Chronique de Richer, moine de Senones, divisée en cinq livres

Fondée par Stanislas en 1750, la Bibliothèque publique, qui était en même temps celle de l'Académie royale de Nancy, comptait, au moment de la Révolution, environ 8, 000 volumes, parmi lesquels bien peu étaient des manuscrits : quelques recueils d'ordonnances de Lorraine ; des mémoires présentés aux concours ouverts par l'Académie ; une dizaine d'ouvrages offerts à cette société par Mory d'Elvange, un de ses membres les plus actifs, et c'était tout.

Ce n'est qu'à partir du jour où, à la suite du décret du 2 novembre 1789, les bibliothèques des couvents furent déclarées biens nationaux, que ce dépôt prit une réelle importance. Des bibles, des livres d'heures et de liturgie, ornés de magnifiques miniatures, ont été recueillis çà et là, sans compter le remarquable manuscrit de la géographie de Ptolémée, celui des œuvres de saint Jérôme, la fameuse Chronique de Richer de Senones.

Pendant la première moitié du XIX^e siècle, un notaire de Nancy, M. Noël, avait formé une collection merveilleuse de plus de six mille ouvrages, tant imprimés que manuscrits, relatifs à la Lorraine. Le catalogue, qui en a été dressé et imprimé en 1850, est aujourd'hui très-recherché ; il constitue une sorte de bibliographie pour le duché de Lorraine. Quelque temps avant sa mort (M. Noël est mort en mars 1856), il avait offert à la ville de la lui céder moyennant 45, 000 francs. L'administration jugea à propos de n'en acheter qu'une partie, et son choix se porta surtout sur des manuscrits. Près de 100 numéros vinrent alors s'ajouter aux premiers ; s'ils ont un caractère tout spécial, ils n'en sont pas moins fort intéressants ; ils ont leur place marquée dans la bibliothèque principale de la province dont ils renferment l'histoire. Est-il besoin d'appeler l'attention sur la Chronique de Jean de Bayon (copie du XVI^e siècle par Alb. Regnauld) ; sur l'Inventaire des archives de Lorraine, par Du Fourny ; sur les Mémoires de Jean Du Pasquier ?

Parmi les volumes provenant de M. Noël, nous en trouvons bon nombre qui avaient appartenu à des bibliophiles du siècle dernier, tels que Dupré de Geneste (Dupré de Geneste, receveur des domaines du Roi, mort à Metz en 1801), Du Pont de Romémont (Du Pont de Romémont, entreposeur du tabac à Nancy, de 1763 à 1792), etc. La bibliothèque de ce dernier fut, dit-on, vendue sur la place du marché de Nancy, et d'autres amateurs s'en sont partagé les débris avec M. Noël. On cite en particulier M. Beaupré (Beaupré, conseiller à la cour de Nancy, membre de la commission de surveillance de la Bibliothèque, mort en 1869), ce bibliographe émérite à qui la Bibliothèque publique est également redevable d'une quantité d'acquisitions du plus haut intérêt.

Les différentes collections léguées à la ville ont aussi apporté leur contingent de manuscrits. Dans la bibliothèque de M. Boulay de la Meurthe (Boulay de la Meurthe, vice-président de la République en 1848, mort en 1858), se trouvaient quelques ouvrages de jurisprudence ; dans celle de M. Schmit (Schmit, conservateur adjoint à la Bibliothèque nationale, mort en 1879), plusieurs copies modernes d'ouvrages rares ou inédits relatifs à la Lorraine ; dans celle de M. G. de Dumast (Guerrier de Dumast, mort en 1883. Son grand-père avait été premier commis d'intendance de l'armée française en Allemagne, de 1757 à 1760), beaucoup de documents militaires. M. A. Ballon (Ballon, conservateur de la Bibliothèque publique de Nancy, mort en 1883) a laissé des recueils de pièces sur l'histoire des Vosges ; et M. Courbe (Courbe, comptable à Nancy, mort en 1885), une grande quantité de notes sur Nancy.

Bien que la Bibliothèque publique ne soit plus, comme au siècle dernier, la bibliothèque de l'Académie de Stanislas, cette société ne continue pas moins à y déposer, non-seulement tous les imprimés, mais aussi tous les manuscrits qu'elle reçoit.

Pendant longtemps, il n'y a pas eu de catalogue spécial pour les manuscrits. Ce n'est qu'en 1815 que M. Foissey, alors bibliothécaire, déposa sur le bureau de l'Académie un « travail intéressant, disent les Mémoires de cette année, qu'il a entrepris pour faire connaître les manuscrits de la Bibliothèque publique de Nancy, jusqu'alors enfouis dans ce dépôt littéraire...(Précis des travaux de la Société des sciences, lettres et arts de Nancy, 1813-14-15, p. 119.)». C'est plus qu'un catalogue ; M. Foissey, dans ses quatre-vingt-onze notices, ne se contente pas de décrire les volumes, il apprécie, discute et critique les théories des auteurs, fait de longues citations, en un mot, sort un peu du rôle du bibliographe.

En 1841, M. Thomassy, profitant habilement de ce premier travail, l'a revu, corrigé et considérablement augmenté. Dans son catalogue, il décrit 134 manuscrits lorrains et 122 étrangers à la Lorraine.

En 1873, à l'occasion d'un récolement général, il fut décidé que l'on renouvellerait la numérotation pour n'adopter à l'avenir qu'une seule série de numéros, sans coefficients ; que cette série serait continuée à mesure des entrées, sans tenir compte des divisions méthodiques, quelles qu'elles soient.

C'est dans l'ordre de ces numéros que M. Ulysse Robert en a publié, en 1882, dans l'Inventaire sommaire, une liste comprenant 612 ouvrages en 887 volumes.

Ces numéros, qui se trouvent entre parenthèses à la suite du numéro d'ordre dans le catalogue qui suit, servent encore aujourd'hui.

J. FAVIER.