Partie de l'Amérique méridionale, comprenant les bassins des « Amazones et rio Parana » et les côtes du Pacifique, depuis l' « anço de Sardinas » jusqu'au « p^t de Carnero » au sud. (XVII^e siècle)

La bibliothèque du Ministère possède 356 manuscrits. L'un de ses premiers fonds fut une collection de pièces et de notes « sur l'administration de la Marine et des Colonies et sur les intérêts de la navigation marchande ». L'officier d'administration qui la composa, Abel, employé au bureau du contentieux, en fit hommage au secrétaire général du Ministère, M. de Vauvilliers, non sans avoir préalablement dressé la table des 40 volumes de son recueil (En date de 1827 (ms. 97)). Je ne sais si on attacha grande importance au cadeau, car il ne subsiste de la collection Abel que des épaves, les tomes 7, 9, 14, 15, 16, 29 (Actuellement cotés mss. 6, 7, 8, 53, 54, 55), alors que les tomes I et 2 pourtant contenaient des autographes du dix-huitième siècle (Cf. la note d'ABEL en tête du manuscrit des Mémoires de Duguay-Trouin (ms. 124)).

Le passage d'un autre érudit, — mais quel érudit ! — au ministère est attesté par l'acquisition de manuscrits en toutes langues, pour servir de matériaux à son Glossaire Nautique ou à son Archéologie navale : un rôle d'équipage, en catalan (1406) ; les ordonnances maritimes de Mocenigo, en vénitien (1420) ; des documents espagnols d'un intérêt considérable, les instructions de Charles-Quint à Cortès ; l'expédition de Drake ; les préparatifs de l'Invincible Armada... (Mss. 70, 71, 87, 109, 347) Sur plus d'un, on reconnaît l'écriture menue et fine de l'illustre historiographe A. Jal. Jal forma de plus un gros recueil de quittances originales, dont les signataires appartenaient à la marine royale des seizième et dix-septième siècles (Mss. 337 et 338). Des collections similaires (Des recueils provenant des ventes JOURSANVAULT et MONTEIL (Dépôt des cartes et plans, mss. 4-9)), qu'il fit acquérir par le Dépôt des cartes et plans, permettaient de remonter plus haut encore le cours de notre histoire maritime, jusqu'au quatorzième siècle. Non content, en effet, d'avoir écrit la vie d'Abraham Duquesne, notre grand archéologue voulait reprendre, d'après les documents originaux, l'Histoire maritime de Guérin, qu'il jugeait insuffisante. Il ne put mener cette œuvre à bonne fin ; mais il en a laissé une ébauche, que la Bibliothèque Nationale conserve aujourd'hui (Ms. des nouv. acq. françaises 4965). C'est à Jal enfin que le dépôt du Ministère est redevable de ses plus beaux fleurons : les Maximes et instructions autographes de Colbert à son fils et le manuscrit des campagnes de Villette-Mursay (Mss. 339, 341).

D'autres mémoires de marins sont venus les rejoindre : tels, ceux de Duguay-Trouin (Ms. 124), du ministre de la Marine Choiseul (Ms. 21) et de Malouet (Ms. 22) ; telles, les études d'un capitaine de vaisseau de la flotte impériale, Laignel, qui mit à profit les loisirs forcés d'une captivité en Angleterre pour se documenter sur nos rivaux (Mss. 26, 27, 28, 65, 66, 72). Quel souci de se tenir au courant des progrès britanniques révèlent les nombreux travaux rédigés sur la marine anglaise depuis le règne de Louis XIV jusqu'à Louis-Philippe, depuis Seignelay jusqu'à Forfait, Lescallier, etc. (Mss. 339, 57 à 63, 67, 132). Songez que la première étude consacrée à la marine allemande n'est que de 1874 (Ms. 68).

Un recueil de premier ordre pour notre histoire militaire est demeuré presque inconnu jusqu'ici : c'est un portefeuille de plans des batailles navales livrées entre 1669 et 1795 par les flottes françaises (Ms. 142). Telle carte illustrée nous fait assister de visu aux diverses évolutions navales qui précédèrent en 1778 la capitulation de Pondichéry (Ms. 141).

Pour expliquer la présence de nombreuses pièces sur le Sénégal, l'Afrique, la Guyane, les Antilles, Terre-Neuve, et sur nos possessions de l'océan Indien et du Pacifique (Mss. 110, 112, 113, 114, 116, 117, 118, 128, 129, 130, 131, 140, 141), il importe de rappeler que nos colonies ont longtemps relevé du ministère de la Marine. On s'en convaincra, au surplus, en parcourant l'énorme recueil d'ordonnances formé (Collection de 137 volumes (cf. le ms. 73)) par les soins du bureau des classes.

N'oublions point de précieuses descriptions de divers pays étrangers : les Pays-Bas, la Jamaïque, le Paraguay et les États-Unis au dix-huitième siècle, le Maroc, les îles Sandwich, Java, la Chine et la Corée au dix-neuvième (Mss. 111, 115, 119, 120, 126, 134, 135, 138, 141) ; et nous aurons ainsi une idée d'ensemble de la bibliothèque du ministère.

L'ancienne série G des archives en est l'annexe. Formée de « petits fonds d'un caractère spécial, qui ne se rattachaient, par leur origine, à aucun des services de l'ancienne administration de la Marine (D. NEUVILLE, État sommaire des Archives de la Marine (Paris, 1898, in-8^o), p. 663.) », elle est restée au Ministère, lors du transfert des autres séries aux Archives nationales, en 1900. C'est à leur nature, à la richesse de leurs reliures en maroquin, vrai régal de bibliophile, que les « États abrégés de la Marine (Mss. 148-193) » doivent d'avoir un sort à part. Destinés chaque année au roi et au ministre, ils « étaient jadis ornés de fermoirs en or, qui ont été arrachés à l'époque de la Révolution. Ils ont subi d'autres mutilations ; les feuillets de titre, qui portaient des armoiries en couleur, ont été enlevés. Les États ou abrégés de la Marine n'en restent pas moins de précieux documents, de véritables objets d'art (D. NEUVILLE, ibidem) ». Mais ils sont loin de constituer une collection complète, même en tenant compte des exemplaires qui se sont égarés dans la bibliothèque du Dépôt des cartes et plans (Mss. du Dépôt, 21-40).

Outre ces États, la série G comprend nombre de mémoires ou de lettres signés des plus grands noms de notre histoire : Colbert, Seignelay, Choiseul, Castries, d'Entrecasteaux, D'Estaing, Borda, Montgolfier, Claret de Fleurieu, Kerguélen..., et des dessins de Caffieri pour les plus beaux vaisseaux de Louis XIV (Ms. 342).