« Scoto-Caledonica cornix deplumanda ab avibus orbis, hoc est refutatio recentium pseudo-historiarum prisco-scoticarum Thomae Demsteri, Scoto-Britanni, uxorati, professoris latinarum in Academia Bononiensium Italiae ; et illius domesticorum Georgii Condi, Guilielmi Camerarii, Davidis Camerarii, Hectoris Bodfi, Pseudo-Leslei (qui Robertus Turnerus, epitomator Hectoris), Joannis Maioris, Georgii Buchanani, Joannis Jordani, Georgii Tomsoni, et ejusdem furfuris antiquariorum ; qui gentem suam hodiernam Scotorum Albaniae caledonicae, in Aquilonibus Britanniae degentem, quasi Horatiana Cornicula esset, et prisca claritudine propria carentem ornant priscis Italiae, Galliae, Germaniae, Graeciae, Asiae, Angliae, Cambriae seu Walliae, Iberniae, etc., plumis pulcherrimis, id est infinitudinem propemodum peregrinarum nationum et populos et principes, et alios illustres a sanctitudine vitae, a claritate literarum, a nobilitate sanguinis gestorumque in pace, in bellis, transformant artibus illiberalibus in genuinos natione et patria Scotos caledonicae Albaniae. » Critique amère des ouvrages du célèbre Dempster. L'auteur, suivant une pièce de vers au premier feuillet, est : « Stephanus Vitus », Père Jésuite

La Bibliothèque de Poitiers compte près de cinq cent cinquante volumes manuscrits. Elle en possédait moins de cent en 1817, lorsque l'abbé Gibault fut nommé conservateur (L'abbé Gibault dit qu'il y avait alors soixante et quelques manuscrits ; d'après D. Mazet, son prédécesseur, il y aurait eu à cette époque quatre-vingt-treize volumes. Cette différence de chiffres doit venir en partie de ce que l'un comptait par tomes, l'autre par ouvrages). C'est donc un sixième seulement de notre collection qui provient des établissements religieux supprimés en 1790. La plupart des monastères n'ont rien fourni, les autres ont livré peu de chose. Seule la maison des Jésuites figure pour une quarantaine de volumes dans les soixante-dix ou quatre-vingts qui ont formé notre premier fonds.

Au moment de la Révolution, le collège des Jésuites était fermé depuis plus de vingt ans. Leurs livres, restés d'abord sous séquestre, passèrent alors dans la Bibliothèque de la ville.

Ces volumes portent presque tous cette mention : Dono domini la Frezeliere. Les Frézeau de la Frézelière sont une famille connue du Loudunois. Nous nous étions plus d'une fois demandé quel était celui de ses membres qui avait donné aux Jésuites cette collection, et d'où il la tenait. Notre collaborateur, M. A. Molinier, a répondu à cette double question. « Ces manuscrits, nous a-t-il dit, proviennent de Charles-Madelon de la Frézelière, évêque de la Rochelle, fils de François Frézeau de la Frézelière, maréchal de camp et lieutenant général de l'artillerie de France. Charles-Madelon commença par être page de la grande écurie du Roi, puis servit dans le corps de l'artillerie. Dégoûté du monde, il entre bientôt dans les ordres, devient abbé de Saint-Sever de Coutances, est nommé, en 1693, grand vicaire de Strasbourg et appelé, la même année, au siège épiscopal de la Rochelle, qu'il devait occuper jusqu'en 1702, date de sa mort. C'était un prélat lettré, et il possédait un certain nombre de manuscrits, dont beaucoup avaient été achetés par lui aux libraires acquéreurs de la bibliothèque de l'église de Langres, vendue par le chapitre cathédral, vers la fin du dix-septième siècle. Cette bibliothèque provenait en partie d'un évêque de Langres, nommé Gui Bernard, d'origine angevine, qui siégea de 1454 à 1481. Bernard, durant son long pontificat, avait enrichi son église de nombreux ornements et lui avait légué sa bibliothèque, relativement considérable. Parmi ces volumes, on remarquait un bel exemplaire des Postilles de Nicolas de Lyre, aujourd'hui à la Bibliothèque nationale (V. abbé L. Marcel, La calligraphie et la miniature à Langres, à la fin du quinzième siècle. Paris, 1892, in-4°), exemplaire dont on a pu faire l'histoire complète : on sait à qui fut acheté le parchemin, à quel scribe fut confié le soin de transcrire le texte, à quel peintre enfin on s'adressa pour former l'ouvrage. Le copiste s'appelait Pierre Rouche ; le miniaturiste, Guillaume Huguenot. Nous citons ces noms parce que plusieurs des manuscrits de Poitiers, entre autres le n^o 244, nous paraissent être de la même main que le Nicolas de Lyre de la Bibliothèque nationale. »

Nous ne saurions faire ici l'historique des accroissements successifs qui, depuis la Révolution, ont sextuplé notre fonds, mais nous ne pouvons néanmoins passer sous silence la plus importante de toutes ces acquisitions, celle de la collection de D. Fonteneau.

Le savant Bénédictin, chargé d'écrire l'histoire du Poitou, de l'Aunis et de la Saintonge, avait déjà consacré plus de quinze années à en recueillir les éléments dans les châteaux et les monastères, lorsque, en 1773, un ordre de ses supérieurs vint interrompre ses recherches. Le cœur navré, il passa ses manuscrits à D. Mazet, désigné pour continuer le travail. Celui-ci n'ajouta presque rien à la masse énorme de documents réunis par son laborieux prédécesseur. Tout ce que nous lui devons, c'est d'avoir conservé cette précieuse collection jusqu'à la Révolution, survenue dix-sept ans après. Devenu alors bibliothécaire de la ville, D. Mazet continua à garder par devers lui les portefeuilles de D. Fonteneau, comme s'ils eussent été sa propriété particulière, alors que, en réalité, ils faisaient partie des biens meubles d'un Ordre supprimé. La ville les acheta à ses héritiers en 1818.

Cette collection, qui forme aujourd'hui quatre-vingt-neuf volumes, est entrée à la Bibliothèque en liasses, en cahiers ou en simples feuillets. Le classement qui a précédé la reliure a malheureusement été fait avec quelque négligence, ce qui, pour certains volumes, rend la consultation difficile.

Pour les vingt-neuf premiers volumes, dont le contenu est classé par provenances et qui ont déjà été l'objet d'une table imprimée, nous nous sommes, en général, contenté de mentionner le nombre de pièces venant de chaque monastère ou château, avec les dates extrêmes. Nous n'avons de même indiqué que d'une manière très sommaire le contenu de quelques autres volumes, parce que les pièces qui les composent ont été publiées. Procéder autrement nous aurait entraîné à quadrupler les dimensions de cet inventaire.

La plupart des articles dans le présent catalogue portent deux numéros. Le premier, en caractères gras, est le seul dont le public ait à tenir compte, soit pour demander les volumes, soit pour les citer.

Un ancien inventaire manuscrit porte des numéros différents ; nous les avons, quand il y avait lieu, rapportés entre parenthèses, à la fin de chaque article. Nous avons de même rappelé les numéros d'ordre d'un catalogue de trois cent treize articles dressé par M. de Fleury et publié en 1868 dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest.

A.-F. LiÈvre, Bibliothécaire de la ville de Poitiers.