Lettres A-E

La plupart des monuments anciens de Cambrai ont aujourd'hui disparu ; seule ou presque seule épargnée par la manie de reconstruction qui possédait les moines et les chanoines du XVIII^e siècle, la cathédrale, chef-d'œuvre de Villard de Honnecourt, a été sottement démolie un peu après la Révolution. Aujourd'hui, la collection de manuscrits, conservée à la Bibliothèque municipale, reste seule pour témoigner de l'activité littéraire et artistique de Cambrai au moyen âge et à la Renaissance. Cette collection, il est vrai, est à tous égards de premier ordre : par le nombre des volumes (elle compte 1,398 articles) et par l'intérêt des textes qu'elle renferme, dont quelques-uns sont de haute importance pour l'histoire politique et littéraire. Au point de vue artistique et paléographique, elle n'est pas moins remarquable ; on y trouve 74 volumes antérieurs au XII^e siècle, dont quelques-uns remontant au VII^e et au VIII^e siècle, d'autres en assez grand nombre datant de la Renaissance carolingienne ; parmi ces derniers, on doit mentionner un lectionnaire en lettres d'or sur vélin pourpré.

En voici la liste :

• VII^e ou VIII^e siècle, 684.
• VIII^e siècle, 300, 470, 679, 937.
• VIII^e ou IX^e siècle, 600, 601, 693.
• IX^e siècle, 162, 163, 164, 168, 295, 299, 307, 323, 327, 350, 365, 385, 386, 394, 436, 461, 462, 464, 470, 471, 473, 485, 541, 553, 567, 569, 572, 625, 678, 685, 691, 828, 925, 928, 943, 1219.
• IX^e ou X^e siècle, 204, 546, 803, 862, 1208.
• X^e siècle, 583, 689, 854.
• X^e ou XI^e siècle, 865.
• XI^e siècle, 54, 76, 215, 216, 217, 218, 219, 247, 278, 279, 280, 296, 364, 413, 506, 690, 807, 819, 846, 863, 864.

Enfin beaucoup de ces manuscrits sont remarquables par leur illustration ; citons seulement deux Apocalypses figurées, l'une du IX^e, l'autre du XIII^e siècle, un magnifique livre de prières, d'environ 1270, les curieux recueils de musique de Zeghere van Male, marchand de Bruges ; nombre de beaux livres d'église, enfin des volumes de théologie du XI^e au XIII^e siècle, richement ornés.

La composition de la Bibliothèque est également digne d'intérêt. Les commissaires, chargés de cataloguer les trésors bibliographiques trouvés dans les établissements religieux et chez les particuliers de Cambrai et des environs, semblent avoir agi avec zèle et intelligence. Ils auraient pu en apparence négliger sans grand dommage un certain nombre de processionnaux, d'antiphonaires et de collectaires, qui paraissent aujourd'hui absolument insignifiants ; mais qu'on ne s'en plaigne pas, c'est à leurs soins méticuleux qu'on doit la conservation d'une collection musicale du plus haut intérêt. La maîtrise de Cambrai était justement célèbre au XVI^e et au XVII^e siècle, et on est heureux de retrouver dans ces manuscrits des œuvres importantes de Josquin Despretz, de Jean Lupus, de Clément Non papa. Beaucoup des manuscrits plus modernes ne sont pas non plus sans valeur ; tels sont ceux provenant du baron de Vuoerden, les curieux recueils de l'abbé Tranchant et de Henri-Denis Mutte, doyen de la cathédrale, enfin quantité de documents et de copies de chartes, des plus utiles pour l'histoire de Cambrai et du Cambrésis. Les différentes sciences sont représentées dans cet ensemble ; si les volumes de théologie l'emportent par le nombre, on y trouve peu de ces manuscrits de scolastique ancienne et moderne qui encombrent inutilement les rayons de tant de bibliothèques, mais en revanche des textes corrects des ouvrages des Pères et des meilleurs auteurs du XII^e et du XIII^e siècle. Le droit canon, le droit civil, les sciences naturelles et mathématiques sont brillamment représentés ; seule la littérature profane est plus pauvre, et il ne semble pas que les clercs cambrésiens aient jamais eu grand goût pour les productions en langue vulgaire.

L'histoire, par contre, y forme une série intéressante ; on doit noter ici le célèbre manuscrit de Grégoire de Tours, un bon texte de Sigebert de Gembloux et quantité de recueils plus modernes d'une grande valeur.

La majeure partie des manuscrits de la Bibliothèque de Cambrai proviennent des établissements suivants : cathédrale, Saint-Sépulcre, Saint-Aubert, Saint-Géry, Vaucelles et prieuré du Val-Notre-Dame ou de Walincourt, Ordre de Saint-Guillaume. Voici sur chacune de ces collections des détails empruntés aux manuscrits eux-mêmes ; nous avons également trouvé quelques renseignements dans les Recherches sur l'histoire de l'église métropolitaine de Cambrai, de Leglay (Paris et Cambrai, 1825, in-4^o).

Sur les 1,398 volumes ou liasses actuellement conservés à la Bibliothèque de Cambrai, plus du tiers vient de la cathédrale. Dès les temps les plus reculés, cette église possédait des manuscrits. Au VIII^e siècle, l'évêque Albéric faisait exécuter un précieux recueil de canons en grande partie irlandais (n^o 679). A Hildouard, évêque en 816, on doit une fort belle copie du Sacramentaire grégorien (n^o 164) ; à Nicolas des Fontaines († 1272), deux beaux livres liturgiques (189-190) ; à Pierre André († 1368), un épistolaire (539) ; à Henri de Berghes († 1502), un curieux pontifical (224) ; à Robert de Croy († 1556), un graduel avec belles peintures, copié et enluminé par un certain Martin Lescuyer (12). Citons encore un évangéliaire aux armes de l'évêque Jacques de Croy, mort en 1516 (n^o 188). Enfin Pierre d'Ailly, le plus illustre de tous les prélats qui ont administré l'église de Cambrai, dut certainement s'occuper de la bibliothèque capitulaire ; c'est à ses soins, semble-t-il, qu'on doit l'acquisition de bon nombre de manuscrits d'astronomie et d'astrologie ; deux volumes portent son nom ou ses armes : un bréviaire (n^o 97), qui n'entra du reste à la bibliothèque qu'après la mort de l'évêque, et une copie de la traduction de Ptolémée par Jacopo Angelo (n^o 926). D'autres volumes sont signalés comme provenant du même prélat (n^os 267, 326, 402, 549, 550, 564) ; mais ce renseignement datant du XVII^e siècle, on aurait peut-être tort de lui attribuer grande valeur.

Voici, dans l'ordre alphabétique, une liste des principaux bienfaiteurs de la bibliothèque capitulaire de Cambrai :

ARENA (Henri DE), chanoine, secrétaire du pape Clément VII, mort en 1394, possesseur d'un recueil de lettres pontificales cédé par lui à Avignon, en 1379, à Pierre de Carnoys, scribe de la chancellerie apostolique (n^o 538).

BEYE (Paul), archidiacre majeur, résigna cette dignité en 1445 ; fit écrire un beau missel à l'usage de la chapelle Saint-Pierre et Saint-Paul en la cathédrale, donation reçue par le chapitre en février 1435 (n^o 151).

BOUREL (Hellin), grand vicaire, donne un exemplaire des Sentences de Pierre Lombard (n^o 302).

BRILLET (Nicolas), chanoine au XV^e siècle (n^o 643).

CALCULI (Eustache), docteur en médecine, prévôt de Saint-Pierre de Lille, fait copier une partie du commentaire de Jacques Despars sur Avicenne, manuscrit acquis plus tard par Jean de Vaux (n^o 904).

CALVI, maître ès arts et licencié en médecine, chanoine de Saint-Géry (XV^e siècle), n^o 896.

CARLIER (Gilles), doyen de 1436 à 1472 ; sa signature figure sur les manuscrits 363 et 545 ; elle est conforme à la signature de ce célèbre canoniste relevée par nous sur plusieurs manuscrits du collège de Navarre, aujourd'hui à la Bibliothèque Mazarine. (Voir plus loin, article de Raoul Le Prêtre.)

CARLIER (Jean), chapelain de Sainte-Élisabeth, à la cathédrale, termine en 1481 une copie du Polycraticon de Jean de Salisbury, et l'offre à la librairie pour remercier le chapitre de lui avoir confié pendant plusieurs années les clefs de ladite librairie (note de l'an 1481, n^o 177). Le même, en 1488, donne un bréviaire acquis par lui des exécuteurs testamentaires de Barthélemi Malaquin (n^o 91).

CARVIN (Maître H. DE), vivait au XIII^e siècle (n^os 463 et 465).

CORNUAILLE (Jean DE), vicaire à la cathédrale, XVI^e siècle (n^o 17).

COUCY (Robert DE), chanoine et chantre de la cathédrale, fils d'Enguerrand de Guines et de Chrétienne de Lindsay, fit écrire un superbe missel en deux volumes (n^os 156-157) ; il vivait vers le milieu du XIV^e siècle.

DELATTRE (Jean-Chrysostome), n^o 674.

DOBY (Jean), chapelain, XV^e siècle (n^o 92).

DUFLOS (Valérien), archidiacre de Brabant, mort vers 1610 ; donna à la cathédrale plusieurs beaux volumes (n^os 688, 689, 965) ; le deuxième venait de Saint-André du Câteau.

DURY (Hellin DE), archidiacre de Brabant en 1364 ; donne à la cathédrale une copie de Nicolas de Hanapes (n^o 243), une partie du commentaire de Thomas d'Aquin sur les Sentences (n^o 383) ; voir encore les n^os 432, 548, 563 et 938 ; ces deux derniers volumes paraissent provenir de l'abbaye d'Ourscamp. Le nom d'Hellin de Dury figure à titre d'emprunteur sur le manuscrit 172.

ESTAYS DE BOLLOGNE, chanoine de la cathédrale, XVIII^e siècle. Son nom et son ex-libris figurent sur plusieurs volumes sans valeur (n^os 798, 799, 1115 et 1172).

FALLOURDIER (Nicolas), prévôt de la cathédrale, mort en 1407 ; n^o 294, donné par ses exécuteurs testamentaires, avec le n^o 613 ; ce dernier avait été écrit à Avignon en 1382, aux frais de Robert Boistel, archidiacre de Flandre en l'église de Thérouanne.

FONTAINES (Jean DES), chapelain, fait écrire un psautier noté en 1381 (n^o 29).

GLYMES (Jean DE), trésorier au XVI^e siècle, donne à l'église un magnifique exemplaire des Étymologies d'Isidore de Séville (n^o 968).

GUILLAUME RAIMOND, clerc du diocèse d'Agen, nom inscrit sur le n^o 644.

HURLEB (Maître P. DE), n^o 354 (XV^e siècle).

LAMBESC (Guillem-Raimond DE), n^o 633.

LANVINUS, vivait au XI^e siècle, fit écrire et offrit à la cathédrale un bel homiliaire avec formule dédicatoire à la Vierge (n^o 544).

LEENERE (Henri), chanoine, donne à la cathédrale la Novelle de Jean André sur les Décrétales, en deux volumes (n^os 626-627), exemplaire provenant de la bibliothèque de Jean Serclaes, évêque de Cambrai († 1388) ; son nom fut associé à celui de ce prélat dans les prières de la communauté. (Voir n^o 154.)

LEGENDRE (Jean), docteur en médecine, lègue à la cathédrale la traduction des Éthiques d'Aristote par Léonard d'Arezzo (n^o 244).

LE PRÊTRE (Raoul), Presbiteri, archidiacre de Hainaut († 1443), fit écrire ou acquit plusieurs volumes : un bréviaire de la main du copiste Jean le Petit, de Bretagne (n^o 97) ; le De remediis utriusque fortune, de Pétrarque (n^o 239) ; les Grégoriennes avec commentaires (n^os 288-289) ; une copie de l'exposition de Thomas l'Anglais sur la Cité de Dieu, de saint Augustin, possédée d'abord par Pierre d'Ailly (n^o 347) ; un texte de la Cité de Dieu, cédé par Pierre d'Ailly à maître Nicaise Monet, de Compiègne (n^o 351), et une bonne copie des chroniques de Saint-Denis (n^o 682). Le n^o 97 passa des mains de Raoul dans celles de Pierre d'Ailly. Enfin le n^o 789, après avoir fait partie de l'ancienne bibliothèque capitulaire, était tombé aux mains de l'archidiacre de Hainaut ; acheté par le doyen Gilles Carlier, il fut rendu par celui-ci à l'église.

LINGNE ou LIGNE (Julien DE), grand vicaire de la cathédrale, mort en 1615. On lui doit un certain nombre de compilations sans valeur sur l'histoire ecclésiastique et civile de Cambrai ; Leglay en donne la liste (Recherches, p. 137-138). De lui viennent les manuscrits 699, 723 et 1165. Un autre recueil a été transporté de la Bibliothèque aux Archives municipales. (Voir p. 267.)

MAIGNIER (Jean), chanoine (n^o 521).

MALAQUIN (Barthélemi), chanoine, donateur d'un bréviaire en 1488 (n^o 91).

MOULINS (Nicolas DES), maître ès arts (1379) ; voir n^o 619.

NAMUR (Jean DE), chanoine, donne à la cathédrale une partie de la Somme de S. Thomas (n^o 375).

NICOLE (Grégoire), chanoine en 1439, mort en 1469. Fit écrire ou acquit un certain nombre de volumes contenant pour la plupart des ouvrages juridiques : n^os 607 à 611, 635, 636 à 642. Il employait principalement des copistes de nationalité allemande. Son ex-libris est bizarre ; le

On trouve encore sa signature sur le manuscrit 97, qui avait appartenu successivement à Raoul Le Prêtre, puis à Pierre d'Ailly.

PARENT (Philippe), maître en théologie, nom relevé sur les manuscrits 378, 475 et 898. Il vivait à la fin du XIV^e ou au début du XV^e siècle.

PREUDHOMME (Pierre), d'une famille cambrésienne bien connue, chanoine, mort en 1628. Il possédait une belle bibliothèque composée en partie de manuscrits d'Ourscamp ou du Mont-Saint-Martin. Son nom figure sur les manuscrits suivants : 211 (Ourscamp), 231, 240, 304 (Ourscamp), 321, 337, 358 (Ourscamp), 373, 455, 466 (Saint-André du Câteau), 487 (Ourscamp), 488, 561 (Ourscamp), 562, 602 (Ourscamp) et 967.

RAMILLIES (Thomas DE) et son neveu Nicolas, grands vicaires à la cathédrale (n^o 366).

ROTA (Paul DE) ; son nom figure sur les manuscrits 372 et 615-618 ; il était trésorier et chanoine de la cathédrale ; son neveu, Jacques de Rota, se dit chanoine de Nivelles.

SAINT-SAULVE, prieuré clunisien à Valenciennes ; l'église de Cambrai hérita plus tard du nécrologe de cette maison (n^o 228).

SARTIS (Ulbaldus DE), doyen († 1305) ; fit exécuter un bréviaire en trois volumes (n^os 33-35), qui plus tard fut confisqué par le chapitre, à cause des mauvais agissements des prêtres détenteurs de ce manuscrit. A Vicoigne on conservait autrefois une belle bible copiée par les soins de ce même dignitaire. (Leglay, Recherches, p. 147.)

VALLIBUS (Jean DE), dit Inchy ; nous avons relevé ce nom sur divers manuscrits de médecine (n^os 898-904).

VITRY (Jacques DE), curé de Wasiers (n^o 410).

W..., archidiacre de Brabant (1295) ; donateur d'un missel (n^o 183).

Aux manuscrits proprement dits venant de l'ancienne bibliothèque capitulaire de Cambrai, il faut ajouter beaucoup de volumes d'intérêt purement historique ou ayant un caractère administratif : tels sont les cartulaires, obituaires et livres de distributions assez nombreux et fort intéressants, des registres de comptes, des inventaires, le recueil complet ou à peu près des délibérations du chapitre de 1364 à 1745, formant 48 registres très importants pour l'histoire, des censiers, des registres de provisions, etc. Tout cela constitue une masse considérable et a été laissé à Cambrai lors de la formation des dépôts nationaux ; mais la place naturelle de ces documents serait plutôt à Lille, aux Archives départementales du Nord.

Il a existé plusieurs inventaires anciens de la librairie de la cathédrale. Voici d'abord une courte liste datant vraisemblablement du X^e siècle (man. 685, fol. 1), et dans laquelle on reconnaît quelques-uns des volumes encore aujourd'hui conservés à Cambrai. Cette liste indique une soixantaine de volumes :

• Joseppus. Plinius, de naturis.
• Hieronimus super Hieremiam prophetam.
• Item super Hiezechielem.
• Item super XII^m Prophetas.
• Item super Isaiam.
• Augustinus, de Trinitate.
• Item contra Faustum.
• Item de Civitate Dei.
• Item contra Donatistas.
• Athanasius super Johannem.
• Ambrosius, super epistolas Pauli ad Romanos.
• Firminus Lactantius de falsa religione.
• Beda super Lucam. Item super Cantica canticorum.
• Item contra Julianum.
• Glosarius. Item Glosarius. Item Glosarius.
• Johannes in epistola ad Ebreos.
• Istoria ex parte.
• Liber Confessionum Augustini.
• Liber ubi continentur IIII^or Euvangelia sive Actus apostolorum et Epistole canonice et Apocalipsis.
• Hilarius de fide catholica.
• Item Hilarius super quosdam psalmos.
• Apocalipsis.
• De contrariis diffinitionibus Platonis atque Porphirii.
• Beda super Apocalipsi.
• Libellus in quo hec continentur : Cantica canticorum, liber Sapientie, liber Proverbiorum, Ecclesiastes.
• Libellus salice et de iestis Francorum.
• Ecclesiastica historia.
• Tripertita historia.
• Gregorius super Ihezechielem.
• Textus euvangelii. Beda super Cantica canticorum.
• Boetius de Trinitate.
• Iheronimus super Isaiam.
• Haimo super euvangelia.
• Liber Paulini ad Severum.
• Explanatio super Job.
• Liber Zmarardi super epistolas sive euvangelia.
• Valerius Martialis.
• Liber Isidori de partibus mundi.
• Ovidius. Item Ovidius Metamorphoseon.
• Liber proemiorum juxta vetustam priorum traditionem.
• Cassiodorus super Psalmos. Liber Clementis.
• Decreta pontificum. Liber canonum.
• Amalarius. Isidorus.
• Canones, item canones, itemque canones.
• Libellus de canonibus collectus ab Adriano papa.
• Liber medicinalis, item Medicinalis.
• Canones Niceni concilii.
• Canon. ex parte. Medicinalis.
• Liber historiarum. Veretund (sic).
• Liber de sermone Domini in monte.
• Libellus mistice historie beati Maximi.

Au XIV^e siècle, on dressa un inventaire assez détaillé que nous n'avons pu retrouver : les volumes furent numérotés en chiffres romains et reçurent un titre, qui fut sans doute reporté sur un registre. La collection comptait alors au moins 156 articles, dont beaucoup de doubles numéros. Enfin, au XVII^e ou au XVIII^e siècle, on dressa un autre inventaire de toute la collection, et on numérota à nouveau tous les volumes ; le chiffre le plus élevé de ce dernier classement noté par nous est 406 ; il était probablement un des derniers, et on peut croire que la collection nous est arrivée presque entière. Vers le même temps, elle fut étudiée de fort près par le doyen Henri-Denis Mutte, dont nous aurons à reparler ; cet érudit distingué décrivit avec soin la plupart des manuscrits anciens, et ses notes, utilisées par Leglay, forment la meilleure partie, la seule scientifique du catalogue publié par celui-ci en 1831. Voici le tableau de concordance de cette dernière numérotation, telle du moins que nous avons pu la rétablir, et de la numérotation actuelle. A la suite, nous donnons la liste des manuscrits qui viennent sûrement ou probablement de la cathédrale.

Manuscrits venant de la Cathédrale.

N^os 3 à 18, 20, 21, 23 à 36, 39, 41 à 44, 46, 50, 53 à 61, 76 à 78, 84, 85, 88, 91, 92, 97, 98, 100, 131, 134, 151, 152, 153, 154, 156 à 159, 161 à 170, 172, 177, 181, 183, 186, 188, 189, 190, 191, 193, 198, 200, 201, 204, 211, 222 à 234, 236, 237, 239, 240, 242, 243, 244, 250, 259, 267, 275, 278, 279, 280, 286 à 296, 298 à 321, 323 à 328, 330, 333 à 338, 340, 341, 345 à 396, 402, 404, 405, 408, 410, 411, 415, 420, 423, 425, 428 à 436, 446, 453 à 470, 472, 473, 475, 482 à 489, 514, 521, 524, 532, 533, 534, 538, 539, 541, 542, 544 à 551, 553, 554, 555, 557, 558, 561 à 565, 567, 569, 571, 572, 573, 575, 577, 579, 584, 585, 588, 589, 590, 592, 600 à 603, 605 à 644, 646, 648, 674, 675, 678, 679, 680, 681, 682, 684, 685, 686, 688 à 691, 693, 723, 787, 789, 791, 792, 803, 806, 828, 854, 855, 865, 870, 894 à 908, 911, 914, 919, 920, 921, 922, 924 à 931, 933, 937, 938, 939, 943, 945, 951 à 955, 960, 961, 963, 965, 967, 968, 970, 977, 1008, 1012, 1014, 1035, 1039, 1043, 1048, 1052 à 1099, 1102, 1103, 1104, 1106 à 1109, 1115, 1142, 1147, 1151, 1152, 1161, 1163, 1170, 1176, 1180, 1195, 1213, 1214, 1215, 1219, 1227, 1230, 1252, 1273, 1324, 1330, 1331, 1343.

Manuscrits venant peut-être de la Cathédrale.

N^os 19, 37, 93, 124, 185, 525, 932, 942, 949, 950, 1038, 1100, 1208, 1279.

Fondée au XI^e siècle par le saint évêque Lietbert, cette abbaye se constitua de bonne heure une bibliothèque ; plus de 200 volumes en provenant existent encore aujourd’hui. La collection est précieuse ; elle renferme beaucoup de bonnes copies des principaux ouvrages des mystiques du XIV^e et du XV^e siècle, et nombre de manuscrits remarquables par leur ornementation ou leur état ; citons seulement le n^o 87, superbe livre de prières du XIII^e siècle, exécuté pour Mahaut de Brabant, comtesse de Saint-Pol. On a du reste fort peu de renseignements sur la manière dont cette bibliothèque s’est formée ; voici quelques indications relevées en passant. A un scribe, nommé Fulbert, on doit une belle copie des Moralia de S. Grégoire, pouvant appartenir à la fin du XI^e siècle (n^os 215-217) : la fin de l’ouvrage est d’un autre écrivain ; à ce Fulbert, on doit également des copies des Institutiones de Cassien (n^o 247) et du Diadema monachorum de Smaragdus (n^o 819). On a également quelques bons volumes du XIII^e siècle, provenant du Saint-Sépulcre (à citer la grande Bible, n^os 281-285) ; mais c’est surtout au XV^e siècle que les études paraissent avoir été florissantes dans cette maison ; nous avons relevé les noms de trois copistes également habiles, ayant travaillé à cette époque : Jacques du Vivier (n^os 520, 522, 838, etc.), Jean Appelmann et Jean Stampion. On doit à ces trois écrivains de bons exemplaires des principales œuvres des mystiques des XIV^e et XV^e siècles ; citons encore une transcription soignée des principales œuvres de Pierre d’Ailly, transcription prise sur les manuscrits originaux de l’auteur (n^o 531).

De tout temps les moines du Saint-Sépulcre eurent soin d’acquérir de nouveaux manuscrits ; tels sont le n^o 207, possédé anciennement par Arnold Clouer, scolastique de Saint-Géréon de Cologne ; le n^o 858, exécuté aux frais de Gilles de Hornes en 1467 ; enfin quelques recueils dus au doyen Mutte, lesquels dès 1775 faisaient partie de la bibliothèque abbatiale. De plus, dès la fin du XV^e siècle, les bibliothécaires du Saint-Sépulcre collectionnaient les ouvrages imprimés, et quelques-uns des recueils analysés par nous renferment de beaux spécimens d’anciennes éditions des principaux mystiques. (Voir notamment n^o 269.)

Le prêt fonctionnait régulièrement au Saint-Sépulcre. En 1343, le n^o 254 était aux mains de Frère P. D. C. ; le manuscrit 268 fut communiqué à un Frère Prêcheur du couvent de Louvain, et Henri de Conflant, abbé d’Anchin de 1407 à 1421, put consulter à loisir un volumineux commentaire sur les Grégoriennes, appartenant à l’abbaye cambrésienne (n^o 604).

Manuscrits venant de l’abbaye du Saint-Sépulcre.

N^os 47, 48, 64, 65, 67, 74, 80, 82, 87, 94, 101, 102, 103, 110, 111, 114, 115 à 120, 125 à 128, 133, 136, 143, 171, 173, 176, 178, 179, 199, 207, 208, 209, 212 à 221, 238, 241, 245, 246, 247, 249, 253, 256, 257, 258, 261, 262, 264, 266, 268, 269 à 274, 276, 277, 281 à 285, 322, 331, 332, 343, 344, 398, 399, 400, 401, 403, 407, 413, 416, 417, 418, 419, 421, 424, 426, 427, 437, 447, 448, 449, 450, 451, 452, 479, 480, 481, 490, 492, 493, 504 à 508, 511, 512, 513, 515, 516, 517, 518, 520, 522, 523, 526, 528, 529, 530, 531, 556, 559, 566, 570, 582, 586, 593, 594, 595, 596, 597, 604, 645, 647, 676, 683, 687, 726, 801, 802, 804, 807, 809 à 819, 821, 822, 823, 824, 826, 827, 829 à 840, 842, 844, 846, 850, 858, 861, 862, 863, 864, 867, 909, 916, 917, 918, 923, 936, 941, 958, 959, 962, 964, 966, 969, 973, 1041, 1138, 1148, 1222, 1244, 1259, 1269, 1288, 1290, 1370.

Cette maison n’a donné que 23 volumes, la plupart peu importants ; on y remarque quelques recueils liturgiques modernes, des obituaires, des documents administratifs. Les collections littéraires de cette maison ont dû être dispersées de bonne heure, peut-être dès le XVI^e siècle. Aucun texte ancien et méritant d’être noté.

Manuscrits venant de Saint-Géry.

N^os 1, 2, 40, 105, 146, 147, 148, 149, 187, 194, 195, 196, 202, 203, 235 (fabrique de l’église), 1018, 1101, 1113, 1156, 1157, 1158, 1187, 1342, et peut- être 144.

Cette abbaye augustinienne a fourni 50 volumes, dont beaucoup intéressants. La plupart sont reconnaissables à leur reliure en veau plein, avec le nom de la maison sur les plats. On y remarque des copies des œuvres de S. Bernard, et de quelques autres auteurs cisterciens, un abrégé du célèbre traité de Thierry de Chartres sur l’œuvre des six jours (n^o 339), un fort bel exemplaire du Gregorialis d’Alulfe de Tournai, copié par Johannes de Querceto et richement enluminé (n^os 441- 443) ; un commentaire de Raoul de Presles sur la Cité de Dieu, acquis par l’abbé Philippe Blocquel, mort en 1501 (n^os 476- 477) ; quelques bons recueils de vies des saints, des copies de sermons français du XV^e siècle, enfin beaucoup de recueils historiques et administratifs sur l’abbaye même : cartulaires, censiers, histoires modernes de la maison, etc.

Manuscrits venant de Saint-Aubert.

N^os 174, 210, 251, 252, 297, 339, 342, 397, 406, 438 à 445, 474, 476, 477, 478, 509, 510, 535, 536, 537, 560, 574, 578, 583, 587, 591, 714, 715, 716, 727, 728, 790, 856, 857, 859, 866, 1037, 1144, 1145, 1168, 1178, 1225, 1255, 1262.

Cette abbaye cistercienne, fondée au XII^e siècle, a donné 19 volumes ; la plupart sont modernes, mais plusieurs ne manquent pas d’intérêt. Citons seulement des recueils de pièces diverses formés au XVIII^e siècle, par l’abbé Rufin († en 1750), qui, dit-on, avait rassemblé plus de 40,000 volumes. Quoi qu’il en soit de ce chiffre, probablement exagéré, les collections de Vaucelles paraissent avoir été plus tard assez maltraitées ; nous retrouvons un manuscrit de cette maison parmi ceux du Saint- Sépulcre (n^o 273) ; un autre recueil passa ensuite aux mains de Pascal-Lacroix (n^o 1136). Au rapport de ce dernier, la bibliothèque de Vaucelles aurait été indignement pillée au XVI^e siècle, et l’abbaye aurait alors perdu entre autres une histoire des croisades en 12 volumes, de la main de Joinville (!), ouvrage qu’on aurait encore vu au XVIII^e siècle chez les Pères Jésuites de Bruxelles. Citons également, d’après Leglay, des chroniques de Vaucelles, dues à l’abbé Richard Moreno († 1720), ouvrage qui paraît avoir disparu ; c’était un texte précieux pour l’histoire du Cambrésis durant le XVII^e siècle.

Manuscrits venant de Vaucelles.

N^os 121, 122, 123, 543, 847, 860, 971, 972, 974, 975, 976, 978, 981, 1149, 1150, 1335, 1344, 1364, 1372.

Prieuré du Val-Notre-Dame, à trois lieues de Cambrai. 18 manuscrits proviennent de cet établissement. A citer quelques bons recueils analogues à ceux du Saint-Sépulcre, ainsi que plusieurs beaux livres de chœur, de style allemand très pur et datant du XVe et du XVI^e siècle.

Le manuscrit 200, recueil d’ouvrages mystiques, a appartenu aux Guillelmites de Valenciennes. La bibliothèque de Walincourt avait été riche ; dès le XVI^e siècle, elle fut dilapidée ; un manuscrit de Lyon (n^o 149 du catalogue de Delandine) porte une note attestant qu’il fut acheté d’un soudard qui l’avait dérobé au prieuré Notre-Dame, l’an 1553 ( V. LEGLAY, Catalogue, 358.).

Manuscrits venant de Walincourt.

N^os 95, 205, 260, 263, 414, 491, 1124, 1270, 1272, 1283, 1284, 1285 ; et probablement 1274, 1276, 1277, 1278, 1280 et 1281.

Cette maison n’a donné qu’un manuscrit, mais celui-là fort intéressant ; c’est le martyrologe-obituaire (n^o 825). Fémy possédait d’ailleurs des livres, à preuve la petite liste qui suit, empruntée à ce volume ; mais nous ignorons ce qu’est devenue cette collection.

Ista sunt nomina librorum in ecclesia Fidemiensi existencium. — Tria missalia, tres agende, duo euvangeliste quorum unus copertus est de argento. — Unus epistolarius. Duo sanctorum. Duo aspiciens. Duo lectionarii. Quatuor gradualia. Duo colectarii. Duo libri capituli. Duo passionarii. Due hystorie. Tria omiliaria. — Unus de miraculis sancti Stephani. Unus de miraculis beate Marie virginis. — Expositio sancti Ambrosii CXVIII, Mediolanensis et egregii doctoris. — Unus qui dicitur Collationes abbatis Theone. — Et Moralium beati Job IIII^or. — Epistola Pammacii et Doceani (sic) Jheronimum presbiterum. — Liber primus Dyalogorum Gregorii pape. — Epistola beati Jheronimi presbiteri ad Cromatium. — Canticum graduum. — Liber sancti Ysidori episcopi quod Deus summus et incommutabilis scit (sic). — De claustro anime. — Liber beati Gregorii pape qui vocatur Pastoralis. — Vita sancti Servacii. — Vitas patrum. — Hystoria Ierusalem. — Epistole Pauli. — Exameron Ambrosii. — Liber Confessionum Augustini episcopi. — Liber ubi missale et breviale continentur. — Liber Ysidori junioris. — Sermones Cesarii ad monachos. — Liber Anselmi, Dorobernensis archiepiscopi. — Beda super Actus apostolorum. — Jheronimus super Matheum. — Smaradus de diversis virtutibus. — Cantica canticorum glosata. — Psalteria quinque. — Quatuor troperii et tres libri processionales.

BÉNÉDICTINES ANGLAISES, n^os 1141, 1154, 1155, et peut-être 255 et 910. Traductions d’ouvrages mystiques anglais ; aucun de ces manuscrits n’a la moindre valeur, sauf le n^o 255, traduction anglaise du XV^e siècle de l’Horologium sapientiae de Henri Suso.

Capella curie Cameracensis, probablement la chapelle de l’officialité ; n^o 69 : office chanté de la Vierge, daté de 1576.

CLARISSES. Copie de la Fleur des histoires de Jehan Mansel, donnée au couvent par un certain Hugues le Josne (n^o 859).

JÉSUITES. Curieux recueil contenant le récit des voyages de l’archiduc Albert et de l’infante Isabella-Clara-Eugenia dans les Pays-Bas espagnols et en Espagne, de 1598 à 1600 (n^o 785).

SAINT-JACQUES (Hôpital), recueil historique et nécrologique (n^o 86).

SAINT-JULIEN (Hôpital), n^os 1166, 1167, 1193, 1194, 1240 ; cartulaires et censiers modernes.

Sacellum magni collegii Cameracensis, n^o 38 : Antiphonaire ou choral du XIII^e siècle, ayant appartenu à Pierre et André du Wes.

SAINT-LAZARE, maladrerie ; n^o 1040, censier du XIV^e siècle, en langue vulgaire.

SAINT-VAST, paroisse ; n^o 22, office du saint patron, écrit en 1747.

SAINTE-CROIX (Église), n^os 113, 197, 1006, 1042 et peut-être 1234, statuts synodaux du diocèse, obituaire de l’église et cartulaires.

SÉMINAIRE, n^os 576, 1263 et 1367 : recueils dont les deux derniers renferment plusieurs imprimés gothiques.

ANCHIN (Abbaye d’), n^o 1051, document du XVII^e siècle.

JÉSUITES DE LILLE (Collège des), n^os 1015, 1016, 1017, 1282, catalogue de la bibliothèque de la maison.

MARCHEROUX (Abbaye de), n^os 360, 459, 460, le premier et le troisième écrits par un certain Frère Warnerus ; ont ensuite appartenu à la cathédrale de Cambrai.

MITHLAC (Abbaye de), au diocèse de Trèves, n^o 852, recueil de morceaux d’édification, datant du XV^e siècle.

MONS SANCTI PETRI, abbaye, n^o 371 ; même provenance directe.

MONT-SAINT-MARTIN, abbaye, n^os 311, 359, 388, 396, 454, 468, 469, manuscrits anciens sortis dès le XVI^e siècle du monastère et légués à la cathédrale de Cambrai par le chanoine Preudhomme.

OURSCAMP, abbaye, n^os 304, 308, 487, 561 et 602, et peut-être 211, 554, 563 et 564. Même remarque. A noter les œuvres d’Eudes de Soissons, évêque de Tusculum (n^o 561).

SAINT-ANDRÉ DU CATEAU, abbaye, n^os 466, 528, 689, 729, 730, 798, 805, 820, 885, 956 et peut-être 799. De ces manuscrits, les uns furent confisqués en 1790, les autres appartenaient dès le XVII^e siècle à la cathédrale de Cambrai. A noter les n^os 528, curieux volume écrit et illustré en 1170, et 729-730, bon texte de la chronique de Jean Molinet.

SAINT-VAST D’ARRAS, n^o 932 et peut-être 75.

TOURNAY (Église indéterminée de), n^o 104, bréviaire du diocèse.

Né en 1706 à Cambrai, cet érudit devint chanoine de la cathédrale en 1737, grand chantre en 1740, doyen en 1752 ; il mourut en 1774. Juriste consommé, il rédigea la majeure partie des mémoires de M. de Choiseul contre le Magistrat ; curieux et érudit, il collectionna et transcrivit tous les documents qu’il put découvrir sur l’ancienne histoire de la ville et de l’église de Cambrai. Sa bibliothèque était assez considérable, et comptait bon nombre de recueils manuscrits : sont-ils entrés directement à la Bibliothèque municipale, ou ont-ils été vendus dès 1775 ? nous ne saurions le dire ; toutefois on doit remarquer que dès 1775 un ou deux recueils de Mutte étaient au Saint-Sépulcre, que d’autres portent le nom de Tranchant, enfin qu’on trouve quelques ouvrages du même savant dans une autre bibliothèque de province, à Melun (Voir Catalogue général, t. III, p. 365-366.).

Quoi qu’il en soit, la Bibliothèque de Cambrai possède 87 volumes ayant appartenu à Mutte ; en voici la liste :

N^os 80, 133, 140, 160, 198, 663, 665, 667, 668, 671, 672, 694 à 697, 700, 701, 705, 706, 708 à 713, 717 à 722, 724, 725, 731, 732, 733, 737, 739, 740, 747 à 753, 786, 788, 869 à 872, 874 à 877, 879, 881, 884, 886, 1020 à 1034, 1047, 1050, 1114, 1146, 1169, 1188, 1204 à 1207, 1256, 1258, 1332.

Dans ces volumes, on doit d’abord noter les travaux personnels du doyen Mutte ; il avait copié et annoté les chroniques anciennes des évêques de Cambrai, fait dessiner une foule de sceaux conservés aux archives de la métropole, réuni les principaux coutumiers du pays et les travaux des commentateurs, pris des extraits des statuts synodaux, des notes sur l’histoire des prébendes de la cathédrale, enfin dressé des listes des dignitaires du chapitre ; il avait, en un mot, réuni tous les éléments d’une histoire religieuse de Cambrai.

Il possédait également beaucoup de recueils plus anciens, des travaux analogues aux siens, datant du XVII^e et du XVIII^e siècle ; notons tout d’abord un ouvrage du bailli du chapitre, Nicolas Pingret (n^o 665), les Collectanea du chanoine Pierreson, une histoire de l’église en 6 volumes, composée sous le pontificat de Gaspar Nemius (n^os 717-722), des manuscrits du XV^e siècle ayant appartenu à la famille Foulon (n^os 731 et 740). Citons enfin les collections de Moart et de Pitpan de Montauban.

MOART (Jacques), d’abord curé de Saint-Germain à Mons, devint chanoine de Cambrai en 1658, fut nommé plus tard grand chantre et official et mourut en 1691. C’était un juriste consommé, et il a laissé plusieurs gros volumes remplis de consultations de droit canonique et de droit civil ; ajoutons-y des notes d’histoire, de théologie et de science. Ces recueils, d’ailleurs peu intéressants, ont appartenu plus tard à Mutte ; en voici la liste :

N^os 708, 709, 710, 711, 747, 748, 749, 750, 751, 752, 753 et 1047. — Ce dernier fut donné à la cathédrale par Mutte dès 1751.

PETITPAN ou PITPAN DE MONTAUBAN, prévôt de Valenciennes au XVII^e siècle, avait un goût prononcé pour les recherches de généalogie et d’art héraldique. Ses recueils, très confus, en mauvais état et d’une écriture difficile, renferment surtout des tableaux généalogiques et des dessins de blason plus ou moins utiles. On y trouve pourtant soit des documents historiques d’un certain intérêt (les épitaphes de plusieurs villes des Pays-Bas, par exemple), soit des travaux plus anciens, acquis par Pitpan, mais non composés par lui (tels l’Album amicorum de Nicolas de la Croix, n^o 869, et un armorial du XV^e siècle, n^o 870). Les papiers de Pitpan de Montauban paraissent avoir été donnés au doyen Mutte, par Mlle Marie-Joséphine de Cuinghien (n^o 874).

Manuscrits ayant appartenu au sieur de Montauban.

N^os 733, 786, 869, 870, 871, 872, 874, 875, 876, 877, 879, 881, 884, 886, 1020 à 1034, 1188, 1204, 1205, 1206, 1207, 1332.

TRANCHANT (François-Dominique), né à Cambrai vers 1722, devint bénéficier ou chapelain de la cathédrale vers l’an 1749 et fut attaché en 1770 à la bibliothèque capitulaire qui venait d’être réorganisée ; dès lors lié d’amitié avec le doyen Mutte, il prit le goût des recherches d’érudition, rédigea divers ouvrages sur l’histoire de sa ville natale et copia tout ce qu’il put découvrir de documents intéressants. En 1791, il refuse de prêter serment à la constitution civile du clergé, et quitte la cathédrale ; il a le malheur, trois ans plus tard, d’être signalé à l’attention du représentant en mission, Joseph Lebon. Conduit devant le tribunal révolutionnaire et condamné à mort le 14 mai 1794, comme détenteur d’écrits fanatiques, il est exécuté le même jour. Ses manuscrits, conservés par des mains pieuses, ont été cédés à la Bibliothèque publique, en 1823, par M. Desbleumortiers de Mauville. En voici la liste :

N^os 986, 987, 988, 989, 1007, 1009, 1019, 1046, 1049, 1140, 1204, 1205, 1206, 1207, 1218, 1271, 1275, 1302.

Quelques-uns des manuscrits de Tranchant avaient, auparavant, appartenu à Mutte ; tels les n^os 986, chronique des évêques de Cambrai, et 1204-1207, recueil de généalogies formé par Pitpan de Montauban. D’autres renferment la copie de documents intéressant divers établissements de Cambrai : Saint- Géry (n^o 987), la cathédrale (n^os 988, 1019 et 1046), tout le diocèse (n^o 989), les communautés de femmes de la ville (n^o 1007), le chapitre Sainte-Croix et l’hôpital Saint-Julien (n^o 1140), le Saint-Sépulcre (n^o 1271). Citons encore une histoire anecdotique de l’Europe au XVIII^e siècle : on y trouverait peut-être quelques renseignements curieux (n^o 1218) ; un recueil assez complet des inscriptions et monuments funéraires de la cathédrale, d’autant plus précieux que la plupart de ces monuments ont été détruits (n^o 1049) ; enfin une copie partielle des œuvres de Julien de Lingne (n^o 1009).

Une branche de la famille Carondelet habitait à Cambrai ou aux environs, et beaucoup de livres et de manuscrits furent confisqués chez elle lors de la Révolution ; la plupart des manuscrits étaient des ouvrages de généalogie. En voici la liste :

N^os 843, 868, 878, 889, 891, 892, 935, 1179, 1191, 1192, 1197, 1260.

Nous citerons principalement le n^o 843, sorte de biographie de Mme de Maintenon, composée par Louise-Barthélemie de Carondelet, élève de Saint-Cyr ; un recueil de dessins de sceaux (n^o 808), et des mémoires historiques sur l’histoire de l’église et du diocèse de Cambrai (n^o 1260), ces derniers assez intéressants.

C’est aussi, semble-t-il, des Carondelet que proviennent les curieux papiers laissés par le baron Michel-Ange de Vuoerden. (Voir. n^o 784.) Ce personnage, d’une bonne famille du Tournésis, commença par se montrer fidèle serviteur de la couronne d’Espagne ; il fut l’un des otages donnés en garantie de l’exécution de la paix des Pyrénées et s’attacha ensuite à la fortune du comte de Fuensaldagne, ambassadeur du Roi Catholique à Paris, en 1661 et 1662. Après la conquête de Tournay par Louis XIV, il resta quelque temps suspect et soumis à une étroite surveillance. Des amis puissants ménagèrent sa réconciliation avec le nouveau gouvernement, et dès lors il se montra aussi dévoué à la royauté française qu’il l’avait été à la cour de Madrid. Le baron de Vuoerden était un esprit cultivé ; ses poésies latines et françaises ne sont pas toujours des meilleures, mais elles témoignent d’une instruction étendue. D’esprit affable et de commerce sûr, il avait de nombreux amis et savait se créer des protecteurs puissants. Enfin, soigneux de ses intérêts, peut-être aussi fier de ses grandes relations, il ne laissait perdre aucune des lettres qu’il recevait et conservait le moindre morceau, la moindre poésie de circonstance écrite par lui. Voici la liste des recueils formés par lui et conservés aujourd’hui à la Bibliothèque de Cambrai :

N^os 754, 755, 756, 757, 758, 759, 760, 761 à 772, 773, 774, 775, 776 à 779, 780, 781 à 783, 784 et 873.

On peut y noter l’histoire de l’ambassade du comte de Fuensaldagne, beaucoup de morceaux curieux sur la vie de cour à Bruxelles et à Milan ; une volumineuse collection de lettres en latin et en français, dont certaines mériteraient d’être publiées ; un volume entier de dépêches de Louvois, des mémoires de M. de Vuoerden et des notes pour ces mémoires ; enfin un recueil de lettres autographes des plus grands personnages de la cour de France.

BRODEAU, n^o 661, peut-être le célèbre jurisconsulte de ce nom, dont la bibliothèque a été anciennement dispersée.

CARDINAL (un), non autrement connu (n^o 150, missel du XV^e siècle).

Hugo Magnus (Andreas), n^o 49, vendit ses livres en 1624.

ISORÉ D’HERVAULT (Mathieu), archevêque de Tours de 1693 à 1716, n^os 649-655, commentaires du R. P. Honoré Fabry, de la Compagnie de Jésus, sur les Décrétales.

LE SART DU CATTELET, chanoine de la cathédrale, n^o 736, chronique des XVI^e-XVII^e siècles, tirée d��un manuscrit du Saint- Sépulcre.

RÉGIS (Jean), possesseur au XVI^e siècle d’un manuscrit hébreu, n^o 946.

RÉLY (Jean DE), évêque d’Angers de 1491 à 1499 ; posséda le manuscrit 141.

TRAZÉGNIES (Baron DE), n^o 887, recueil sur la généalogie de sa famille ( Le nom de Jean de Traisignies se lit sur les manuscrits français 1260 et 23927 de la Bibliothèque nationale. (L. Delisle, Cabinet des manuscrits, t. II, p. 419.)).

Deux volumes paraissent venir du secrétariat de l’archevêché, n^os 851 et 1162 ; l’un et l’autre datent du XVIII^e siècle. Les volumes 743-745 proviennent sans doute de la bibliothèque privée de l’archevêque. D’autres ont dû faire partie des archives municipales de Cambrai : n^os 702, 703, 704, 1267, 1336, 1340 ; un certain nombre d’autres articles, volumes et liasses, ont été de nos jours rendus à la mairie. C’est par oubli qu’on a laissé à la Bibliothèque le n^o 1045, recueil de lettres et de papiers administratifs touchant le projet de monument en l’honneur de Fénelon, projet formé sous le premier Empire et réalisé sous la Restauration.

Peu nombreuses et sans grand intérêt.

BIGANT (Vente) à Douai, 1860, n^os 1250, 1251.

DANCOISNE (Vente de), ancien notaire à Hénin-Liétard, n^o 740, manuscrit sorti anciennement du dépôt municipal, et n^os 1305, 1308, 1310.

DINAUX (Arthur), n^o 1329.

FAILLE (Bibliothèque), n^os 1209, 1210, 1251, 1313 à 1323, 1354, 1359, 1377 à 1397. Le manuscrit 1305, acheté à la vente Dancoisne, avait primitivement appartenu à M. Faille.

LEFEBVRE, avocat à Cambrai, n^o 1139.

LEROY (Aimé), de Valenciennes, n^os 982, 983 ; le premier de ces deux volumes avait appartenu au chapitre de Denain.

PASCAL-LACROIX, n^os 944, 1044, 1117, 1118, 1119, 1136 (ce dernier provenant de l’abbaye de Vaucelles), 1164, 1165.

DONS ET ACQUISITIONS DIVERS, n^os 422 (Apocalypse figurée du XIII^e siècle), 984 (copie du journal de voyage de La Condamine), 1248 (don d’auteur), 1249 (acquis en 1837), 1303 (copie des mémoires de Mlle d’Aumale), 1311 (don d’auteur), 1339.

Un mot maintenant des catalogues qui ont précédé le présent travail. En 1831, E. Le Glay, alors bibliothécaire de la ville, publia le Catalogue descriptif et raisonné des manuscrits de la Bibliothèque de Cambrai, in-8o. Ce catalogue est très inégal ; pour certains manuscrits, l’auteur a pu utiliser les notes de l’abbé Mutte, et ses notices sont très convenables ; pour les autres, les renseignements donnés sont des plus insuffisants et souvent du tout au tout fautifs. Ce premier travail décrivait environ 1,100 volumes, cotés 1 à 1046. A paru, depuis, le Catalogue descriptif de la 2e série des manuscrits de la Bibliothèque communale de Cambrai (n^os 1047-1156), par Ch.-A. Lefèvre, Cambrai, s. d., in-8o (Extrait du tome XXVII, 2e partie, des Mémoires de la Société d’émulation) ; ce travail est supérieur à celui de Le Glay, mais la plupart des manuscrits catalogués ne présentent que peu d’intérêt. Presque tous les manuscrits, acquis depuis la publication du catalogue de Lefèvre, ont été sommairement décrits par M. Blin, alors bibliothécaire, dans l’Inventaire de M. Ul. Robert, p. 241-242. Enfin, il ne faut pas oublier, quand on parle des manuscrits de Cambrai, deux notices intéressantes que nous citons constamment : la première, de Coussemaker, Notice sur les collections musicales de la Bibliothèque de Cambrai, Paris, 1843, in-8o ; la seconde, de M. A. Durieux, Les miniatures des manuscrits de la Bibliothèque de Cambrai, Cambrai, 1861, in-8o et atlas in-4o. Cette dernière surtout nous a été très utile, en nous dispensant le plus souvent de décrire longuement les peintures, qui abondent dans les manuscrits de Cambrai.

Le rédacteur du présent catalogue n’a pas cru devoir changer l’ordre ancien des manuscrits ; il s’est contenté de les numéroter à nouveau, volume par volume, et non plus ouvrage par ouvrage, en mettant à la suite de ce premier chiffre le numéro d’ordre sur les rayons. La table a été rédigée sur le même plan que celles des tomes III, V et VI. En terminant, l’auteur se fait un plaisir de remercier M. Blin, bibliothécaire, et le successeur de celui-ci, M. Gautier, des facilités qu’ils ont bien voulu lui donner pour la rédaction de son catalogue.

Paris, 31 mai 1891.