Flori Lugdunensis, vel Petri, Tripolitani abbatis (?), florilegium S. Augustini, pars prima

« La plupart des deux cent cinquante-quatre manuscrits qui sont conservés à la Bibliothèque d'Avranches proviennent de l'abbaye du Mont-Saint-Michel. Nous ne ferons pas ici l'histoire de cette remarquable collection, dont les origines remontent au XI^e siècle et dont les principaux fondateurs sont, au XII^e, le célèbre Robert de Thorigny, plus connu sous le nom de Robert du Mont, et au commencement du XV^e, l'abbé Pierre le Roi. Nous rappellerons seulement que les manuscrits du Mont-Saint-Michel, souvent employés pour les grands travaux des Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, ont été presque tous recueillis à la Bibliothèque d'Avranches, où ils ont été fréquemment consultés, depuis une trentaine d'années, par différents savants de la France et de l'étranger.

Les manuscrits du Mont-Saint-Michel ont été l'objet d'un assez grand nombre de travaux. Nous n'avons à signaler ici que les catalogues ou fragments de catalogues publiés jusqu'à ce jour.

En première ligne se présente un catalogue rédigé à la fin du XVII^e siècle et publié par Montfaucon, en 1739, dans le second volume de la Bibliotheca bibliothecarum, p. 1356-1361.

En 1833, un inventaire très-abrégé des manuscrits de la Bibliothèque d'Avranches fut imprimé à la fin de l'Histoire pittoresque du Mont-Saint-Michel et de Tombelène, par Maximilien Raoul. En 1840, M. l'abbé Desroches fit paraître, dans les Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie (2^e série, t. I, p. 70-156), une notice dans laquelle sont passés en revue presque tous les manuscrits de la Bibliothèque d'Avranches.

La même année, au mois de juin, M. Ravaisson, alors inspecteur général des Bibliothèques, visita la Bibliothèque d'Avranches et rédigea le catalogue d'environ quarante-cinq manuscrits, qui fut publié, en 1841, dans le volume intitulé : Rapports au ministre de l'instruction publique sur les Bibliothèques des départements de l'Ouest, p. 114-194.

Peu de mois après le passage de M. Ravaisson, un des plus habiles collaborateurs de M. Pertz, M. Bethmann, séjourna une douzaine de jours à Avranches (du 24 octobre au 5 novembre 1840). Il prit sur les principaux manuscrits du Mont-Saint-Michel des notes bibliographiques que M. Pertz a insérées, en 1843, dans le tome VIII de ses Archives, p. 66 et suiv., p. 378 et suiv.

En 1841, M. Taranne rédigea un catalogue des manuscrits d'Avranches, qui ne devait être publié qu'en 1872, par les soins de M. Léopold Delisle, dans le tome IV du Catalogue général des manuscrits des départements (in-4^o, p. 427-562). Nous n'avons cru pouvoir mieux faire que de reproduire en tête du présent catalogue toute la première partie de l'avertissement de M. L. Delisle, qu'on vient de lire.

On n'a, comme on l'a vu plus haut, aucun inventaire des manuscrits de l'abbaye du Mont-Saint-Michel antérieur à la fin du XVII^e siècle. Le manuscrit que dom Julien Bellaise avait examiné, en 1687, et qui contenait plusieurs catalogues, rédigés en 1210, de différentes abbayes normandes : Savigny, le Mont-Saint-Michel, Caen, le Bec, Jumièges, etc. (NOTE: Lettre à Mabillon ; citée par L. Delisle, Cabinet des manuscrits, t. I, p. 527), semble malheureusement aujourd'hui perdu. La Bibliothèque d'Avranches, malgré l'importance de sa collection de manuscrits, ne doit posséder qu'une faible partie des anciennes richesses du Mont-Saint-Michel. Il n'est pas besoin d'autre preuve que ce passage d'une lettre de Nicolas Le Fèvre, du 18 novembre 1582 :

« J'ay veu la librairie Saint-Michel-du-Mont en laquelle y a de bons livres, entre aultres ung beau Pline de l'Histoire naturelle et les Epistres du Jeune, toutes les œuvres d'Ovide, et ung grand volume des epystres de Symmachus, ung gros volume d'epistres d'Ivo Carnutensis, de Ciceron, de fato, divinatione, universitate, et quelques Philippiques. Monsieur Cujas a lettres de Monsieur Do et de Monsieur de Coutances (NOTE: Arthur de Cossé-Brissac, évêque de Coutances, 1561-1587), abbé de Saint-Michel, pour retirer de ceste librairie ce que bon luy semblera ; le tout est qu'il y ait gens qui les congnoissent pour prendre ce qui y sera de bon... (NOTE: Bibliothèque nationale, Collection Dupuy, vol. 700, fol. 62). »

H. OMONT.