Decretum glosatum Gratiani

La Bibliothèque municipale de Saint-Claude est formée des débris du dépôt créé au district en 1791. Vers 1840, un commandant retraité, M. Monneret, dont le portrait (sur toile et en miniature) décore les deux salles de la Bibliothèque, légua à la ville tous les volumes qu'il possédait, à charge d'en faire bénéficier le public. Telle est la double provenance des 21 manuscrits et des 3,000 à 4,000 volumes qu'un catalogue, fort médiocre, imprimé à Saint-Claude en 1885, a prétendu décrire d'une façon méthodique (Catalogue des livres imprimés et manuscrits de la Bibliothèque de Saint-Claude (Jura). Saint-Claude, V. Enard, 1885, brochure in-8^o de 132 pages). Des 21 manuscrits, 1 appartient au IX^e siècle, 2 appartiennent au XI^e, 2 au XII^e, 2 au XIII^e, 6 au XIV^e, 1 au XVI^e, 5 aux XVII^e-XVIII^e, 2 au XIX^e siècle. Les 14 plus anciens (n^os 1-14) proviennent d'une même source, la librairie de l'abbaye bénédictine de Saint-Claude, dont l'histoire et les vicissitudes ont été racontées par notre défunt confrère Auguste Castan, dans un article de la Bibliothèque de l'École des chartes paru en 1889 (La Bibliothèque de l'abbaye de Saint-Claude du Jura, esquisse de son histoire, par A. CASTAN, p. 301-354 de la livraison 4-5 de la Bibliothèque de l'École des chartes, année 1889). Je me borne à y renvoyer ceux qui désireraient d'amples détails sur un centre littéraire qui eut, dès les temps carolingiens, une activité et une influence indiscutables, et sur une bibliothèque dont j'ai retrouvé naguère et fait connaître le premier catalogue, rédigé à la fin du XI^e siècle (Ce fragment, communiqué par moi, a été publié par M. Léopold DELISLE, dans le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. III, p. 385-387). Singulièrement gaspillés dès le XVII^e siècle par ceux qui en avaient la garde, les trésors de la Bibliothèque de Saint-Claude sont partagés actuellement entre la Bibliothèque nationale, les Bibliothèques de Besançon, Troyes, Montpellier, les Archives du Jura, enfin la Bibliothèque de Saint-Claude, qui n'a plus qu'une trop modique part des richesses amassées par l'abbaye de Saint-Oyan de Joux. Quelques collectionneurs ont recueilli d'autres épaves du naufrage, et, un jour, on pourra ajouter de ce chef au catalogue dressé par M. Castan un supplément assez notable.

Jules GAUTHIER.