heures de relevée, en son hôtel, rue Clocheperche, près le Petit S. Antoine (Paris, Bauche, 1753. In-8^o, 112 p.). Celui-ci en avait acquis le plus grand nombre de l'abbé de Rothelin, dont nous trouvons également les armes en ex-libris (Les armes de l'abbé de Rothelin sont : écartelé au 1 et 4 d'or, à la bande de gueules ; aux 2 et 3 au pal de gueules, chargé de trois chevrons d'argent et sur le tout : d'Orléans-Longueville), sur un grand nombre de volumes.

Charles d'Orléans, abbé de Rothelin, est surtout connu comme numismate. Troisième fils de Henri, marquis de Rothelin, mort de ses blessures à la suite de la bataille de Leusse en 1691, il était descendant de Dunois. Au cours de son voyage à Rome avec le cardinal de Polignac, qu'il accompagnait comme conclaviste, il prit goût à l'antiquité et commença à former sa bibliothèque, qui était une des plus importantes de Paris, si l'on en croit le Mercure de France, qui en parle en ces termes (Lettre de M. Beauvais à M. l'abbé de Matigney, chanoine de la métropole de Besançon, sur la mort de M. l'abbé Rothelin (Mercure de France, septembre 1744, p. 2035)) : « Il s'estoit formé une bibliothèque qu'on peut considérer comme une des plus précieuses qu'il y ait à Paris, soit par les manuscrits, soit par les livres rares dont elle est composée ; elle seroit plus complette, si son amour pour les sçavans et pour le bien public ne l'avait pas engagé à déposer dans celle du Roi les manuscrits et les autres livres qu'il possédait et qui y manquaient ».

Cependant ses manuscrits furent mis en vente avec sa bibliothèque (Catalogue des livres de feu M. l'abbé d'Orléans de Rothelin, par G. Martin (Paris, chez G. Martin, 1746. In-8^o, XXIV-618 p.). — Une liste des numéros des manuscrits se trouve à la fin du catalogue, p. 616-617) et une bonne partie fut acquise par le président Durey de Meinières (Durey de Meinières (Jean-Baptiste-François) était le neveu de Durey d'Harnoncourt. Il naquit a Paris, le 21 avril 1705, et y mourut le 27 septembre 1785. Président de la seconde Chambre des Requêtes jusqu'en 1757, il était beau-frère de René Hérault, lieutenant de police. Il épousa en 1764 Mme Belot, traductrice de Hume. Il prit une part active aux luttes provoquées par les réformes de Maupeou et fut exilé à Bourges. Sa collaboration est sinon prouvée, du moins très vraisemblable en ce qui concerne les Nouvelles rédigées dans le salon de Mme Doublet, publiées sous le nom de Mémoires secrets et attribués généralement à Bachaumont), qui ne négligea rien pour augmenter cette collection et la faire ce qu'elle est aujourd'hui. Non seulement il acheta des manuscrits nouveaux, mais il fit copier des manuscrits anciens, annota des registres du Parlement, fit faire des tables et dressa lui-même, en quatre-vingt-quatre volumes, une table de sa collection. Il écrivit aussi un journal du Parlement de 1749 à 1751 et plusieurs autres ouvrages, dont quelques-uns sont conservés dans la Collection Boissy d'Anglas.

Ces achats et ces copies étaient onéreux, aussi sur la fin de sa vie fut-il obligé de vendre cette collection, qu'il avait pris tant de peine à réunir. Voici en quels termes, dans ses notes, est racontée cette vente (Mémoire concernant la vente de la bibliothèque et des manuscrits de M. le président de Meinières. (Dans les papiers du Cabinet de Meinières, Bibliothèque nationale, ms. français 7573, fol. 456 et suivants.)) :

M. de Meinières, ayant perdu sa charge de président, lors de la suppression du Parlement de Paris en 1770, se retira à Chaillot, avec peu de fortune ; il avait considérablement dépensé pour acquérir sa belle collection de manuscrits ; la continuation de ses recueils, ses extraits et le travail de ses tables le mettaient dans la nécessité d'employer continuellement des copistes, qui lui coûtaient beaucoup, il voulut tirer quelque parti d'un objet si important, afin de se procurer, ainsi qu'à Madame de Meinières, qu'il aimait beaucoup, une meilleure existence.

Il voulait surtout se donner un successeur laborieux, qui eût le goût de l'érudition et qui pût continuer un travail important, qui l'avait occupé pendant quarante années. Il crut que M. de Flandre de Brunville, qui avait été conseiller au Parlement, ferait un bon usage de ses manuscrits, tant pour l'utilité du Parlement, que Louis XVI venait de rétablir, que pour celle de ses concitoyens ; il considéra moins l'argent qu'il pouvait retirer de cette affaire que l'honneur qu'il avait de devenir utile à l'homme de mérite qui voudrait un jour écrire l'histoire du Parlement de Paris.....

Pour vendre cette collection utile, il avait fait des extraits ou notices de tout ce qui la compose, il avait rangé tous ces extraits, tant en ordre de matières qu'en ordre alphabétique ; tout ce travail existe encore aujourd'hui.

Il se dépouilla donc de cette intéressante propriété le 8 juin 1775, en s'en réservant cependant la jouissance sa vie durant, et il s'engagea, par goût pour l'étude et par amour pour le bien public, à continuer ses recherches et ses travaux autant que ses forces et ses facultés le lui permettraient.

Il vendit en conséquence à M. de Brunville tous ses livres et manuscrits..., tous lesquels livres, manuscrits, observations, extraits et notices, ont été remis par la succession de M. de Meinières à M. de Brunville en 1786, à l'exception des journaux de Mme Doublet et pièces qui y étaient relatives, dont M. de Meinières s'était réservé l'entière propriété.....

Il fut expressément convenu que lors de la remise de la bibliothèque, qui serait faite par la succession de M. de Meinières à M. de Brunville, s'il se trouvait quelques livres, manuscrits, notices, etc., de moins que ceux portés dans les catalogues, pourvu que le prix de ces livres, qui se trouveraient manquer, n'excédât point la somme de 500 livres, M. de Brunville ne pourrait exercer aucun recours ni répétition contre la succession...

Il fut pareillement convenu que les augmentations de livres, manuscrits..., qui pourraient se trouver, lors de la remise, au-delà de ceux compris dans les catalogues, appartiendraient à M. de Brunville.

Cette vente fut faite, moyennant : 1^o dix mille livres de rente viagère, que M. de Brunville créa et s'obligea payer à M. de Meinières pendant sa vie, à son domicile à Paris, ou au porteur, par chaque année, de six mois en six mois, à compter du 1^er juillet 1775, laditte rente franche de toute retenue...

2^o Cent mille livres en espèces sonnantes, en déduction de laquelle M. de Brunville paya sur le champ celle de 30,000 livres. Ledit acquéreur s'obligea encore de payer à M. de Meinières en sa demeure, à Paris, ou au porteur, celle de 25,000 livres sur et en déduction du prix principal, le 1^er octobre 1775, sans intérêts pendant ledit temps, et pareille somme de 25,000 livres aux mêmes clauses et conditions, le 1^er janvier 1776.....

Telles sont les principales conditions de la vente de la bibliothèque de M. le président de Meinières, sur laquelle on a fait beaucoup de fables et à laquelle on a attribué la première cause du dérangement des affaires de M. de Brunville, qui était fort riche alors.

Mais, si M. de Meinières n'a pas tiré un meilleur parti de ses livres, dont plusieurs étaient fort rares, et de l'immense collection de ses manuscrits, c'est qu'il était plus attaché à se donner un successeur qui pût continuer ses ouvrages qu'à en faire de l'argent (On conserve dans le ms. français 7573, fol. 459 et suivants, l'acte de vente passé entre M. de Meinières et M. de Brunville, avec la désignation de chacune des pièces où se trouvaient les volumes et les manuscrits.Dans le même manuscrit on trouve également l'état exact de ce que comprenait la collection de M. de Meinières).

Que devint cette collection entre les mains de M. de Brunville ? Nous savons qu'on chercha, sans doute vers 1806, à la faire acquérir par l'Empereur, comme le prouve la lettre suivante :

Il faut croire que les pourparlers ne réussirent pas, car la vente fut annoncée au Moniteur du 1^er juin 1806 et peu après furent distribués une notice et deux catalogues de vente de cette collection (Notice d'une bibliothèque composée d'environ deux mille volumes manuscrits... A vendre... s'adresser au propriétaire M. Marchal, rue Favart, n^o 6, près le Théâtre Italien (S. d. In-8^o, 8 p.). — Notice bibliographique d'une bibliothèque composée d'environ 2,000 volumes manuscrits et de quinze cents cartons in folio..., dont la vente se fera ce 25 juillet 1806 fixe, et les jours suivans, de relevée, rue des Fossés-Montmartre, n^o 3. (Paris, Defrelle, Masson-Saint-Maurice. In-8^o, IV-43 p.) ; — et autre édition de ce même catalogue, avec la date de vente au 1^er octobre 1807 (Paris, Defrelle. In-8^o, IV-47 p.). — L'un et l'autre de ces deux catalogues comptent 252 numéros).

Dans l'avertissement, qui précède le catalogue et qui n'est qu'un résumé de la Notice d'une bibliothèque, on rappelle les différents possesseurs de la collection : « Cette riche et importante collection est un des monumens les plus étonnans que l'étude puisse offrir à l'esprit des lecteurs. Comment en effet ne pas se sentir frappé d'une sorte d'admiration en voyant exposée en vente publique une immense réunion de manuscrits accumulés depuis plus de deux siècles par les hommes les plus distingués par leur esprit, dans la robe, l'église, l'épée : le maréchal d'Estrées, M. Talon, l'abbé de Rothelin, MM. Secousse, Dupuy, de Foncemagne, Sainte-Palaye, les présidens Lambert, Le Nain, M. Berthier, l'abbé de Bourzeis, collaborateur sous Colbert, MM. Blanchard, Boisjourdain, Blondeau de Charnage, d'Héricourt, d'Angerville, l'illustre et laborieux président de Meinières, etc., qui tous ont consacré leur tems et des fonds considérables pour en faire un dépôt complet des connaissances historiques, civiles et politiques.

« Toutes les pièces sont originales ou copiées sur des originaux dont le plus grand nombre n'a jamais été imprimé. M. le président de Meinières, mort quelques années avant la Révolution, avait formé cette collection de celles des personnes que l'on vient de citer ; il en avait compulsé tous les manuscrits, il les avait classés méthodiquement ; il en a composé une table de matières en 84 volumes grand in-folio, jointe à deux autres tables alphabétique et chronologique, faisant suite à la première et que l'on trouvera dans cette bibliothèque.... »

Malgré cet emphatique et pompeux appel, il ne se trouva pas un amateur pour acheter toute la collection ; elle fut dispersée entre différents libraires et le comte Boissy d'Anglas en acheta une importante partie (c'est elle qui a été vendue à la Chambre des Pairs par ses héritiers) ; un autre lot fut acquis par la Bibliothèque Nationale.

Telle est, sommairement tracée, l'histoire de cette collection, qui forme la partie la plus intéressante des 1596 manuscrits que possède actuellement le Sénat.

Un autre manuscrit du Luxembourg, sans avoir une aussi longue histoire, possède néanmoins une origine assez piquante et qui mérite d'être signalée (Nous résumons cette histoire d'après un très spirituel article de la Nouvelle Revue, du 1^er avril 1903 : Claude-Louis. L'Exploitation héraldique)

En 1820 vivait à Paris, 6, rue de Savoie, un généalogiste qui s'appelait Duprat-Taxis. Sa collaboration au Cabinet des Ordres du Roi, avec Bernard Chérin, lui avait inculqué une vénération profonde pour la véritable noblesse. A force de trouver de nobles origines à ses contemporains, il en était arrivé à se pourvoir lui-même de la particule et à se dénommer M. Du Prat-Taxis. La Révolution supprima son emploi, supprima la noblesse, et lui, par prudence, supprima sa particule.

Le 25 août 1817, le Roi éleva à la pairie quantité de gens qui n'y avaient aucun droit, selon l'opinion de Duprat-Taxis, dont l'indignation fut à son comble. Il forma le projet de dénoncer, avec preuves à l'appui, l'origine fort humble de la plupart des nouveaux pairs de France, et, en trois ans, il composa un ouvrage intitulé : La Nouvelle Pairie française, d'après la Charte, organisée par l'ordonnance du 25 août 1817. Ouvrage critique, historique et généalogique dont l'exactitude et la vérité sont attestées par les actes mêmes des familles. Mais, après le feu de la composition, Duprat-Taxis s'épouvanta des difficultés et des dangers de son entreprise. Que fit-il ? Il porta simplement son in-folio à M. le marquis de Sémonville, grand référendaire de la Chambre des Pairs.

Huguet de Sémonville, d'instinct, cherche sa propre généalogie. Il y voit qu'il descendait « d'un petit bourgeois de la ville de Bois-Commun, près d'Orléans », et il est très effarouché d'y retrouver l'exposé naïf de ses habiles variations politiques : « M. de Sémonville a servi avec une égale fidélité Louis XVI, la République, le Directoire, le Consul et l'Empereur..... Le marquis de Sémonville, dans une conversation vraiment curieuse qu'il eut avec Bonaparte, alors Premier Consul, n'épargna auprès de ce dernier, ni éloquence, ni adulation pour le déterminer à se faire empereur ». C'étaient là certes des souvenirs qu'il était inopportun de réveiller en 1817.

M. de Sémonville se précipite chez les ministres, vole chez le roi et sollicite l'autorisation d'acheter ce manuscrit, « rédigé dans un mauvais esprit », afin de le « soustraire à l'impression et d'empêcher conséquemment la malveillance de s'exercer sur la Pairie » (Lettre à Carrey, bibliothécaire de la Chambre des Pairs, du 20 septembre 1834). Il obtient carte blanche de Louis XVIII et, le 12 octobre 1820, il signait avec l'heureux Duprat-Taxis un acte sous seing privé concernant la vente du manuscrit « moyennant le prix en somme de douze mille francs, payables sur les fonds affectés à la Bibliothèque de la Chambre ». Par une clause spéciale, le sieur Duprat-Taxis dut s'interdire « tout travail généalogique ou critique sur la Pairie française actuellement existante, sous quelque titre que ce puisse être, soit en y contribuant d'une manière directe ou indirecte » (Acte original annexé au manuscrit). Ainsi disparut ce généalogiste ingénieux à la suite de ce magistral chantage. Mais le manuscrit resta à la Bibliothèque de la Chambre des Pairs, placé dans un carton, ligaturé, scellé en quatre endroits différents, aux armes du marquis de Sémonville.

Et quinze ans plus tard, le grand référendaire toujours inquiet, songeant à ce manuscrit, écrivait à Carrey, bibliothécaire de la Chambre des Pairs, le 20 septembre 1834 : « D'un instant à l'autre, je puis quitter le Luxembourg (Il fut remplacé dans ses fonctions de grand référendaire par le duc Decazes, le 31 septembre 1834), et comme je n'aurais plus alors la faculté d'exercer une surveillance sur ce document, j'ai résolu de vous le retirer et de le remettre aux mains du roi, qui, seul à mes yeux, a le droit d'en disposer, puisqu'il contient les secrets de quelques familles ».

Sans doute il ne put mettre son projet à exécution, car le manuscrit fut retrouvé en 1887 dans un des cartons de la Bibliothèque du Sénat, mais sans ses cachets et ses ligatures, et maintenant il nous est permis de le feuilleter à loisir.

Les manuscrits du Sénat ont été déjà plusieurs fois catalogués, mais d'une manière incomplète. Deux de ces catalogues sont manuscrits, l'un porte la date de 1854 (n^o 1239 du catalogue), l'autre est sans date (n^os 1240-1242). Une description sommaire des manuscrits a été publiée à la suite du catalogue imprimé de 1868 (Catalogue de la Bibliothèque du Sénat (Paris, C. Lahure, 1868. Gr. in-8^o. XVII-1033 p.). — Le catalogue des manuscrits est aux pages 894-949, n^os 8918-9002) et les mêmes notices ont été reproduites en tête du catalogue de 1882 (Catalogue de la Bibliothèque du Sénat, suivi d'une table alphabétique des noms d'auteurs (Paris, P. Mouillot, 1882. In-4^o, XLVII-876 p.). — Le catalogue des manuscrits (n^os 1-426) occupe les p. I à xLvii), mais ce catalogue est très incomplet, car presque toute la Collection Boissy d'Anglas n'y figure pas (On peut consulter aussi sur la bibliothèque du Sénat une brochure de M. Louis Favre, archiviste du Sénat, La bibliothèque du Patois du Luxembourg (1892. In-8^o, 60 p.)).

Nous tenons, en terminant, à remercier, M. René Samuel, bibliothécaire en chef du Sénat, de son aimable bienveillance et des facilités qu'il nous a données pour accomplir notre travail, et M. Charles Grandjean, secrétaire-rédacteur au Sénat, auquel nous sommes redevable de précieux renseignements, en particulier sur la Collection Boissy d'Anglas.

Louis ENGERAND.