« Critique du nobiliaire de Provence, contenant l'épurement de la noblesse du païs, la différence des gentilshommes de sang, d'origine, de nom et d'armes, d'avec les nobles de race des ennoblis, et de la noblesse de robe, la différence sur les diverses espèces de la noblesse, les notes sur les familles nobles éteintes, dont d'autres ont pris le nom et les armes, les observations sur les usurpateurs de la noblesse, que l'auteur du nobiliaire a emploiés comme véritables gentilshommes, ... l'abrégé de l'histoire des Juifs de Provence, les catalogues des nouveaux chrétiens de race judaïque de ce pais, avec les observations pourquoy ils sont en si grande horreur »

La Bibliothèque de la ville d'Aix est une des plus riches des départements. Elle ne possède pas moins de 150,000 volumes imprimés et 1,229 manuscrits. Ces derniers sont pour la plupart relativement modernes. En effet, en dehors des Recueils de chartes relatives à La Celle (n^os 344 et suiv.), à la Provence (n^os 752-754), à Jean Martin, chancelier du roi René, depuis 1419 (n^o 1162), nous ne trouvons que quarante-sept manuscrits antérieurs au XVI^e siècle. Un est du X^e siècle : c'est l'Évangéliaire d'Aix (n^o 7) ; un du XII^e : c'est l'Isidore de Séville (n^o 25) ; un est du XIII^e : c'est le Cartulaire des comtes de Toulouse (n^o 671) ; douze appartiennent au XIV^e siècle : ce sont les n^os 13-15, 123, 153, 164, 166, 180, 271, 355, 425, 716 ; les autres, soit les n^os 11, 16, 19-22, 28, 29, 110, 152, 159, 165, 168, 181, 191, 192, 198, 273, 292, 342, 418, 426, 428, 430, 648, 768, 771, 932, 934, 1025, 1055 et 1058, sont du XV^e siècle. Encore les n^os 191 et 430 sont-ils peut-être du commencement du XVI^e.

Dans le nombre de ceux qui viennent d'être indiqués, il en est qui se recommandent à des titres divers ; ce sont, au point de vue liturgique, le Missel dit de Murri (n^o 11) ; au point de vue artistique, le Livre d'heures qui porte le n^o 22 ; au point de vue historique, le Livre d'heures du roi René (n^o 19), pour les renseignements qu'il renferme, en marge du calendrier, sur la famille de ce prince ; au point de vue littéraire et au point de vue des mœurs du temps, les Sermons de Pierre Marini, évêque de Glandèves (n^os 28 et 29) ; le n^o 165, qui renferme le Dialogue entre l'âme et l'œil, par Olivier de La Marche, non mentionné par M. Stein dans la bibliographie des poésies de cet auteur, etc. Les médiévistes pourront trouver dans cette série, si restreinte qu'elle soit, matière à d'intéressants travaux.

Ce qui a lieu d'étonner, c'est la faible quantité de manuscrits anciens existant dans une ville qui a eu un chapitre aussi important et d'une origine aussi reculée que celui de Saint-Sauveur, dont l'apport consiste seulement en cinq manuscrits antérieurs au XVI^e siècle (les n^os 7 et 11-14) et en treize manuscrits modernes (les n^os 265-275, 278 et 281), et même ne sont-ils pas entrés à la Bibliothèque d'Aix au moment de la Révolution, après la suppression des établissements religieux. Ils lui ont été en partie légués par M. Rey, évêque de Dijon, mort en 1838. Les communautés et confréries d'Aix n'ont fourni que peu de manuscrits, pas toutes directement. Aux Augustins ont appartenu les n^os 28 et 29 ; aux Carmes, le n^o 283 ; aux Dominicains, le n^o 279 ; aux Pénitents bleus, le n^o 284. De ces derniers, les n^os 28 et 29, ainsi qu'il a déjà été dit, sont seuls antérieurs au XVI^e siècle.

On peut vraisemblablement supposer que, parmi les manuscrits remontant au delà de 1500, le « Registrum Ludovici tertii, comitis Provinciae » (n^o 768), les Lettres du roi René (n^o 771), et le « Repertorium archivii regii Aquensis » (n^o 1025), proviennent des archives de la Chambre des comptes.

Peu après la fondation de l'Université par le roi Louis II, fondation autorisée par une bulle du pape Alexandre V, une Bibliothèque « publique » fut instituée à Aix, ensuite d'une délibération des consuls de l'année 1418 ( Notice sur la Bibliothèque d'Aix, dite de Méjanes, par Rouard, p. 41 et 42 ), mais elle ne semble pas avoir eu une bien longue durée ; elle n'existait certainement plus au XVII^e siècle. Nous ne trouvons dans aucun des manuscrits anciens d'Aix d'indication qui nous permette de dire s'il en est qui en aient autrefois fait partie. Je ferai la même remarque en ce qui concerne la Bibliothèque fondée en 1705 par l'avocat André Tournon, qui légua à la ville tous ses livres, au nombre de plus de 6,000, avec une somme de 7,000 francs pour l'entretien du nouveau dépôt ( Notice sur la Bibliothèque d'Aix, dite de Méjanes, par RoUard, p. 114, 115 ), qui, deux ans après, s'accrut d'environ 2,000 volumes, presque tous relatifs à la médecine, laissés par un ancien apothicaire, Mathieu Margaillan ( Notice sur la Bibliothèque d'Aix, dite de Méjanes, par RoUard, p. 117 ). En 1761, le bibliothécaire, l'abbé de Regina, constatait avec tristesse qu'il ne restait plus à la Bibliothèque « qu'un amas de quelques centaines de livres ( Notice sur la Bibliothèque d'Aix, dite de Méjanes, par RoUard, p. 117 ) ». Ce qui avait échappé aux dilapidations fut réuni, par délibération du 15 décembre 1773, à la bibliothèque du collège.

C'est en dehors des anciennes collections de la ville d'Aix qu'il faut chercher l'origine des manuscrits de la Bibliothèque actuelle, manuscrits surtout importants pour l'histoire générale, pour l'histoire de France et particulièrement pour celle de la Provence.

Cette Bibliothèque fut fondée par Jean-Baptiste Piquet, marquis de Méjanes, né à Arles, le 5 août 1729, mort à Paris, le 5 octobre 1786. Par testament en date des 26 mai et 18 septembre précédents, il donna à la ville d'Aix, dont il avait été nommé premier consul, le 30 novembre 1776, la riche collection d'ouvrages imprimés et manuscrits qu'à grands frais il avait formée, en suivant ou faisant suivre les ventes publiques et en s'adressant aux libraires et aux éditeurs, non seulement de France, mais de l'étranger. Le testament du marquis de Méjanes contenait cette clause : « Je donne et lègue tous les livres qui m'appartiennent tant à Arles, à Aix, qu'à Avignon et à Paris, et enfin toute ma bibliothèque, corps de ladite bibliothèque, tablettes et tous les manuscrits à la province de Provence, sous la condition d'en tenir une bibliothèque ouverte en la ville d'Aix, pour l'avantage du public auquel ladite bibliothèque sera destinée et à cet effet ouverte quatre fois la semaine... » A ce legs il joignait, pour être employés à l'augmentation de sa bibliothèque, un revenu de 1,008 francs, 2,000 francs de rente perpétuelle et une autre rente de 1,800 francs sur la compagnie des Indes. Mais, au moment de la Révolution, une partie des rentes et du capital fut confisquée. L'assemblée des communautés de Provence, convoquée à Lambesc, le 10 décembre 1786, accepta ce legs, dont l'importance était évaluée par l'archevêque d'Aix, M. de Boisgelin, à la somme de 400,000 francs. Le 26 décembre suivant, l'abbé Rive fut nommé bibliothécaire, fonctions qu'il ne devait occuper que jusqu'en 1788, et les livres de M. de Méjanes furent, d'Arles, où ils étaient en majeure partie, transportés à l'hôtel de ville d'Aix. La reconnaissance publique a donné le nom de son généreux fondateur à la Bibliothèque d'Aix, qui fut solennellement ouverte le 16 novembre 1810 ( Notice sur la Bibliothèque d'Aix, dite de Méjanes, par Rouard, p. 130 et suiv. ).

Il n'eût pas été sans intérêt de savoir quels sont ceux des manuscrits d'Aix qui proviennent du marquis de Méjanes ; on peut dire que c'est le plus grand nombre. L'auteur du Catalogue a relevé avec soin les mentions qu'il a trouvées sur l'origine, le prix et la date d'achat de ces manuscrits. Beaucoup ont appartenu à des amateurs ou des bibliophiles du XVIII^e siècle, comme le chancelier d'Aguesseau, le marquis d'Aubaïs, le duc de La Vallière, Hautin, conseiller au Châtelet de Paris ; Letellier de Courtanvaux, Claude-Bernard Rousseau, maître des comptes, etc.

Peu de temps après, en 1821, la Bibliothèque Méjanes s'accrut de la collection d'estampes, de dessins et d'une bonne partie des manuscrits de Jean-François-Paul Fauris de Saint-Vincens, président au parlement de Provence, associé libre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, né à Aix, en 1718, mort dans cette ville, le 22 octobre 1798, et de son fils Alexandre-Jules-Antoine, né à Aix, le 2 septembre 1750, mort le 15 novembre 1819, après avoir été maire d'Aix, député et membre libre de l'Académie des inscriptions. Leurs livres, médailles et antiquités avaient été acquis en 1820 par le département des Bouches-du-Rhône et répartis entre les villes d'Aix, d'Arles et de Marseille ( Cf. n^o 1216 du Catalogue, p. 559. — Rouard, p. 231, 232 ).

Parmi les manuscrits leur ayant appartenu, il en est qui contiennent leurs travaux personnels, comme les « Manuscrits concernans le chapitre d'Aix » (n^os 276-277) ; les « Assemblées des notables » (n^o 563) ; la « Table de plusieurs pièces intéressantes relatives à la province, à la ville d'Aix », etc. (n^o 755) ; le « Précis sur l'histoire de Provence » (n^os 764-766) ; le « Recueil de pièces sur la Provence » (n^o 799) ; les « Notes et recherches sur la ville d'Aix » (n^os 858-860) ; les « Opuscules archéologiques et numismatiques » (n^o 861) ; les « Mémoires sur les monuments, tableaux, statues les plus remarquables de la ville d'Aix » (n^o 862) ; l' « Abrégé de l'histoire du parlement de Provence de Guidy » (n^o 944) ; le Recueil d'arrêts du parlement prononcés par Saint-Vincens et recueillis par son fils (n^o 997) ; les « Tables des lettres royaux enregistrées au parlement » (n^os 1012-1019) ; la « Table alphabétique des livres et auteurs provençaux » (n^o 1204) ; le Catalogue des livres de la bibliothèque des Saint-Vincens (n^o 1216).

Il en est d'autres qu'ils avaient acquis ou qui leur provenaient de dons et qu'ils avaient souvent annotés, corrigés ou complétés. Tels sont les Sermons de Pierre Marini (n^os 28-29) ; les « Miscellanea juris » (n^os 75-76) ; les ouvrages du P. Bicaïs sur l'Oratoire (n^os 331-333) ; l'Histoire de Notre-Dame des Anges (n^o 336) ; le Journal du bailli de Suffren (n^os 531-532) ; le Recueil de chartes sur la Provence (n^o 754) ; le « Rerum antiquarum et nobiliorum Provinciae », de Raymond de Solliers (n^o 758) ; des Recueils sur la Provence et sur Aix (n^os 778, 779, 781, 782, 791) ; la correspondance de de Cormis et Saurin (n^o 868) ; l'Histoire d'Apt (n^o 891) ; les ouvrages d'Esmivy de Moissac et des recueils sur le parlement de Provence (n^os 946, 952, 957, 1004-1011) ; la Bibliographie de Provence, par l'abbé Dubreuil (n^os 1202-1203), etc. Mais il convient d'accorder une mention spéciale à la correspondance littéraire de Peiresc, en quinze volumes (n^os 201-215), d'une si grande importance pour l'histoire de l'érudition au XVII^e siècle.

De M. de Bausset-Roquefort, mort archevêque d'Aix, en 1829, proviennent un Psautier et un Livre d'heures, à l'usage d'une église du nord de la France (n^os 15 et 21) ; les « Portraits de François I^er, des princes, princesses et notables personnes de la Cour » (n^o 442).

Au mois de mars 1830, la ville d'Aix entra en possession de l'importante bibliothèque du docteur Jean-Joseph Baumier, né à Signe, vers 1749, mort à Aix, le 7 décembre 1828. Elle se composait de 6, 000 volumes ( ROUARD, p. 149 ), parmi lesquels plusieurs manuscrits : un Livre d'heures (n^o 20) ; un « Recueil de plantes naturelles » (n^o 121) ; le « Testament de frère Basile Valentin » (n^o 143) ; l' « Histoire du parlement de Provence », de François de Thomassin (n^os 942-943), et les Statuts de l'Université d'Aix (n^o 1028).

La même année, M. Joseph de Boisgelin donna à la Bibliothèque Méjanes une collection relative à l'ordre de Malte, qu'il tenait de son oncle Louis de Boisgelin, ancien chevalier de Malte (n^os 1082-1105). L'année suivante, il lui donna encore les « Règlemens de l'Oratoire de Jésus » (n^o 335) e les « Mémoires qui peuvent servir à la vie de feu M. l'abbé de Saint-Cyran » (n^o 357). De M. de Boisgelin provien aussi un Livre de prières (n^o 23).

Je ne rappellerai que pour mémoire le don fait par M. Rey, ancien évêque de Dijon, des manuscrits qui avaient autrefois été à l'église Saint-Sauveur d'Aix. Il est postérieur à l'entrée à la Bibliothèque Méjanes des manuscrits provenant des collections précitées et antérieur au legs fait, en 1858, de la plus grande partie des manuscrits ayant appartenu à M. Roux-Alphéran, des cartes héraldiques, des chartes et diplômes et des actes administratifs ou judiciaires recueillis par lui ( ROUARD, p. 57, 87 ). M. Roux-Alphéran, né à Aix, le 29 décembre 1776, mort le 8 février 1858, après avoir été secrétaire en chef de la mairie, puis greffier de la Cour de sa ville natale, avait consacré les loisirs que lui laissaient ses fonctions à se former une riche collection de livres et à acquérir des manuscrits concernant pour la plupart la Provence. Le legs Roux-Alphéran enrichit la Bibliothèque Méjanes de 71 articles, parmi lesquels il convient de citer le Recueil de chartes et pièces diverses relatives à La Celle depuis l'an 1056 (n^os 344-352) ; les Recueils de chartes compris sous les n^os 753 et 1159 ; une Histoire de la ville d'Aix, par P.-J. de Haitze (n^os 852-855) ; les « Autographes de Vauvenargues » (n^o 196) ; les Mémoires d'Antoine et d'Honoré de Valbelle (n^os 926, 927) ; le Recueil d'actes de baptême, de mariage et de sépulture tiré des registres paroissiaux d'Aix, en quatorze volumes, par Balthazard de Clapiers-Collongue (n^os 877-890), etc. Le catalogue de ces manuscrits a été publié avec beaucoup de détails à la fin de la Notice historique sur la vie et les travaux de M. Roux-Alphéran, par M. Mouan (p. 95-144).

A ceux qui figurent dans ce catalogue, il y a lieu d'ajouter les suivants : « Mémoires de Charles de Grimaldi, marquis de Régusse » (n^o 798), dont M. Roux-Alphéran avait disposé en faveur de M. Portalis, premier président à la Cour de cassation, et que la belle-fille de celui-ci a remis à la Bibliothèque Méjanes, le 19 février 1863 ; le « Botanicon Aquisextiense » (n^o 122) ; probablement la « Captivité d'Augustin Laurens au Temple, à Paris » (n^o 378) ; la « Relation de la vie et mort de Catherine Tempier, dite Argentine » (n^o 1188). Ces derniers ont sans doute été légués par M. de Lalauzière, gendre et héritier de M. Roux-Alphéran.

De M. Charles Giraud proviennent les « Statuta antiqua Provinciae » (n^o 716) ; les « Mémoires du lieutenant Bausset » (n^o 928) ; les Statuts de l'Université d'Aix (n^o 1027). En 1888, la Bibliothèque Méjanes entra en possession des croquis, dessins et notes sur la Provence (n^os 704-713), de Benoît Blanc, peintre et dessinateur, mort à Gap, le 12 juillet 1887. Les noms des autres donateurs de manuscrits ont été soigneusement relevés par l'auteur du Catalogue.

Un Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque Méjanes avait été entrepris par M. Rouard, bibliothécaire. L'impression n'en a pas été achevée. Elle s'arrête à la page 128, au n^o 181. Une liste, plus ou moins complète, en a paru dans mon Inventaire sommaire, p. 2-22, et dans Haenel, Catalogi, col. 1-15. M. Mouan, sous-bibliothécaire, a publié, en 1847, un Catalogue raisonné des manuscrits concernant la ville d'Arles, déposés dans la Bibliothèque d'Aix, dîte de Méjanes, in-8^o de III-85 pages. M. F. Vidal a fait paraître Les manuscrits provençaux de la Méjanes. Aix, 1885, in-8^o de 16 pages. Désormais les collections manuscrites de cet important dépôt seront connues comme elles le méritent.

La table du présent volume a été dressée par M. P.-J. Routhier.

U. R.