Concordia evangelistarum, auctore Zacharia Chrysopolitano

La Bibliothèque publique de Draguignan doit sa fondation à M. Fauchet, premier préfet du Var, qui l'organisa en 1801. Ainsi qu'il nous l'apprend lui-même, « en l'an IX, les livres des collèges et des autres établissements supprimés, confusément entassés dans plusieurs dépôts, y étaient sans utilité. Je les ai distribués, ajoute-t-il, en quatre bibliothèques, placées à Draguignan, à Grasse, à Toulon et à Brignoles. » (Statistique générale de la France. Var. Paris, Testu, 1805, p. 179.)

Millin, qui visita la Bibliothèque de Draguignan en 1804 (Voyage dans les départements du midi de la France, t. III, p. 32), n'y remarqua qu'un seul manuscrit, les « lettres de Sénèque à Lucilius », que l'on peut voir au n^o 15 du présent catalogue. Il est pourtant hors de doute que la plus grande partie des manuscrits que l'on y conserve de nos jours devaient s'y trouver dès cette époque. Le préfet du Var, qui distribua à son gré les livres qu'il avait sous la main, et « choisit lui-même, selon Millin, dans les dépôts les ouvrages qui font aujourd'hui l'ornement » de la Bibliothèque du chef-lieu du département, ne pouvait manquer de lui attribuer la majeure partie des manuscrits dont il pouvait disposer. Sous ce rapport, en effet, cette bibliothèque a été favorisée ; et comparée aux trois autres qui furent formées en même temps, on peut bien dire qu'elle a eu la grosse part.

Quand on étudie de près ces volumes, pour en connaître la provenance, on voit bientôt qu'ils n'ont point une origine commune, et qu'ils ont appartenu à des personnes ou à des établissements différents, dont plusieurs ont gardé assez mal le souvenir. Il est toutefois évident que le n^o 3 est venu de Cotignac, le n^o 5 de Fréjus, le n^o 7 de Brignoles. Le livre d'heures coté 6 appartenait aux d'Agut, et le diurnal d'Arras, portant le n^o 4, est sorti très probablement du château de Tourves, la famille de Valbelle ayant donné deux évêques à l'église de Saint-Omer, voisine d'Arras. Enfin, nous savons, par la correspondance de M. Fauchet, que le Roman de la Rose avait été trouvé par lui dans une de ses tournées dans le département, et apporté à Draguignan pour en enrichir la Bibliothèque. On ne saurait mieux constater que nos manuscrits ont été puisés dans des dépôts alimentés par des sources diverses.

Pour compléter leur histoire, nous n'avons plus qu'à mentionner ce qui a été dit à leur sujet, il y a un demi-siècle, dans la Statistique du Var, de Noyon. (Draguignan, 1846.) Plus large que Millin, cet auteur en distingua jusqu'à quatre, qu'il a désignés de la manière suivante : « Le Roman de la Rose, ouvrage du XIII^e siècle (c'est notre n^o 17) ; un diurnale atrebates contenant les offices en usage dans l'église d'Arras, aussi du XIII^e siècle (n^o 4) ; un Psautier du XIV^e siècle (ou plutôt un bréviaire Aquisextain, n^o 3) ; un manuscrit in-folio contenant la doctrine de Jésus-Christ, par Zacharie de Crysopolis (n^o 1). » Les livres d'heures n'y sont pas marqués.

J.-H. Albanès.