« Hec sunt verba que retulit quidam senex, et illa inventa fuerunt in libris philosophorum, que sunt extracta de libro secretorum Hermetis. » Sur la composition de l'eau-de-vie, et traité de médecine spagirique. — Au fol. 47 v^o : « Hec sunt virtutes aque vite perfecte et modus agendi ».

La Bibliothèque publique de la ville de Nantes renferme près de 100,000 volumes imprimés, dont beaucoup intéressants et curieux ; le fonds des manuscrits, pourtant assez considérable, l'étendue du présent catalogue en est une preuve, est à tous égards infiniment moins précieux. On n'y trouve qu'un bien petit nombre de volumes antérieurs au XVI^e siècle, et la plupart présentent peu d'intérêt ; un seul, à vrai dire, mérite une mention spéciale, nous voulons parler de la belle copie de la Cité de Dieu de saint Augustin, exécutée pour Philippe de Commines vers la fin du XV^e siècle. Les anciennes communautés religieuses de Nantes et du pays nantais n'ont jamais, semble-t-il, possédé de librairie bien importante ; celle de la cathédrale est citée au XV^e siècle, mais elle paraît n'avoir laissé aucune trace. Toutefois, dès la fin du même siècle, à Nantes, ville d'université, il y avait des gens instruits, aimant les lettres, et l'imprimerie s'y établit de bonne heure. Du siècle suivant date la première tentative faite pour créer une bibliothèque publique ; Pierre le Gallo, archidiacre de Saint-Pierre, mort en 1583, ayant légué sa collection de livres comprenant 10,000 volumes à l'hôpital, celui-ci proposa à la ville de la lui céder ; le prix était fixé, tout semblait convenu, mais l'affaire n'eut malheureusement pas de suite. Un peu plus tard, l'évêque de Bourgneuf lègue ses livres à l'Oratoire ; enfin, en 1753, le maire Bellabre entreprend de créer une bibliothèque publique, il s'entend avec les Pères de l'Oratoire, qui cèdent à la ville l'usage de leurs collections et moyennant un léger subside annuel ouvrent leurs salles aux lecteurs.

A ce premier noyau viennent s'ajouter, lors de la Révolution, les livres recueillis dans les couvents et chez les émigrés du département de la Loire-Inférieure. Longtemps, le tout reste assez négligé et les livres sont transportés sans soin du couvent de l'Oratoire au lycée. Un peu plus tard, un maire de Nantes, Bertrand-Geslin, après s'être assuré l'appui du pouvoir central, fait transférer les livres au quai Brancas dans le bâtiment des Halles, et ouvre aux lecteurs une salle publique. Reconstruit et agrandi, le local était convenable ; en 1882, la ville ayant résolu d'y installer les Postes et Télégraphes, les collections sont déménagées à la hâte et reléguées dans une vieille caserne dite de la Visitation, local de tout point incommode et malpropre. La Bibliothèque y est encore aujourd'hui, et on peut craindre que cet état de choses, indigne d'une ville telle que Nantes, ne cesse pas de si tôt.

Quoi qu'il en soit, le fonds des manuscrits de la Bibliothèque de Nantes, fort accru par des dons successifs, est aujourd'hui définitivement séparé de celui des imprimés. Un des précédents bibliothécaires, Émile Péhant, les a simplement inventoriés dans son grand catalogue méthodique de la Bibliothèque de Nantes (1859-1874, 6 vol. in-8^o ). Il avait classé par ordre de matières toutes les plaquettes, ce qui explique le grand nombre d'articles énumérés plus loin et le peu d'importance de beaucoup d'entre eux. Péhant était un bibliothécaire diligent et exact, il a enrichi son dépôt d'une foule de beaux et bons volumes imprimés, mais il n'était pas exempt de manies et, dans son désir de tout conserver, il a recueilli nombre de manuscrits sans aucune importance, trouvés dans les ateliers des imprimeries nantaises. Dans le présent catalogue on a le plus brièvement possible indiqué tout ce fatras peu intéressant.

A vrai dire, cette quantité d'articles sans valeur est de nature à tromper sur la nature des collections nantaises ; si beaucoup des manuscrits donnés dans ce siècle à la Bibliothèque présentent un faible intérêt, on ne saurait traiter avec le même dédain les collections Mellinet, Bizeul et Labouchère. M. le général Mellinet, grand amateur de livres et de manuscrits, avait réuni nombre de documents sur l'histoire et l'administration militaire de la France au temps de Louis XV et de Louis XVI. Beaucoup des pièces données par lui sortaient des archives de cette famille de Langeron dont nous disons quelques mots plus loin à propos de la Bibliothèque de Brest. Le généreux donateur y a ajouté quelques documents plus modernes, mais encore assez intéressants, et une curieuse collection de lettres autographes.

Bizeul, connu par de nombreux travaux sur l'archéologie et l'histoire de la Bretagne, a légué à la Bibliothèque de Nantes non seulement ses notes personnelles, mais encore la copie de nombreuses pièces sur l'histoire du pays nantais, le manuscrit d'une volumineuse histoire de Blain, enfin les derniers débris des archives du château de ce nom. La terre de Blain, qui avait au XVIII^e siècle titre de marquisat, après avoir appartenu aux Clisson, était passée aux Rohan au début du XV^e siècle ; les derniers ducs de Rohan-Chabot faisaient du château leur résidence favorite, et ils y avaient concentré la majeure partie de leurs titres de famille et de propriété. En 1793, une partie de ce riche dépôt fut brutalement détruite : le reliquat, après être resté entre les mains de l'acquéreur de Blain, M. Janzé, jusque vers 1826, devint un peu plus tard la propriété de M. Bizeul, dont le père avait été greffier du marquisat. De ce chef, la Bibliothèque de Nantes s'est enrichie de 35 cartons de pièces fort intéressantes pour l'histoire de Bretagne, du début du XIII^e à la fin du XVIII^e siècle ; l'inventaire détaillé que nous en donnons, inventaire pour la rédaction duquel nous avons utilement employé des notes de M. S. de la Nicollière, indique suffisamment les ressources que ces actes, dont beaucoup sont inédits, pourront fournir aux futurs historiens. De ce même chartrier de Blain proviennent encore un grand nombre de volumes et de recueils catalogués à part par Péhant, et une foule de pièces autographes dont beaucoup très précieuses ; la plupart de ces dernières datent de la fin du XV^e et du début du XVI^e siècle.

La collection Labouchère ne renferme que des autographes ; elle est très riche en lettres de personnages célèbres, mais on y trouve aussi quantité de documents historiques de premier ordre. Plusieurs, il est vrai, sont assez suspects, et l'authenticité nous en paraît plus que douteuse ; mais la présence de quelques dizaines de pièces fausses ne suffit pas pour jeter le discrédit sur une collection en somme fort curieuse et formée à grands frais.

MM. Mellinet, Bizeul et Labouchère ont été les principaux bienfaiteurs de la Bibliothèque de Nantes ; on peut encore citer le célèbre bibliophile Lajarriette, à la munificence duquel cet établissement doit bon nombre de beaux volumes richement reliés ; Benjamin Fillon, M. Dugast-Matifeux, enfin Prevel, qui a légué ses travaux personnels, dont quelques-uns ne manquent pas d'intérêt.

Tout cela réuni forme un total de 2,211 articles, dont la moitié au moins peuvent être consultés utilement pour l'histoire de la Bretagne et du pays nantais. En rédigeant la table générale, on a cru pouvoir ne faire qu'un petit nombre de renvois ; beaucoup des manuscrits de Nantes étant, on l'explique plus haut, la copie d'articles imprimés dans les revues du pays, il a paru suffisant de les mentionner une fois pour toutes au nom de l'auteur, sans faire une fiche de renvoi à la matière. Le classement établi par Péhant est d'ailleurs si rigoureusement méthodique qu'une table des auteurs sans aucun renvoi aurait à la rigueur pu suffire.