« Mémoire sur le Roussillon, par monsieur de Trobat, intendant de cette province »

« Du tout un peu, rien que d'intéressant. » (Rapport de CAMUS.)

La bibliothèque de la Chambre des députés, dont l'origine remonte aux Conseils des Anciens et des Cinq-Cents, ne se compose pas, comme on pourrait l'imaginer, d'ouvrages spécialement et exclusivement relatifs aux sciences législative et juridique, accompagnés, bien entendu, des livres généraux dont la présence s'impose dans toute bibliothèque. Telle n'a pas été la conception qui a présidé d'abord à la création, ensuite à l'administration de la bibliothèque de la Chambre ; c'est une collection générale, sans caractéristique propre, qu'on a formée, puis conservée, entretenue et développée pendant un siècle. C'est ainsi que l'on peut constater la présence au Palais-Bourbon de plus de 1,500 volumes manuscrits, de tous genres et de toutes époques, du dixième au dix-neuvième siècle, manuscrits d'ordre surtout littéraire et historique, latins, français et aussi allemands, espagnols, italiens, polonais, hébreu, turcs, arabes, chinois, javanais, mexicain et tamoul ( N^os 236-240, 272 (allemands) ; 90, 1267, 1417-1420 (espagnols) ; 1146, 1147, 1257 (italiens) ; 1192 (polonais) ; 1510 (hébreu) ; 24, 25 (turcs) ; 5, 23, 25 (arabes) ; 1458 (chinois) ; 1540 (javanais) ; 1515 (mexicain) ; 1465 (tamoul)), manuscrits dont le plus grand nombre est entré à la bibliothèque par voie d'achats, pour la plupart effectués, sans but préfix et partant sans méthode, mais non sans goût, à la fin de l'Empire, sous la Restauration et pendant les premières années de la monarchie de Juillet, par le conservateur de cette époque, Pierre-Paul Druon, qui se proposa simplement de constituer un cabinet de curiosités de divers genres et qui sut y parvenir.

La création de la bibliothèque actuelle de la Chambre des députés date de l'an IV (1796). La Convention nationale venait de disparaître, et avec elle ses nombreux Comités ; l'un d'eux, celui de l'Instruction publique, s'était constitué une bibliothèque particulièrement importante, qui joua le rôle de bibliothèque de l'assemblée ( Décret de la Convention du 3 ventôse an II : « Le Comité de l'Instruction publique retirera des Archives, sur le récépissé de son commissaire ad hoc, tous les livres qui peuvent intéresser l'instruction publique, les sciences et les arts, ainsi que ceux qui lui ont été renvoyés par la Convention ou qui peuvent appareiller les volumes déjà existans dans sa bibliothèque. » (Arch. nat., M 795, n^o 1.)Le même carton renferme un catalogue de cette bibliothèque, en quatorze cahiers, cotés 1-15, où l'absence du n^o 5 ne constitue toutefois pas une lacune ; ce catalogue comporte les divisions suivantes :Histoire, cahiers 1-6 ; — Histoire littéraire, cahier 7 ; — Droit public et législation, cahier 8 ; — Arts, cahiers 9-10 ; — Littérature grecque, cahier 11 ; — latine, cahier 12 ; — française, cahier 13 ; — étrangère, cahiers 14-15.) ; c'est elle qui forma le premier fonds de la bibliothèque, accru par des prélèvements dans les Dépôts littéraires du département de la Seine et dans celui de Versailles.

Le 26 pluviôse an IV (15 février 1796), le Conseil des Cinq-Cents vota, sur un rapport de Daunou, son commissaire aux Archives, une « résolution » aux termes de laquelle une bibliothèque était établie au palais des Tuileries et mise à la disposition exclusive du « Corps législatif », c'est-à-dire des deux Conseils des Anciens et des Cinq-Cents ( Annexes, n^o I.). Quelques jours plus tard, le Conseil des Anciens, sur un rapport de Creuzé-Latouche et l'« opinion » de Baudin, des Ardennes, son commissaire aux Archives, adoptait, en la modifiant un peu, la « résolution » du Conseil des Cinq-Cents, qui devenait la loi du 14 ventôse an IV (4 mars 1796) ( Annexes, n^o II, a et b.).

La bibliothèque, rattachée au service des Archives nationales, en constitua le troisième bureau ; c'est par suite au garde des Archives de la République, au représentant du peuple Camus, qu'échut la mission de l'organiser. En vendémiaire an V, la bibliothèque était à la disposition des députés ; Camus l'annonça à ses collègues par une circulaire, où il indiquait les principes suivis pour la formation de cette collection et la classification adoptée pour le rangement des livres ( Annexes, n^o III.)De l'an IV à l'an XI, Camus ne cessa de faire des prélèvements dans les Dépôts littéraires de la rue Saint-Marc, de la rue de Lille, de la rue Saint-Antoine et plus particulièrement dans celui des Cordeliers ; des récépissés signés de lui et conservés dans le manuscrit 6503 de la bibliothèque de l'Arsenal (tome XVII des archives des Dépôts littéraires), il résulte que la bibliothèque acquit par cette voie environ 200 manuscrits, dont 130 environ seulement se retrouvent aujourd'hui sur ses rayons ; par contre, sur les 1,546 manuscrits actuellement existants, on en compte plus de 300 qui proviennent certainement ou très probablement des Dépôts littéraires ; il en résulte que pour 170 manuscrits environ les récépissés manquent ( Annexes, n^o VII. — M. Coüard, archiviste de Seine-et-Oise, a bien voulu nous assurer qu'il n'existe aux Archives départementales aucune pièce relative aux prélèvements de Camus dans les dépôts littéraires de Versailles.).

Aux termes de la loi des 4-7-12 septembre 1790, confirmée par plusieurs lois subséquentes, le service des Archives nationales devait faire, chaque année, l'objet d'un rapport présenté par l'archiviste au Corps législatif ; les rapports dressés par Camus sur l'état de son service de l'an IV à l'an VII comportent, par suite, une « section » relative à la bibliothèque ; on y trouve des renseignements intéressants sur le fonctionnement du service à ses débuts : choix des livres, confection des catalogues, collection de journaux, « rédaction des fastes annuels de l'Europe », etc. ( Annexes, n^os IV, V et VI.).

Les modifications apportées en l'an VIII au service des Archives nationales, désormais séparé du Corps législatif, firent de la bibliothèque un service distinct, bientôt placé dans les attributions et sous la surveillance des questeurs.

En 1833, les deux députés chargés de la questure, le comte Alexandre de Laborde et M. Du Meilet, émirent l'avis qu'il convenait d'orienter à l'avenir la bibliothèque, par des voies nouvelles, vers un but nettement déterminé, d'en faire, en la spécialisant, un dépôt de législation française et étrangère ; le rapport qu'ils rédigèrent à cette occasion présente une critique à la fois ferme et bienveillante des errements jusqu'alors suivis, notamment par le conservateur Druon, dont la mort, survenue entre les deux tirages exécutés dans la même année 1833, nécessita le remaniement du passage qui le concernait.

En même temps qu'ils traçaient dans leur rapport le nouveau programme à suivre, les questeurs décidaient la publication du catalogue de celui des fonds de la bibliothèque qui, dans leur pensée, était et surtout devait devenir le fonds principal ( Voici la description bibliographique des deux tirages in-8^o, exécutés au cours de l'année 1833, du premier volume de ce catalogue, qui ne fut pas continué :« Catalogue des livres de jurisprudence, d'économie publique, de finances et d'administration, composant la bibliothèque actuelle de la Chambre des députés, avec la liste des ouvrages en différentes langues, dont on pourrait faire successivement l'acquisition, pour parvenir à former une BIBLIOTHÈQUE COMPLÈTE ET SPÉCIALE DE LÉGISLATION. Imprimé par les soins de MM. les questeurs, à l'usage seulement des membres de la Chambre. (Vignette.) Paris, imprimerie de Firmin Didot frères, rue Jacob, u^o 24. 1833.Introduction, signée : les Questeurs de la Chambre, A. de Laborde, Du Meilet, p. III-XI. — Catalogue, n^os 1-1847 ; supplément, n^os 1848-1863 ; p. 1-235. — Table des matières, p. 237-238.).

A cette époque, la bibliothèque de la Chambre des députés possédait déjà la presque totalité des 1,546 manuscrits qu'on y trouve aujourd'hui. Ces manuscrits ne constituent pas un fonds distinct des imprimés ; ils sont confondus avec ceux-ci et dispersés parmi eux, au hasard des exigences des deux systèmes de classement qui ont été successivement pratiqués. Jusqu'à une date relativement récente encore, les collections étaient réparties entre les cinq sections classiques, elles-mêmes partagées en un grand nombre de subdivisions ; les livres nouveaux, portés au catalogue méthodique, étaient intercalés parmi les anciens, à la place déterminée par le rangement méthodique, et on était ainsi amené à des remaniements continuels des rayons. La fermeture de l'ancien fonds s'imposa ; on en ouvrit un nouveau, comprenant sept sections, correspondant à autant de formats différents et dans lesquelles les nouvelles entrées sont rangées à la suite ; celles-ci, d'ailleurs, continuent à être portées au catalogue méthodique comme au catalogue alphabétique. Les 1,546 manuscrits se répartissent, comme il suit, dans ces deux fonds :

Ancien fonds.

Série A. Théologie : n^os 1-25.

— B. Jurisprudence : n^os 26-1134.

— C. Sciences et arts : n^os 1135-1229.

— D. Belles-lettres : n^os 1230-1241.

— E. Histoire : n^os 1242-1423.

Nouveau fonds.

Série S, in-12 : n^os 1444-1458.

— P, in-8^o : n^os 1424-1443.

« Catalogue des livres de jurisprudence, d'économie politique... Tome I. 1^re partie. — Jurisprudence. (Vignette.) Paris..., 1833.

Introduction, mêmes signatures, p. III-XI. — Catalogue, n^os 1-1933 ; supplément, n^os 1934-1950 ; p. 1-236. — Table des matières, p. 237-238. — Table alphabétique, p. 239-278.

Série V, gr. in-8^o : n^os 1493-1510, 1540.

— U, in-4^o : n^os 1459-1492.

— Z, gr. in-4^o : n^os 1511-1513.

— Y, in-folio : n^os 1517-1539, 1541-1546.

— X, gr. in-folio : n^os 1514-1516.

Il serait très désirable que les manuscrits fussent extraits de ces douze séries, où ils sont confondus avec les imprimés, et qu'ils fussent matériellement réunis dans une salle spéciale, tout en conservant leur classement et leur numérotation actuels ; il conviendrait seulement de placer au dos de chaque volume une étiquette portant le numéro d'ordre qui lui est attribué dans le présent catalogue. Cette amélioration paraît d'autant plus facile à réaliser que déjà on a retiré des rayons un certain nombre de manuscrits, jugés plus particulièrement précieux, et qu'on les a groupés dans des armoires de « réserve ».

Les manuscrits entrés à la bibliothèque par la voie administrative, le plus souvent en exécution d'une décision de l'Assemblée, sont en nombre restreint et ne présentent, à quelques exceptions près, qu'un médiocre intérêt ( Annexes, n^o X).

C'est surtout, on l'a déjà dit plus haut, par voie d'acquisitions que s'est constituée la collection des manuscrits de la bibliothèque et cette collection est plus particulièrement l'œuvre de Druon, ancien bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur, collaborateur de l'Art de vérifier les dates et du Recueil des historiens des Gaules et de la France, qui fut conservateur du dépôt de 1805 à 1833 ( Pierre-Paul Druon naquit à Busigny (Nord) et il fit profession dans l'Ordre de S. Benoît à l'abbaye de Jumièges, le 22 mars 1766 ; il était moine à Saint-Germain-des-Prés lors de la suppression des ordres religieux, en 1790, et demanda à être transféré à Saint-Denis, où il resta tout le temps que subsista encore l'abbaye. Rentré à Paris, il fut, après le rétablissement du culte, membre, puis président du conseil de fabrique de la paroisse Sainte-Valère, sur laquelle il mourut le 2 octobre 1833 (Abbé Vanel, Les Bénédictins de Saint-Maur à Saint-Germain-des-Prés, 1630-1792, Nécrologe, etc., p. 376). M. Chervet a bien voulu me communiquer une lettre, portant la signature autographe de Druon et la date du 18 janvier 1828, adressée aux questeurs et accompagnant une notice sur la bibliothèque, où Druon rappelle que, nommé bibliothécaire par Camus, il fut confirmé dans cette fonction, à la demande des quatre premiers questeurs du Corps législatif, par Chaptal, ministre de l'intérieur.On doit à l'obligeance de M. Chervet, conservateur actuel, qui a bien voulu prendre la peine de rechercher et de compulser les vieux registres de comptabilité qui subsistent, de pouvoir indiquer la date et le prix d'acquisition de quelques-uns des manuscrits acquis sous l'administration de Druon ; on en trouvera la liste plus loin aux Annexes, n^o XI.).

L'acquisition la plus importante que Druon ait réalisée, est celle de la Collection de Cotte. Celle-ci appartenait à Jules-François de Cotte, né le 19 avril 1721, aux Galeries du Louvre, sur la paroisse Saint-Germain-l'Auxerrois, du mariage de Jules-Robert de Cotte, écuyer, conseiller du Roi, intendant et contrôleur général des bâtiments, jardins, arts et manufactures du Roi, avec Suzanne de Launay ; dans l'acte de naissance de l'un de ses enfants, Pierre-Paul, du 16 juin 1759, il est qualifié de président honoraire au Parlement (d'où le nom de Président par lequel on le distingue de ses homonymes), conseiller du Roi, maître des Requêtes (qualité que lui donne Boucher d'Argis dans son article Parlement, de l'Encyclopédie), intendant du commerce ; on le trouve enfin plus tard conseiller d'État (1783). Il s'était marié avec Anne-Claude Mouslier et mourut le 22 janvier 1810 ( Archives de la Seine : naissance de Jules-François (19 avril 1721) et de Pierre-Paul, son fils (16 juin 1759) ; décès de Catherine-Suzanne, femme de Charles-Étienne Le Peletier de Saint-Fargeau, conseiller d'État, et sœur de Jules-François (6 janvier 1783)).

Six ans auparavant, le président de Cotte avait mis en vente sa bibliothèque ( Le catalogue en fut publié en un volume in-8^o, sous ce titre : « Catalogue des livres rares et précieux et des manuscrits composant la bibliothèque de M***, dont la vente se fera le jeudi 22 germinal (12 avril 1804) et jours suivans, à six heures très-précises de relevée, rue des Bons-Enfans, n^o 12. — Les adjudications seront faites par M. Lesourd-Duplessis, commissaire-priseur, rue de la Mortellerie. Prix, 2 fr. 50. — A Paris, chez G. de Bure père et fils, libraires de la Bibliothèque nationale, rue Serpente, n^o 6. An XII ═ 1804. »P. III. Avertissement. — P. VIII-XIII. Table des divisions. — P. 1. Catalogue des livres. — P. 260. Table alphabétique des noms des auteurs. — P. 295. Seconde table, contenant les titres des livres sans noms d'auteurs. — P. 308. Collections de manuscrits et recueils provenans des bibliothèques de plusieurs magistrats célèbres et qui sont relatifs à l'histoire et au gouvernement de la France. — [P. 321-324.] Ordre des vacations.). Celle-ci renfermait notamment la célèbre collection formée, au XVII^e siècle, par Le Nain, maître des Requêtes, mort, à 85 ans, en 1698 ( Voir Grün, Notice sur les archives du Parlement, p. CCLXXX, en tête du tome I des Actes du Parlement de Paris, publié par Boutaric dans la collection des Inventaires et documents des Archives nationales ; et Grande Encyclopédie, art. Tillemont (Le Nain de), par Ch. Petit-Dutaillis.) ; on y retrouvait aussi les manuscrits réunis par Pierre Bourelier, qui, demeuré vingt-six ans au service de Jacques Émery, conseiller à la Cour des aides, comme clerc et domestique, avait légué sa bibliothèque au fils de son maître ( « Item je donne et laisse à M^e Nicolas Esmery, advocat en Parlement, filz de M^r M^e Jacques Esmery et de dame Anne Lambert, ses père et mère, tous mes livres, imprimez que manuscriptz, reliez et à relier, pour la bonne amityé que je lui ay portée depuis l'heure de sa naissance jusques à présent, le tout après que Dieu m'aura faict la grâce de m'appeler de ce monde en l'autre, et mettre mon nom sur les premiers feuilletz, et ma qualité, le temps et l'année que je suis entré au service de M^r son père et madame sa mère ; et en cas que M^e Nicolas Esmery vienne à mourir sans enfans masles et n'ayant que des filles, j'entends que mademoiselle Marie Esmery et M^e Charlot, filhe et filz, partagent lesd. livres avec les enfants dnd. Esmery, n'estant que filles... » (Testament du 4 octobre 1646, déposé le 22 décembre suivant.)). Mais la veuve de Bourelier ayant soulevé des difficultés, une transaction intervint, le 5 mars 1657, entre le père et le fils, l'un agissant comme exécuteur testamentaire, l'autre comme « légataire particulier des registres manuscriptz, relliez et non relliez, dud. deffunct » ( « ... Pour l'exécution duquel et délivrance dud. legs particulier s'estant présentées plusieurs difficultez par Anne Berthault, sa vefve, tant pour la prisée d'iceux, estant au bas de l'inventaire, que pour les déclarations apposées à aucuns d'iceux, par elle prétendus n'estre pas de lad. succession, que pour raison de son don mutuel sur la moityé d'iceux... [Nicolas Esmery] a remis et délaissé à lad. vefve tous les livres et manuscriptz par elle déclarez n'estre point de la succession et communauté dud. deffunct et tous les autres manuscriptz, reliez et non reliez, désignez par lad. transaction, et luy a encorres délivré la somme de cinq cens livres, qu'il recognoist luy avoir esté lors fournie et donnée par led. s^r Esmeri, son père, et d'autant que depuis led. jour cinquiesme mars dernier, le temps est expiré... pour l'insinuation, ... et que led. s^r Esmery filz n'a point intention d'éluder l'exécution dud. testament, ny frustrer, aud. cas, son frère et sa sœur susnommez de l'effect d'icelluy, et aussy pour la considération des susd. cinq cens livres desbourcez par led. s^r Esmery, leur père, pour parvenir à lad. transaction et à la délivrance paisible dud. legs et de la despense faicte aussi depuis par led. s^r Esmery, son père, pour faire rellier iceux manuscriptz, qui restoient à rellier ensemble, par un ordre et par titres convenables... », le fils consent à ce que le père fasse insinuer au Châtelet, dans les quatre mois, la clause du testament « contenant lad. substitution de ses registres manuscriptz, attendu qu'il n'y a point resté de livres imprimez par lad. transaction du cinquiesme mars dernier..., comme aussy qu'il fasse registrer et insinuer les noms, tiltres et qualitez d'iceux manuscriptz, en nombre de quarente six, tous reliez en veau noir marbré, à la réserve de deux, à sçavoir :[1-5.] Cinq tomes, in grand folio, des Ambassades de M^e de Harlay en Angleterre, M VI^c deux. (N^os 285-289.)[6.] Volume extraict des registres de l'Hostel de Ville de Paris, in grand folio. (N^o 1034.)[7-8.] Deux volumes des Ambassades de M^e de Bassompierre en Espagne, Angleterre et Suisse. (N^o 290 et Meaux, n^o 101.)[9.] Concordat entre le pape Léon dixiesme et le roy François premier. N^o 89.)[10.] Contracts de mariage des roys, princes et seigneurs.[11.] Dissolution des mariages de Charles le Bel, Louis douze et Henry quatre, des mariages des princes sans l'adveu du Roy, par M^e Habert, évesque de Vabre. (N^o 34.)[12.] Répertoire des Ordonnanees du Parlement. (N^o 385.)[13.] Un volume des Conférances de Madricq et de la négociation de Vervins, M V^c XXV et M V^c III^xx XVIII. (N^o 280.)[14-15.] Deux volumes des Mémoires de l'histoire politique et militaire du s^r de Tavanne. (N^os 1360-1361.)[16-18.] Trois tomes de l'Ambassade du s^r de Maisse à Venise, M V^c IIII VIII. (N^os 281-283.)[19.] Volume des Mémoires de lad. ambassade dud. s^r de Maisse, MV^c IIII VIII. (N^o 284.)[20.] Un volume de l'Absolution du roy Henry quatre. (N^o 1357 ou 1358.)[21-22.] Deux volumes des Duchez et pairies. (Voir les n^os 326-334.)[23-26.] Quatre tomes des Ambassades et autres affaires et traitez de Turquie.[27-30.] Quatre tomes des Traitez estrangers.[31-32.] Deux tomes des Affaires de Julierre.[33.] Un volume de l'Estat d'Angleterre. (Les n^os 23-33 forment partie des n^os 256-279.)[34-38.] Cinq volumes de la Négociation du mariage de Henriette-Marie, royne d'Angleterre.[39-41.] Trois volumes contenant Receuil de diverses pièces. (Voir n^os 435, 436, 1102-1105.)Tous les dessud. reliez en veau noir marbré.[42.] Un volume, relié en vélin, du Conseil privé du Roy. (N^o 1095.)[43.] Un volume, relié en vélin, contenant un Répertoire de quelques ordonnances du Parlement et de la Chambre des comptes.Comme aussy a led. s^r Esmery filz déclairé... que led. s^r Esmery. son père, exécuteur sud., mette ou face mettre sur les premiers feuilletz de chascun desd. registres les nom et surnom dud. deffunt... (Arch. nat., Y. 194. fol. III^c XLV^vo.)).

Les autres manuscrits de la collection de Cotte avaient des provenances diverses ; on trouvera les noms de leurs possesseurs dans la liste alphabétique des établissements et des personnes dont la bibliothèque possède des manuscrits ( Annexes, n^o XII).

Dans l'avertissement du Catalogue de 1804, les libraires de Bure avaient appelé l'attention sur l'intérêt de cette collection et avaient exprimé le vœu de la voir achetée en bloc par un amateur éclairé ; à défaut, elle devait être vendue en détail le 28 floréal. Une note manuscrite d'un exemplaire du Catalogue, recueilli par M. Henri Omont, apprend que, mise sur table à 4,000 livres, cette collection, qui en avait coûté près de 45,000, dut être retirée sans enchère. Il semble qu'on n'ait pas donné suite au projet de vente en détail et que la Collection de Cotte ait été bientôt achetée par Druon ( « Ces manuscrits (en 15 vol. in-fol.) faisoient partie, avant la Révolution, de la belle bibliothèque de M. le président de Cotte. Il paroît certain que leur acquisition lui coûta plus de 50,000 francs ; c'est assez dire combien on les jugeoit précieux. De nos jours, ils ont été mis en vente, et M. Druon, bibliothécaire de la Chambre des députés, s'occupe avec trop d'affection d'augmenter le nombre des livres rares qu'il a rassemblés dans cet établissement, formé par ses soins, pour avoir perdu l'occasion d'acquérir ces écrits. » OEuvres d'Omer et de Denis Talon, publiées par D.-B. Rives. Tome I (1821), avertissement, p. VII). Celui-ci en inséra, dans le Catalogue de 1833, sous le n^o 946, un état numérique, comptant 811 tomes en 824 volumes ( Le catalogue de 1833 indique 810 tomes en 823 volumes ; mais l'omission dans ce catàlogue du n^o 602 doit faire relever ces chiffres d'une unité.) ; on trouvera plus loin, en annexe (n^o XVI), un tableau de concordance des numéros de cet état numérique avec ceux du présent catalogue.

Cinquante-cinq des manuscrits de la Chambre des députés constituent ou renferment des ouvrages ou des documents originaux ( Annexes, n^o XIII.) ; d'autre part, la bibliothèque possède des manuscrits ou des pièces autographes des personnes dont la liste alphabétique se trouve plus loin, sous le n^o XIV des pièces annexes.

Vingt-cinq manuscrits, dont le catalogue général de la bibliothèque ou des notices rédigées par Emmanuel Miller, bibliothécaire de la Chambre de 1851 à 1880, ont permis d'insérer ici une brève mention, sont signalés depuis longtemps comme manquants. De ces vingt-cinq manuscrits, onze, ou plus exactement douze (ce qui élève à vingt-six le nombre des déficits), qui appartenaient au fonds Le Nain de la Collection de Cotte, ont disparu depuis une époque fort ancienne et n'ont jamais figuré sur les rayons de la bibliothèque ; le Catalogue de 1833 note déjà leur absence. Ce sont les n^os 661, 705-709, 711, 713-715, 972 et un volume à intercaler entre les n^os 1273 et 1274 ; quant aux quatorze autres, en voici la liste :

9. Officium per hebdomadam, in-4^o, papier, 498 pages, écriture moderne.

12. Prières en turc, in-8^o, 1654. — Si ce manuscrit doit être identifié avec le n^o 24, le nombre des manquants doit être réduit d'une unité.

86-88. Table des matières des procès-verbaux du Clergé de France, par Lemaire, in-folio.

1150. Tableaux du commerce de l'Angleterre, très-grand in-folio.

1221. Description des monuments existant dans l'abbaye de Citeaux, par dom Guitto, 1719.

1242. Éloge de Jean-Baptiste de La Salle.

1258. Histoire des six dernières années de l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, à Malte, par Tonsard, an VIII, petit in-folio.

1382-1386. Funérailles, processions et cérémonies auxquelles le Parlement a assisté, par Delisle ; plans et portraits concernant les réjouissances publiques pendant la seconde moitié du dix-septième siècle.

En 1884, la Chambre des députés a remis à la Bibliothèque nationale un précieux manuscrit qu'elle avait acheté, en 1822, à la vente Robert de Saint-Victor ; c'est un exemplaire, exécuté en 1368, sur l'ordre de Charles V, d'une traduction française anonyme, faite de la grande chronique de Bernard Gui intitulée : Fleurs des Chroniques, avec une continuation jusqu'en 1342, traduite d'après un original latin inconnu ; ce volume, qui porte l'ex-libris autographe du roi Charles V, figure dans l'inventaire de la librairie du Louvre, de 1412, sous le n^o 49 ; il porte aujourd'hui le n^o 1409 du fonds des Nouvelles acquisitions françaises du Cabinet des manuscrits ( L. DELISLE, Notice sur les manuscrits de Bernard Gui, dans les Notices et extraits des manuscrits, etc., XXVII, 227 et suiv. ; Ant. THOMAS, Un manuscrit de Charles V au Vatican, notice suivie d'une étude sur les traductions françaises de Bernard Gui, dans les Mélanges d'archéologie et d'histoire de l'École française de Rome, I (1881), 259-283. L. Delisle, Manuscrits latins et français ajoutés aux fonds des nouvelles acquisitions, etc., I, 55 ; H. OMONT, Bibliothèque nationale. Catalogue général des manuscrits français, Nouv. acq. franc., I, 204).

On conserve, d'autre part, à la bibliothèque, une petite caisse qui renferme les papiers littéraires de l'économiste Constantin Pecqueur, qui fut attaché à ce dépôt comme sous-bibliothécaire ( On peut enfin, fortuitement, rencontrer encore des documents manuscrits parmi les imprimés ; telle une Petite chronique valenciennoise (1540-1544), écrite par Jennet Denis sur les gardes d'un exemplaire de la Grant somme rural de Jean Boutillier (Paris, D. Janot, 1537), et publiée récemment par M. Henry Cochin dans la Revue des bibliothèques (1905), t. XV, p. 259-267, et tirage à part de 13 pages in-8^o. Tel est encore un exemplaire des Coutumes d'Angoumois..., avec les commentaires de M^e Jean Vigier (seconde édition, Angoulême, 1720, in-folio), avec notes et additions, de la main de l'auteur, sur les marges et sur des feuillets intercalaires. Sur le plat supérieur du volume, relié aux armes de Le Clerc de Lesseville, on lit : « Ce livre, dont les nottes et additions sont de la main de l'auteur, a été par luy donné à messieurs du présidial de Angoulême, qui en ont fait présent à Monsieur le président de Lesseville en l'année 1754, lors de son exil en la ville de Angoulême. »).

Je rappellerai, en terminant, que j'ai entrepris ce catalogue, il y a près de vingt ans, au lendemain de ma sortie de l'École des chartes, sur les conseils et avec l'affectueux appui du conservateur, feu Émile Laurent, en littérature Émile Colombey. Continué sous l'administration de son distingue successeur, M. Chervet, il n'était pas encore terminé quand le ministère de l'Instruction publique en décida l'impression dans la collection du Catalogue général ; à ma demande, l'administration chargea un de nos jeunes confrères, M. H. Debraye, de rédiger les notices que je n'avais pas encore eu le temps d'établir ( Les notices des manuscrits orientaux sont dues à MM. Blochet (n^os 5, 23-25), Cabaton (n^o 1465), Courant (n^o 1458) et Schwab (n^o 1510).). C'est pour nous un devoir de reconnaître le bienveillant accueil que nous a toujours réservé le personnel de la bibliothèque de la Chambre, à tous les degrés, et nous prions M. Chervet ( Voici la liste, d'ailleurs très courte, des conservateurs de la bibliothèque de la Chambre des députés depuis sa création jusqu'à nos jours, d'après l'Almanach officiel : Camus (an IV-1804) ; — Druon (1805-1833) ; — Beuchot (1835-1850) ; — Miller (1851-1879) ; — Laurent (1880-1896) ; — Chervet (1897)) et ses aimables collaborateurs de recevoir ici l'expression de notre vive gratitude.

Ernest COYECQUE.

Rapport fait, le 3 pluviôse (an IV), au Conseil des Cinq-Cents, par son commissaire aux archives, sur l'établissement d'une bibliothèque à l'usage du Corps législatif.

CITOYENS,

On avoit formé auprès du Comité d'instruction publique de la Convention nationale une bibliothèque à l'usage des représentans du peuple. La conservation de cet établissement utile a été demandée, depuis le 5 brumaire dernier, par un grand nombre des membres de l'un et de l'autre conseil législatifs, et, afin de lui donner plus de stabilité et de consistance, il a paru convenable de le réunir aux Archives nationales.

Les moyens d'exécuter ce projet ont été concertés entre l'archiviste, les commissaires aux archives et votre commission d'inspection. Je viens vous rendre compte des résultats de leurs conférences, conformément à l'article X du dernier titre de votre réglement, qui porte que dans toutes les questions relatives au service des archives, le rapport sera fait à chaque Conseil par le commissaire aux archives qui en sera membre.

On vous propose d'établir au palais national des Tuileries, entre le pavillon de l'Unité et le local occupé par les archives, dans les salles actuellement employées au comptage du papier des assignats, une bibliothèque à l'usage des législateurs, avec un sallon de conférences et deux cabinets de travail.

Le premier fonds de la bibliothèque sera formé des livres qui avoient été rassemblés au Comité d'instruction publique, distraction faite seulement de ceux qui ont appartenu à l'Académie des sciences et qui sont réclamés par la première classe de l'Institut.

Les livres les plus analogues aux travaux du Corps législatif semblent être ceux qui ont pour objet les sciences morales et politiques, la géographie, l'histoire des peuples et spécialement l'histoire nationale. A l'égard des autres genres, on pense qu'il conviendra de se borner aux mémoires des sociétés savantes, aux grands dictionnaires et aux auteurs classiques, anciens et modernes. Ces limites seroient déterminées par celles du local lui-même, quand elles ne seroient pas indiquées par la nature et la destination du dépôt dont il s'agit.

Pour donner à cet établissement un plus haut degré d'utilité, nous vous invitons à y faire aboutir une correspondance avec les pays étrangers, afin de tirer des divers États de l'Europe quelques journaux politiques et les ouvrages les plus estimés qui ont paru ou qui paroîtront sur l'histoire et la législation de ces États. La notice de ces journaux et de ces livres seroit donnée, à mesure qu'ils arriveroient, par deux bibliothécaires ayant la connoissance des langues étrangères.

On propose aussi qu'il soit tenu par l'un des bibliothécaires, un registre servant en même temps de répertoire et de tables chronologiques et synoptiques, où seront inscrits, jour par jour, les événemens de quelque intérêt qui arriveront dans les divers États de l'Europe. Dans ce registre, les colonnes perpendiculaires offriroient les fastes de chaque État en particulier, et, en suivant les lignes horisontalement, on verroit d'un coup d'œil tous les événemens européens de la même époque.

Le projet que je suis chargé de vous présenter renferme beaucoup d'autres réglemens, auxquels on croit qu'il est convenable de donner le caractère de la loi, afin qu'ils soient plus fidèlement observés, et que le service de la bibliothèque soit exposé à moins de négligences et d'abus.

Vous examinerez, citoyens, jusqu'à quel point il peut être utile de ne pas retarder l'activité de l'établissement que l'on vous propose, et s'il est nécessaire de déclarer l'urgence du projet dont je vais vous donner lecture ( Suit le projet de résolution, devenu la loi du 14 ventôse an IV ; on en trouvera le texte plus loin, à la suite de l'opinion de Baudin, avec l'indication des modifications introduites par le Conseil des Anciens)...

Arch. nat., A D VIII 15, pièces 5 et 8. Bibliothèque de la Chambre, collection Portiez, de l'Oise, vol. 87-88, n^o 26.

Rapport fait au Conseil des Anciens, au nom de la commission chargée d'examiner la résolution relative à l'établissement d'une bibliothèque pour le Corps législatif, par J.-A. Creuzé-Latouche.

SÉANCE DU 14 VENTOSE, L'AN 4^e

Vous nous avez chargés de vous faire un rapport sur la résolution du 26 pluviôse, qui a pour objet l'établissement d'une bibliothèque à l'usage des membres du Corps législatif.

Ce projet renferme deux dispositions principales : l'une se rapporte à la collection des livres mêmes ; l'autre présente aux députés un moyen, aussi décent que légal, de se voir familièrement, pour se connoître et se communiquer mutuellement leurs réflexions et leurs connoissances.

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Dans plusieurs des comités de l'Assemblée constituante, on avoit vu se former quelques collections de livres, de cartes et d'objets scientifiques, absolument indispensables pour les travaux dont on y étoit occupé.

Cet exemple fut suivi dans les comités de la seconde Assemblée ; enfin, ceux de la Convention nationale se trouvèrent successivement munis des livres les plus importans dans divers genres, que les députés ne pouvoient se dispenser de consulter et que la plupart d'entr'eux n'auroient pu se procurer individuellement.

Mais le Comité d'instruction publique de la Convention, qui embrassoit plus spécialement la littérature et les sciences, se vit insensiblement en possession d'une bibliothèque en forme, qui, par une suite naturelle de son existence et de son étendue, devint d'un usage commun à tous les législateurs. Il est peu de membres de la Convention qui n'aient trouvé dans cet intéressant dépôt, outre les ressources des connoissances qu'ils y cherchoient, l'avantage des conférences et des rapprochemens qui devoient naître entre des collègues et des collaborateurs réunis dans un tel lieu, et par les motifs qui les y appeloient.

On peut penser que la formation à peu près fortuite de cet établissement a pu suggérer l'idée de celui qu'on vous propose aujourd'hui ; mais toujours est-il constant, d'une part, que sous vos prédécesseurs la force naturelle des choses et la nécessité avoient commencé, formé, et plus ou moins avancé des collections de livres à leur usage ; et que de l'autre, l'expérience en a démontré les heureux effets, dès qu'un établissement de ce genre a pu prendre quelque consistance et quelque développement.

Ainsi la résolution qu'on vous propose est appuyée sur les raisons tout à la fois les plus puissantes et les plus incontestables, la nécessité et l'expérience.

L'indication des ouvrages qui doivent former cette bibliothèque, vous prouve la sagesse qui a médité ce projet, et l'attention qui ne s'est point écartée de sa destination. L'article 5 détermine, comme objets essentiels, les ouvrages classiques et les plus estimés dans les principaux genres, mais surtout dans ceux du droit et de la morale publique, de l'histoire des divers États, principalement de l'histoire de France, et de tout ce qui a rapport à son sol, à sa population, à ses forces, à son commerce et à ses arts. On y ajoute les meilleurs livres étrangers relatifs à l'histoire et à la politique des États de l'Europe, que jusqu'à présent nous avions eu peu d'occasion de connoître. Il est bien peu de bons citoyens, sans doute, qui, en lisant seulement cette énumération, ne désirassent, comme une des garanties du bien de leur pays, que les objets qu'elle renferme fussent incessamment rassemblés auprès de leurs représentans.

Une autre disposition, bien remarquable, a été aussi heureusement conçue dans les mêmes intentions ; elle a pour objet de faire mettre chaque jour sous les yeux de ceux qui fréquenteront la bibliothèque, une notice des principaux évènemens recueillis dans les livres nouveaux et dans les journaux français et étrangers. Cette idée est aussi digne de la majesté du peuple français qu'elle est essentielle aux fonctions de ceux qui sont appelés à le gouverner. Quand on songe qu'une société, célèbre par ses connoissances profondes dans l'art de s'élever et de se maintenir, avoit, pour son intérêt particulier, placé une institution à peu près semblable auprès de son chef, pourroit-on nier les convenances et l'importance de celle-ci pour les intérêts d'une grande nation ?

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Cependant l'utilité réelle que nous avons reconnue dans ce projet ne nous a point empêchés d'examiner, dans les principes d'une sévère économie, les moyens que l'on propose pour son exécution. Le résultat de cet examen nous a fourni des réponses victorieuses aux scrupules que l'on pourroit avoir sur les frais de l'établissement. Le local où il seroit placé est vide et sans aucune autre destination dans le palais des Tuileries ; la collection déjà toute formée et toute prête dans l'ancien Comité d'instruction publique, dont l'emplacement restera par cette translation disponible, n'a besoin pour son complément que de quelques objets, dont les doubles sont assez multipliés dans les anciennes bibliothèques publiques et dans les nouveaux dépôts. C'est aussi dans ces dépôts qu'on doit trouver toutes les boiseries nécessaires, et la résolution propose et recommande d'en faire simplement l'emploi. Enfin les agens nécessaires au service ne pouvoient être plus économiquement réduits, puisqu'en réunissant aux fonctions de l'archiviste du Corps législatif celles de directeur de la bibliothèque, sans augmentation d'appointemens, on lui adjoint seulement deux sous-bibliothécaires, obligés de savoir plusieurs langues et de suivre un travail continu, pour des traitemens dont le plus fort n'excède pas 3,000 livres en valeur de 1790 ; l'entretien de la bibliothèque en nouveautés et en journaux nationaux et étrangers est fixé à 6,000 livres ; et si l'on veut se faire une juste idée de ce monument et des parties qu'il doit rassembler, on ne pourra qu'être étonné de la simplicité et de la modicité des moyens qui doivent le former et le soutenir.

Nous insisterons nous-mêmes sur l'économie, pour vous observer que, sans cette ressource offerte aux membres dn Corps législatif, on verroit, comme sous les assemblées précédentes, les livres les plus importans dispersés, dégradés ou perdus dans les lieux destinés aux commissions des deux Conseils, et le service de ces endroits devenir successivement plus considérable et plus dispendieux, par la nécessité où seroient journellement les membres de ces commissions, ou d'autres députés, d'y faire des recherches et des extraits. L'expérience du passé et l'empire irrésistible du besoin décident de quel côté se trouve la véritable économie.

Nous ne devons pas omettre de vous faire remarquer un article de la résolution qui concilie l'usage de la bibliothèque avec la tenue des séances de la législature. L'article 3 porte que la bibliothèque, le salon des conférences et les cabinets de travail seront ouverts tous les jours, depuis neuf heures jusqu'à midi, et depuis cinq heures jusqu'à neuf, c'est-à-dire fermés pendant les séances des deux Conseils, et ouverts dans tous les temps les plus propres au travail. Le même article n'admet à la jouissance de la bibliothèque que les membres des deux Conseils et les rédacteurs de leurs procès-verbaux.

On ne se seroit peut-être pas imaginé que quelques personnes eussent cru voir dans cette disposition un privilége exclusif, contraire aux lois de l'égalité. On ne sait si l'on doit répondre sérieusement à cet étrange abus des mots, qui vient nous rappeler si tristement tant de délire, de désastres et de forfaits. Serions-nous encore au temps où l'on trouvoit contraires à l'égalité toutes les garanties de l'existence sociale, et particulièrement celles de la représentation de la nation entière ? Dès que l'on sort une fois de l'application raisonnable des termes, il ne peut plus y avoir de bornes aux extravagances et à la désorganisation. Il s'agit d'une réunion d'objets jugés nécessaires aux travaux, assez importans sans doute, des membres du Corps législatif. Qu'a de commun cette disposition spéciale avec l'égalité ? Les appartemens dépendans des tribunaux, où les juges seuls se préparent ou se reposent, pendant les intervalles de leurs séances, sont-ils contraires à l'égalité ? L'École polytechnique, où l'on n'admet qu'un nombre déterminé de jeunes citoyens, qui remplissent certaines conditions, est-elle contraire à l'égalité ? Les lieux destinés aux commissions nommées chaque jour par les deux Conseils, et les ustensiles de première nécessité qui s'y trouvent, sont-ils contraires à l'égalité, parce qu'ils ne sont pas à la disposition du public ? Nous ne pousserons pas plus loin ces raisonnemens ; mais si Platon, Thucydide, Démosthènes, Cicéron et Tacite revenoient aujourd'hui parmi nous et qu'ils pussent donner quelques heures de conférences par jour aux législateurs de la nation française, qui est-ce qui pourroit s'affliger de nous voir assigner un lieu particulier pour les entendre ? Une pareille question peut bien être faite, lorsqu'il s'agit de lire et de commenter leurs écrits.

En toutes choses, la possibilité a ses bornes. On dénature et l'on détruit les meilleurs établissemens, lorsqu'on veut y ajouter une étendue trop indéterminée. Le bon sens seul nous montre tous les inconvéniens d'un trop grand concours, mais principalement d'un concours d'étrangers, dans un lieu où le désœuvrement, et plutôt encore les intérêts, les passions et la malveillance viendroient mettre le trouble ; où les agens du service seroient insuffisans et dont la destination seroit bientôt absolument changée. D'ailleurs, le projet n'attribue point à la bibliothèque du Corps législatif les objets uniques ni les manuscrits précieux qui se trouvent dans les divers dépôts publics. L'article VII propose, par une disposition formelle, de restituer à l'Institut national les livres et manuscrits de la bibliothèque du Comité d'instruction publique provenant de la ci-devant Académie des sciences. Ces attentions éloignent assez toute idée de possession exclusive. Le dépôt qu'on vous propose ne doit contenir que des objets plus ou moins répétés dans toutes les bibliothèques publiques qui sont ouvertes à tous les citoyens, tandis que l'ordre des travaux du Corps législatif en interdit précisément la jouissance à ses membres.

Nous croirions pouvoir réclamer avec plus de raison nous-mêmes les principes de l'égalité en faveur de cet établissement, puisque sans cette ressource, commune à tous les députés, les possesseurs de riches collections, c'est-à-dire les plus favorisés de la fortune, auroient une supériorité de moyens pour travailler, dont se trouveroient trop désavantageusement dénués ceux qui n'auroient que des facultés trop modiques, ou qui seroient, comme le plus grand nombre, trop éloignés de leurs possessions. Tous étant des ouvriers appelés à concourir au même édifice, l'égalité n'approuve-t-elle pas, ne commande-t-elle pas même qu'on mette également à leur portée les instrumens matériels dont ils ne peuvent se passer ?

S'il ne se présente aucune objection réelle contre la résolution, comme votre commission l'a pensé, si les avantages qui doivent résulter de ses dispositions vous paroissent suffisamment démontrés, vous allez encore rendre un hommage éclatant aux sciences, aux lumières, dont la tyrannie la plus brutale avoit osé se proposer d'éteindre à jamais le flambeau. Elle osoit dire, au nom de l'anarchie qu'elle décoroit de celui de liberté, qu'un homme instruit ne pouvoit être patriote ! et les despotes se disent en secret que les hommes instruits ne peuvent être des sujets soumis ! et les apôtres du fanatisme, depuis Omar jusqu'aux inquisiteurs de Goa, n'ont cessé de craindre aussi que les hommes ne fussent trop éclairés ! C'est toujours le même intérêt qui se décèle, quoique sous des masques différens.

Opposons seulement à ces maximes de l'hypocrisie et de la plus profonde perversité, les dernières méditations d'un philosophe, martyr de la liberté, qu'il chérissoit par réflexion comme par sentiment.

Condorcet, proscrit par des barbares, et, pour ainsi dire, descendu vivant dans sa tombe, y écrivoit pour ceux qui devoient lui survivre, que la liberté suivroit les destinées des connoissances humaines. Oubliant sa situation horrible et tout entier à la vérité, mais sans enthousiasme et sans effort, comme sans plainte et sans reproche, il nous montroit avec la même clarté qu'il les concevoit, le perfectionnement de l'espèce humaine et l'avancement des sociétés vers leur bonheur, dans les progrès des sciences et des arts et dans la multiplication toujours croissante de leurs monumens. N'en doutez pas, représentans d'un peuple libre, les plus violens efforts du despotisme, s'il pouvoit revenir, se dirigeroient contre les sources de nos connoissances ; mais aussi la plus forte barrière que vous puissiez opposer à son rétablissement, c'est la multiplication des dépôts qui les renferment.

Par nos nouvelles institutions, toutes les parties de la République vont participer bientôt à cet avantage ; mais vous ne vous croirez pas obligés d'en refuser la jouissance à ceux des citoyens que la patrie appelle à exercer les premières fonctions. Peut-être même verrez-vous encore dans cette mesure un moyen ultérieur de propager les connoissances et d'en étendre le goût. Il en est des bons livres comme des hommes intéressans, qu'on désire revoir habituellement et même posséder chez soi, s'il est possible, lorsqu'on a fait connoissance avec eux. La vue fréquente d'une bibliothèque découvre une grande diversité de richesses, dont on avoit pu ignorer plus ou moins l'existence. Ainsi les députés, sortant successivement de la législature, ne cesseront de répandre aussi successivement dans leurs contrées, la connoissance et l'usage des meilleures productions.

La Commission est d'avis que le Conseil doit adopter la résolution.

Conseil des Anciens. Opinion prononcée par P.-C.-L. Baudin (aes Ardennes), député au Corps législatif, en qualité de commissaire aux archives du Conseil des Anciens, dans la séance du 14 ventôse, sur l'établissement de la bibliothèque du Corps législatif et sa réunion aux Archives.

CITOYENS COLLÈGUES,

L'unité du Corps législatif n'est pas moins sensible que sa distribution en deux conseils pour qui veut analyser les dispositions de l'acte constitutionnel et se pénétrer de son esprit............

.......................

On vous propose... une bibliothèque destinée pour tous les députés au Corps législatif indistinctement. Elle existoit déjà pendant la Convention nationale et se trouvoit placée au Comité d'instruction publique, qui, d'après la Constitution, ne peut subsister, non plus qu'aucun autre comité permanent. Cette bibliothèque doit se composer surtout des livres analogues à nos fonctions, c'est-à-dire de ceux qui traitent de morale, du droit public, de la législation et de l'histoire. Je ne pourrois qu'affoiblir ce qu'a dit le rapporteur, en revenant sur les développemens qu'il vient de vous présenter, et qui ne laissent rien à désirer ; j'ajouterai seulement que la formation de la bibliothèque m'a paru fortement désirée dès l'ouverture de votre session par un très grand nombre de députés de ce Conseil ; que le vœu de la majorité de celui des Anciens est évident d'après la résolution sur laquelle vous allez délibérer ; et qu'enfin, antérieurement à toute proposition, les deux commissions d'inspecteurs en avoient été d'avis, parce qu'elles connoissoient et partageoient l'intention de beaucoup de nos collègues. Je ne puis qu'applaudir aux réflexions sages et lumineuses que vous venez d'entendre sur les avantages de la réunion des députés dans le salon des conférences.

Le principal éclaircissement que vous avez droit d'attendre de moi consiste à savoir comment ces institutions nouvelles doivent être envisagées quant à leur réunion à vos archives.

A cet égard, en considérant d'abord les intérêts de la République, qui dans tous les temps seront à vos yeux ce qu'il y a de plus sacré, et qui le deviennent plus que jamais à l'époque d'une réforme aussi désirée que nécessaire, il est évident qu'en cumulant sur la tête du même homme les titres d'archiviste et de bibliothécaire, on fait l'économie d'un des deux traitemens, comme déjà l'on fait celle du traitement d'archiviste, qui n'est point touché par notre collègue Camus, attendu qu'il reçoit celui de député.

Sous d'autres rapports, qui tiennent également à la dépense, il est encore facile de sentir que les archives et la bibliothèque, étant réunies, seront servies à moins de frais, parce que les secrétaires, les expéditionnaires, les garçons de bureau, subordonnés à un même chef, suffiront en moindre nombre aux divers besoins.

Il y a d'ailleurs une grande analogie entre les deux services, qui exigent l'un et l'autre beaucoup d'ordre et les mêmes soins de propreté nécessaires à la conservation des livres comme à celle des titres.

Je dois vous entretenir aussi du bureau du topographe, réuni pareillement aux archives, d'après un des articles de la résolution... Le temps n'est plus où l'homme de mérite, quand il n'étoit qu'instruit et laborieux, se voyoit condamné pour jamais à l'obscurité et supportoit entièrement tout le poids du travail, dont l'honneur appartenoit à l'homme en place, qui en recueilloit aussi tous les fruits utiles............

Résolution pour l'établissement d'une bibliothèque à l'usage du Corps législatif.

Le Conseil des Cinq-Cents, ouï le rapport de son commissaire aux archives sur l'établissement d'une bibliothèque à l'usage du Corps législatif et sur la réunion de cette bibliothèque aux Archives nationales ;

Après avoir entendu trois lectures du projet relatif à cet établissement, savoir, la première, le 3 pluviôse présent ; la seconde, le 13, et la troisième, le 25 du même mois ;

Déclare qu'il n'y a pas lieu à l'ajournement et prend la résolution suivante :

ARTICLE PREMIER. — Il sera établi au palais national des Tuileries, dans le local qui sera déterminé par les membres du Corps législatif composant les commissions d'inspection de l'un et de l'autre Conseil ( La résolution des Cinq-Cents portait : « Il sera établi au Palais national, entre le pavillon de l'Unité et le local occupé par les archives, dans les salles actuellement destinées au comptage du papier des assignats, une bibliothèque... »), une bibliothèque pour le Corps législatif, commune aux deux Conseils, un sallon où les députés pourront se réunir aux heures où les Conseils ne seront point assemblés, et deux cabinets de travail.

II. — Cet établissement sera dépendant des Archives et sous l'inspection et direction de l'archiviste, pour être par lui régi conformément aux lois des 7 messidor, 28 fructidor an 3, des décrets du 30 vendémiaire an 4 et autres lois confirmées par celles qui viennent d'être mentionnées.

III. — La bibliothèque, le sallon des conférences et les cabinets de travail seront ouverts tous les jours, le matin depuis neuf heures jusqu'à midi, l'après-midi depuis cinq heures jusqu'à neuf heures. Les membres du Corps législatif, l'archiviste, les rédacteurs des procès-verbaux de l'un et de l'autre Conseil et les employés à la bibliothèque y auront seuls entrée ( La résolution des Cinq-Cents portait : « ... neuf heures. Les représentans du peuple y auront seuls entrée, et à cet effet, ils seront tenus de présenter leur carte pour y être admis ; nul autre que les représentans du peuple, l'archiviste et les employés à la bibliothèque, dont il sera parlé ci-après, n'y sera reçu. »).

IV. — Aucuns livres ne pourront, sous quelque prétexte que ce soit, être transportés hors de la bibliothèque, si ce n'est pour en faire usage momentanément dans les cabinets de travail, et, en ce cas, les représentans du peuple qui s'en seront servis dans les cabinets de travail, les feront remettre à la bibliothèque à l'instant où ils sortiront des cabinets.

V ( La résolution des Cinq-Cents portait les deux articles suivants, qui n'ont pas été maintenus par les Anciens :« ART. 5. — La salle de la bibliothèque étant destinée uniquement à l'étude de la lecture, le silence y sera constamment observé.« ART. 6. — Il ne sera point placé de poêles dans la salle de la bibliothèque, mais seulement un nombre de lumières suffisant pour le service et pour les personnes qui s'y trouveront rassemblés ; il sera également placé des poêles et des lumières dans le sallon des conférences et dans les cabinets. »). — La bibliothèque contiendra, dans les principaux genres, les ouvrages classiques et un choix des livres les plus estimés ; on s'attachera particulièrement à la compléter dans les genres du droit et de la morale publique, de l'histoire des divers États, principalement de l'histoire de France, et de tout ce qui a rapport à son sol, sa population, ses forces, son commerce et ses arts ; l'archiviste établira les correspondances nécessaires pour y faire parvenir les meilleurs livres qui auroient paru depuis peu ou qui paroîtront chez l'étranger, relativement à l'histoire et à la politique des États de l'Europe.

VI. — Les journaux et feuilles périodiques qui seront adressés à la bibliothèque du Corps législatif ou pour lesquels il aura été souscrit, seront placés dans le sallon des conférences, pour y être lus par ceux des représentans du peuple qui le désireront. L'archiviste prendra les moyens indiqués dans l'article précédent, pour y rassembler les journaux étrangers les plus estimés. Ces journaux seront remis dans la bibliothèque après qu'ils auront été déposés pendant un mois dans le sallon des conférences.

VII. — Le premier fonds de la bibliothèque sera formé des livres qui avoient été mis à la disposition du Comité d'instruction publique, distraction faite seulement des livres et manuscrits qui proviennent de la ci-devant Académie des sciences, et qui seront réclamés par l'Institut national. La bibliothèque sera complétée, conformément aux dispositions de l'article V, par des livres pris dans les dépôts des bibliothèques, tant des corps et communautés supprimés que des émigrés. L'archiviste dressera à cet effet les états nécessaires, d'après l'inspection desdits dépôts, et les fera passer au Directoire exécutif, lequel fera exécuter la remise des livres portés auxdits états. Ces états seront dressés de concert avec les commissaires aux archives, et l'archiviste concertera aussi avec les mêmes commissaires l'acquisition des livres nouveaux et le choix des journaux français et étrangers auxquels il sera à propos de souscrire.

Les tablettes nécessaires à la bibliothèque du Corps législatif seront également prises, d'abord dans le dépôt qui se trouvoit placé près le Comité d'instruction de la Convention nationale, et ensuite dans les autres dépôts mentionnés au présent article ( Ce paragraphe est une addition au texte de la résolution des Cinq-Cents).

VIII. — L'imprimeur du Corps législatif, l'imprimeur du Directoire exécutif, les directeurs de l'imprimerie de la République et des autres imprimeries soldées par le gouvernement, feront passer à la bibliothèque du Corps législatif un exemplaire de tous les ouvrages qui sortiront de leurs presses.

IX. — Il sera attaché à la bibliothèque un premier et un second bibliothécaire, qui seront nommés par l'archiviste, destituables par lui, de la même manière que les secrétaires des archives, et responsables des livres commis à leur garde, qui leur seront à cet effet remis par inventaire.

X. — Lesdits bibliothécaires ne pourront être choisis que parmi des citoyens instruits au moins de trois des langues grecque, latine, anglaise, allemande, italienne et espagnole, de manière que chacune de ces six langues soit entendue par l'un ou l'autre des bibliothécaires.

XI. — Indépendamment du travail ordinaire de la bibliothèque, l'enregistrement, le catalogue et le soin des livres, les deux bibliothécaires se partageront, sous la direction de l'archiviste, les travaux qui suivent.

Lorsqu'il arrivera à la bibliothèque des ouvrages étrangers, ils en feront une courte notice, ainsi que des principaux événemens contenus dans les journaux, et ils déposeront cette notice au sallon des conférences, pour être prise en communication par les représentans du peuple ; ils leur fourniront même, à leur réquisition, tous autres renseignemens qui pourroient être tirés desdits livres et journaux.

Il sera établi à la bibliothèque un registre, contenant plusieurs colonnes, assignées chacune à l'un des États de l'Europe, et il sera inscrit dans lesdites colonnes, jour par jour, l'indication sommaire des principaux événemens relatés dans les livres et journaux français ou étrangers, avec la citation du livre ou journal d'où ils auront été tirés, et du numéro sous lequel on les retrouvera dans la bibliothèque.

Ce travail sera fait par le second bibliothécaire, le premier demeurant spécialement chargé du catalogue et de la disposition des livres.

Le traitement du premier bibliothécaire sera de 3,000 livres, valeur de 1790 ; celui du second bibliothécaire de 2,400 livres, même valeur.

XII. — Il sera de plus destiné pour le service de la bibliothèque, du sallon des conférences et des cabinets de travail, un garçon de bureau, dont les appointemens seront les mêmes que ceux du garçon de bureau des archives ( L'article 15 de la résolution a été supprimé :« ART. 15. — Il sera établi, aux mêmes gages, un frotteur chargé de l'entretien de la bibliothèque, du sallon des conférences, des cabinets, que des archives, des cabinets de topographie et pièces dépendantes desdits lieux, ainsi que du montage du bois et autres ouvrages dont les garçons de bureau ne sont pas ordinairement chargés »).

XIII. — Il sera mis, chaque année, à la disposition de l'archiviste, une somme de 6,000 livres, valeur de 1790, pour l'acquisition des livres et journaux, tant étrangers que français, reliures et autres dépenses relatives aux livres. Ces objets seront payés sur les mandats de l'archiviste, et il comptera de l'emploi de la somme, aux termes de l'article XV de la loi du 28 fructidor. A l'égard des autres dépenses, telles que bois, lumières, etc., elles seront acquittées sur les mêmes fonds et de la même manière que les dépenses du même genre qui sont relatives aux archives, le tout aux termes de l'article XV de la loi du 28 fructidor.

XIV. — L'archiviste joindra aux états qu'il est tenu de faire imprimer chaque année de la situation des archives, une notice abrégée de la bibliothèque et des nouveaux livres, particulièrement de ceux acquis chez l'étranger, dont elle aura été augmentée.

Article relatif au bureau de topographie transféré du ci-devant Comité de division aux archives.

Le traitement du secrétaire topographe sera égal à celui du premier bibliothécaire, et le traitement de l'adjoint du secrétaire topographe sera égal à celui du second bibliothécaire.

La présente résolution ne sera point imprimée ; elle sera portée au Conseil des Anciens par un messager d'état.

Du 14 ventôse. — Lecture faite de la résolution ci-dessus, dans les séances des 27 pluviôse, 3 ventôse et de ce jour, et après avoir entendu le commissaire aux archives, le Conseil des Anciens approuve la résolution.

Arch. nat., ibid., pièce 7 . Biblioth. de la Chambre, ibid., n^o 27.

Bibliothèque. — Le représentant du peuple, garde des archives, à ses collègues.

La bibliothèque, établie près le Corps législatif, est actuellement en état ; chacun des représentans du peuple a le droit d'en jouir aux termes de la loi du 14 ventôse dernier.

Le garde des archives auroit désiré qu'au moment de l'ouverture de la bibliothèque, il eût été possible de mettre sur le bureau les deux catalogues dont le plan est arrêté ; l'un, des livres par ordre de matières ; l'autre, des livres par ordre alphabétique. Les choix ou les acquisitions à faire pour compléter la bibliothèque, la nécessité de revoir plus d'une fois la disposition des livres pour mettre chacun à la place convenable, exigeront un certain espace de temps pour dresser les catalogues et les transcrire.

Dans la vue de suppléer momentanément, et autant qu'il est possible, à l'existence des catalogues, le garde des archives va mettre sous les yeux de ses collègues l'ordre des matières selon lequel il a distribué les livres. C'est le moyen de prendre une idée générale de la composition de la bibliothèque et de se fixer sur les livres que l'on peut désirer de connoître. On n'imaginera certainement pas qu'il ait été possible de recueillir tout ce qui a été écrit sur chaque matière ; le local ne l'auroit pas permis ; il faut même aller plus loin, et convenir que, soit faute de local, soit faute de facilité pour les rassembler, de bons livres manquent à la bibliothèque ; mais on ne craint point d'annoncer que dans tous les genres on trouvera les livres élémentaires et classiques et que, dans quelques genres qui méritent une attention spéciale, on aura sous la main les moyens d'acquérir toutes les connoissances utiles.

Voici quelques observations pour particulariser ces idées.

Les écrits des Grecs et des Romains, de ces hommes également célèbres par la sublimité et la justesse de leurs pensées, par la pureté et les charmes de leur style, sont la première base de toute érudition solide. On s'est attaché, indépendamment des éditions isolées, les meilleures et les plus belles, à rassembler les corps complets connus sous le nom d'auteurs ad usum, d'éditions avec les notes variorum, de collections d'Elzevier et de Barbou. On a joint aux textes les traductions les plus modernes.

Le droit et la morale publics étant l'objet capital des études du législateur, on a recueilli sur cette matière les ouvrages estimés, soit parmi les Français, soit parmi les étrangers. Les Allemans sont connus pour avoir approfondi les questions de ce genre ; on a rassemblé plusieurs de leurs écrits, soit en langue allemande, soit en latin, soit en français. Les grands recueils de traités de paix, d'alliance et de commerce ne pouvoient pas être oubliés ; mais on a cherché à les rendre complets, en y ajoutant des collections récentes qui se portent à nos jours, entre autres celle de Martens, imprimée à Gœttingue en 1795, et qui contient les traités conclus jusques et compris le mois d'avril 1794.

A la suite des traités de droit public viennent les traités sur le droit particulier des diverses nations. En se bornant d'ailleurs aux livres fondamentaux, et en élaguant ce qui tient à des abus ou à des formes proscrites, on a cru utile de se procurer un recueil des plus complets qui existe de tous les réglemens anciens sur la justice, la police, les finances, le commerce et les arts.

On a rassemblé les livres classiques sur l'histoire ancienne et sur l'histoire étrangère, les deux éditions de la grande Histoire universelle, les grandes collections de Muratori ; ensuite on s'est attaché particulièrement à recueillir les récits et les monumens relatifs aux révolutions que les gouvernemens et les peuples ont subies ; puis les ouvrages relatifs à l'histoire de France : histoire générale, histoire des ci-devant provinces, mémoires particuliers. L'histoire de la Révolution française a formé, à raison de la multitude des livres, des récits, des dissertations qu'elle a donné lieu d'écrire, une collection déjà ample et à laquelle on continuera de donner ses soins pour la compléter.

Une partie non moins instructive que l'histoire des peuples, est l'étude de leurs mœurs et de leurs usages. C'est ce qui rend la lecture des voyages extrêmement intéressante ; on en a rassemblé un grand nombre, et les plus modernes.

Par rapport à la géographie, indépendamment des atlas principaux et des livres élémentaires placés dans la bibliothèque, on a rassemblé dans le cabinet de topographie, qui est une des dépendances des archives, des collections très amples de cartes géographiques, anciennes et modernes. Il en est d'extrêmement précieuses sur les Pays-Bas, les contrées du Nord et l'Amérique méridionale. Il vient d'y arriver un atlas complet de la Russie, en vingt-huit feuilles, outre deux feuilles de cartes générales, dressé d'après les observations nouvelles et les distributions récentes du territoire.

Les amateurs des langues étrangères ont à leur choix un assez grand nombre de grammaires et de lexiques pour les langues modernes aussi bien que pour les langues anciennes ; les textes et les traductions de bons livres allemans, anglais, espagnols, italiens, soit en vers, soit en prose, la collection des auteurs anglais de Bell, celle des auteurs italiens de Prault. On sait que les deux bibliothécaires étant parfaitement instruits dans les langues anciennes et dans les langues allemande, anglaise, espagnole et italienne, seront toujours empressés à donner sur les ouvrages écrits en ces langues les renseignemens qu'on pourra désirer.

Enfin, on indiquera de superbes collections de monumens gravés, de belles planches d'histoire naturelle, les vastes collections connues sous le titre d'encyclopédies, soit par ordre alphabétique, soit par ordre de matières, de mémoires de l'Académie des sciences, mémoires de l'Académie des belles-lettres, etc.

Les journaux, tant étrangers que français, qui arrivent pour le sallon des conférences, mettant à portée de connoître les livres propres à intéresser les représentans et à faciliter leurs travaux, on aura attention, maintenant que la bibliothèque est formée, d'y placer ces ouvrages aussitôt qu'il sera possible de se les procurer.

Revenons maintenant à l'objet principal de cette annonce, qui étoit l'indication de l'ordre suivi dans le classement et la disposition des livres.

Tableau du classement des livres de la bibliothèque du Corps législatif. Divisions générales : sept classes.

I. Connoissance des livres.

II. Connoissance de l'univers, et spécialement de la terre.

III. Connoissance des êtres spirituels.

IV. Connoissance des êtres corporels.

V. Connoissance de l'homme individuel.

VI. Connoissance de l'homme en société.

VII. Collections appartenantes aux différentes classes des connoissances

humaines.

Divisions particulières.

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Arch. nat., ibid., pièce 10. Biblioth. de la Chambre, ibid., n^o 28.

État des Archives nationales au 1^er prairial de l'an V, et dépenses de cet établissement du 1^ernivôse an IV au 1^ergerminal an V.

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SECTION III

Bibliothèque du Corps législatif.

La bibliothèque du Corps législatif a été établie par une loi du 14 ventôse an IV et placée sous la direction de l'archiviste. L'objet des législateurs a été d'avoir un salon où, dans l'intervalle de la tenue des Conseils, ils pussent se réunir pour lire les papiers publics et conférer, et une bibliothèque choisie, où ils pussent, dans les mêmes intervalles, s'instruire et se délasser. Leur intention a été encore de trouver dans les bibliothécaires des hommes instruits, en état de leur faciliter l'intelligence de pièces ou de passages écrits en langues étrangères ; enfin d'avoir sous les yeux, lorsqu'ils le désireroient, le tableau chronologique et comparatif des principaux faits historiques, surtout depuis la Révolution. Le salon des conférences a été ouvert le premier floréal an 4 ; la bibliothèque a été ouverte le premier messidor, et à cette époque j'ai fait distribuer à mes collègues un avis pour leur rendre compte des vues qui m'avoient conduit quant au choix des livres, et de l'ordre que j'avois établi dans leur distribution. On a journellement, au salon des conférences, une quarantaine d'ouvrages périodiques de toutes couleurs, il faut le dire ainsi, puisqu'il y a encore des hommes qui ne portent pas tous les mêmes couleurs. Parmi les journaux étrangers sont la Bibliothèque britannique de Genève, deux gazettes anglaises, la gazette de Hambourg, allemande, un journal littéraire, allemand, la gazette italienne de Florence, un Mercure espagnol.

La bibliothèque est composée d'environ 16,000 volumes. Limitée à ce nombre par l'espace qu'elle occupe, il est impossible de se flatter que, dans aucune partie, elle soit complète, au point d'embrasser tous les détails ; elle ne peut être qu'un choix de bons livres dans les divers genres. C'est le but que je me suis proposé : de tout un peu, rien que d'intéressant. Ces motifs-là même m'ont déterminé à ne rien négliger en auteurs classiques, et à rassembler beaucoup de voyages ; ces livres sont une source également féconde d'instructions et de délassement.

Le premier fonds de la bibliothèque du Corps législatif a été celle du Comité d'instruction, formée par la Convention. Il n'y avoit point d'inventaire de cette bibliothèque, mais quelques notes seulement, et plusieurs exemplaires d'ouvrages se sont trouvés incomplets. J'ai puisé ensuite dans les dépôts littéraires du département de la Seine et de Versailles ; enfin j'ai fait quelques acquisitions.

Après le choix des livres et des éditions, je n'ai pas été indifférent à la beauté des exemplaires. La beauté du caraclère ou du papier ne supplée certainement pas au défaut de bonne qualité du livre, mais elle n'y nuit pas non plus ; elle ajoute le plaisir des yeux au plaisir de l'esprit.

Le travail le plus intéressant pour l'usage de la bibliothèque est un catalogue, ou plutôt deux catalogues : l'un par ordre de matières, afin que l'on puisse connoître, sur les divers objets, la suite des ouvrages propres à être consultés, et qui sont rassemblés dans la bibliothèque ; l'autre, par ordre alphabétique, afin de faciliter la recherche des livres dont on connoît le titre et l'auteur.

Tous les livres sont inscrits sur des cartes, et la confection des catalogues ne consiste que dans la transcription des cartes sur des registres, selon l'ordre convenable ; mais cette opération exige du temps. Le catalogue par ordre de matières est fait à plus de moitié ; on ne peut entreprendre le catalogue par ordre alphabétique qu'après que le catalogue par ordre de matières sera achevé, parce qu'il faut, en se servant des mêmes cartes, les ranger selon une disposition nouvelle.

Le tableau chronologique des faits remarquables se rédige journellement. On a l'attention aussi de mettre au salon des conférences, des notices en français de ce qui se trouve de plus saillant dans les journaux étrangers.

En traitant du choix des livres qui doivent former la bibliothèque, je n'ai point entendu parler ni des objets relatifs à l'histoire de la Révolution, ni de quelques écrits qui, sans avoir en eux-mêmes assez d'importance pour être conservés dans une bibliothèque, sont piquans dans leur nouveauté, à raison des circonstances. Aussitôt que j'ai connoissance d'écrits dans ce genre, qui peuvent intéresser les représentans du peuple, je m'empresse de les placer à la bibliothèque.

Quant aux ouvrages relatifs à la Révolution, ils sont contenus dans la première salle, uniquement destinée à les rassembler. Là se trouvent des collections complètes des procès-verbaux imprimés, des lois, des journaux les plus estimés, et une multitude de pièces détachées dont j'ai fait relever les titres pour en disposer une table alphabétique. Elles sont au nombre de plus de onze mille. On va commencer la transcription de la table pour la déposer dans la bibliothèque.

Aussitôt qu'un livre nouveau arrive à la bibliothèque, on en met l'annonce sur une feuille au sallon des conférences.

Au surplus, j'invite les représentans du peuple, qui ne trouveroient pas à la bibliothèque quelque livre, soit ancien, soit moderne, qui leur paroîtroit devoir y être placé, à en donner la note ou aux bibliothécaires ou à moi. Il sera promptement satisfait, soit par l'acquisition du livre, soit par l'exposé des motifs qui ne permettroient pas de se conformer à sa proposition.

Les travaux à faire dans la partie de la bibliothèque consistent principalement dans un service journalier exact, et dans la recherche constante de tout ce qui est propre à rendre la bibliothèque plus utile ou plus agréable. Un autre objet de travail est la confection des catalogues, et j'espère qu'ils seront bientôt terminés.

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État des Archives nationales au 1^er prairial an VI, et dépenses de cet établissement pendant le cours de l'an V.

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SECTION III

Bibliothèque.

Graces infinies soient rendues à quiconque concourt à éclairer les hommes, à dissiper les préjugés, à propager les lumières, à tromper les ennuis des mortels, à les consoler, à récréer leur esprit en composant, en imprimant, en publiant des livres ! L'expérience de deux années a convaincu les représentans des avantages de la loi du 14 ventôse an IV, qui a ordonné l'établissement d'une bibliothèque près le Corps législatif, et d'un salon où l'on se réunit pour la lecture des papiers publics.

Mon devoir étoit d'exécuter la loi ; mon goût particulier m'a fait de ce devoir une occupation très agréable et conséquemment suivie avec zèle. Pour ce qui concerne les papiers publics, il y en a toujours un grand nombre au salon ; deux feuilles étrangères viennent assez exactement, la Gazette d'Hambourg et le Journal littéraire d'Iéna. Les circonstances ont mis beaucoup d'entraves à la réception des papiers anglais ; il y a eu des interruptions, des lenteurs. Les journaux même italiens n'ont pas été rendus exactement. Il est très difficile, en général, de se procurer actuellement des journaux étrangers, au moins par les voies ordinaires, parce que ceux qui les envoient sont obligés d'avancer les frais du port et du timbre.

J'avois promis l'année dernière deux catalogues de la bibliothèque, l'un par ordre de matières, l'autre par ordre alphabétique. Le premier est à la bibliothèque ; il compose trois volumes in-folio. Le second est presque entièrement disposé sur des cartes, et sous un mois on commencera à le mettre au net. Il faut encore un catalogue particulier, celui des livres et des pièces fugitives relatives à la Révolution ; ce sont tous les volumes rassemblés dans les armoires de la première pièce ; le catalogue est fait ; on le copie, et l'on en jouira dans quelques mois.

En parcourant le catalogue par ordre de matières, il est facile de prendre une idée du plan sur lequel la bibliothèque a été composée. Je me suis attaché à faire un choix des meilleurs livres sur toutes sortes de matières, en donnant néanmoins plus d'étendue à des articles importans : par exemple, aux classiques grecs, latins, français, anglais ; ces livres sont la source de toute bonne doctrine ; aux descriptions de voyages, c'est là que l'on étudie les hommes, et la connoissance des hommes est la base de toutes les déterminations des législateurs ; enfin aux ouvrages de politique et d'économie. On trouvera dans ce genre, indépendamment de beaucoup de traités particuliers, les collections modernes de Robinet et de Felice ; on voudra bien observer que je nomme ces compilateurs seulement comme des indicateurs, tant des objets que l'on doit étudier que des sources que l'on peut consulter.

La bibliothèque offre aux amateurs des arts les grandes collections d'Herculanum, de Pompéia, de Naples, de Sicile ; il y a des éditions superbes, de beaux livres d'histoire naturelle, tels que les Oiseaux de Buffon, les Poissons de Bloch. J'ai tiré plusieurs de ces grands ouvrages des dépôts ; quelques-uns ont été présentés comme hommages au Corps législatif ; il en est beaucoup que j'ai achetés sur les fonds destinés à la bibliothèque. Qu'on ne soit pas surpris que j'aie été attentif à la beauté des éditions, des formats et de tout ce qui caractérise un livre précieux. J'ai pensé que la bibliothèque du Corps législatif devoit répondre à la dignité des représentans de la grande nation auxquels elle est destinée ; j'ai pensé encore qu'il y avoit dans ce genre des entreprises qui honoroient la République et qu'il falloit encourager ; c'est ce qui m'a déterminé, en particulier, à souscrire pour la magnifique édition de Virgile donnée par Didot l'aîné.

Un objet qui a singulièrement fixé mon attention, a été de compléter les ouvrages et les collections dont un très grand nombre n'étoient arrivés des dépôts qu'incomplets dans plusieurs de leurs parties. Qu'est-ce qui distingue une bibliothèque d'un magasin de librairie, si ce n'est l'ensemble et la perfection des parties qui la composent ? Il faut, lorsque l'on veut étudier un livre, le posséder entier, de la meilleure édition ; et s'il a donné lieu à des censures ou à des contradictions sérieuses, il faut pouvoir juger, par l'inspection des pièces, de la solidité soit de l'attaque, soit de la défense.

Dans son état actuel, la bibliothèque du Corps législatif, en y comprenant ce qui est placé dans un dépôt où ont été renvoyés, faute de place, les livres d'un usage moins journalier, est composée d'environ seize mille volumes. Il me semble que dans cet état, et vu le défaut d'espace, on doit plus s'occuper d'améliorer, de perfectionner et de compléter les choix, que d'augmenter le nombre des volumes.

Il importeroit beaucoup à la facilité de l'usage de la bibliothèque et à l'intérêt que ce dépôt littéraire doit inspirer aux représentans, d'en faire imprimer le catalogue. Non seulement ils connoîtroient mieux les richesses qu'ils ont à leur disposition, mais ce seroit d'ailleurs une occasion de leur présenter une multitude de notes bibliographiques extrêmement intéressantes, lorsqu'on veut user des livres avec discernement, et dont une partie a déjà été écrite, les unes par le citoyen Simon, bibliothécaire, les autres par moi, soit sur les livres, soit sur le catalogue.

J'ai conçu un autre projet : je voudrois, si l'on imprimoit le catalogue, ajouter à l'indication des livres qui sont dans la bibliothèque, l'indication (modifiée par un signe particulier) des livres qui devroient y être, mais qu'il n'a pas encore été possible de se procurer. Le catalogue ainsi rédigé auroit un grand avantage : il offriroit le tableau de ce qu'on peut consulter de mieux sur chaque matière, et il serviroit de guide pour les achats à faire à la bibliothèque. Ce seroit un catalogue de livres choisis, non pas parmi ceux qui ne sont que des curiosités de libraire, mais parmi les livres utiles qui contribuent au bonheur particulier, en nourrissant l'esprit, au bonheur public, en éclairant l'homme, l'échauffant, l'embrasant d'un amour ardent pour le bien de la société, et en lui suggérant les moyens de l'opérer.

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Archives de la République. État des Archives au premier prairial an VII et dépenses de cet établissement pendant le cours de l'an VI.

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SECTION III

Bibliothèque.

J'avertis, l'année dernière, qu'on s'occupoit d'ajouter aux catalogues des livres par ordre de matières, d'autres catalogues utiles, celui des livres relatifs à la Révolution, qui remplissent l'avant-bibliothèque, et même celui de toutes les pièces détachées, qui composent un grand nombre de recueils déposés dans cette partie de la bibliothèque ; un catalogue des cartes qui sont au bureau de topographie ; un catalogue des livres qui sont dans les salles servant de dépôt, enfin, un catalogue par ordre alphabétique des auteurs dont les ouvrages composent la bibliothèque. La majeure partie de ces travaux est terminée. On a sur les bureaux de la bibliothèque trois nouveaux volumes de catalogues, dont deux contiennent uniquement les titres des recueils et des pièces qui concernent la Révolution ; ces pièces sont au nombre de plus de dix mille. Les avertissemens que j'ai mis en tête de chacun des nouveaux catalogues indiquent leur objet et le plan que j'y ai suivi, avec plus d'étendue que je ne pourrois le faire ici ; j'invite à en prendre lecture.

Le catalogue par ordre alphabétique des auteurs a été dressé sur des cartes par le citoyen Simon, premier bibliothécaire ; il est maintenant occupé à le transcrire ; le premier volume est terminé et sera incessamment sur le bureau. Le citoyen Devitry, second bibliothécaire, s'occupe de la rédaction des fastes annuels de l'Europe, ordonnée par la loi du 14 ventôse an IV, et de la communication des livres qui sont demandés.

Quant aux livres qui composent la bibliothèque, ils sont exposés ; ils sont énoncés dans les catalogues ; chacun peut juger si j'ai réussi, comme je le désirois, à faire des choix utiles et agréables et à donner à la bibliothèque l'état de décence qui convient à la majesté de la représentation nationale.

Souvent je voudrois la rendre plus abondante en nouveautés ; mais la modicité des fonds assignés pour cette dépense m'arrête. Ces fonds sont de 6,000 francs, sur lesquels il faut payer, soit les reliures et l'entretien des livres, dépense d'autant plus considérable que la plupart de ceux dont on fait hommage au Corps législatif lui sont présentés en feuilles, soit les journaux et autres ouvrages périodiques, qui absorbent près de 2,000 fr. A l'égard des journaux même, il en manque à la bibliothèque qui devroient s'y trouver : ce sont les gazettes étrangères. Il n'y en arrive qu'une seule politique, la Gazette d'Hambourg, et une littéraire, la Gazette d'Iéna, toutes deux en allemand. Les tentatives que j'ai faites, et souvent réitérées, pour me procurer les papiers anglais et les gazettes italiennes, ont été sans succès ; on se faisoit payer des souscriptions pour un trimestre, et l'on envoyoit à peine les feuilles d'un mois ; on s'excusoit, soit sur la prohibition de l'entrée de certaines feuilles, soit sur le refus que font les bureaux de poste de se charger de feuilles périodiques, à moins qu'elles ne soient timbrées et que le port n'en soit payé d'avance. Je ne perds pas de vue l'idée que j'ai déjà plusieurs fois jetée en avant, de l'impression du catalogue de la bibliothèque ; mais c'est une dépense, et il est des temps où l'on doit avoir la sage retenue de ne pas proposer des dépenses même utiles.

Arch. nat., AD VIII 12, pièces 3, 7 et 12. Biblioth. de la Chambre, ibid., n^os 4, 5 et 6.

(Bibliothèque de l'Arsenal, manuscrit n^o 6503.)

Dépôt de la rue Saint-Marc, 24 thermidor an IV (fol. 303).

Manuscrits de la bibliothèque Sillery.

Journal de l'assemblée des États généraux convoquée à Versailles le 27 avril 1789, 3 vol. folio, reliés en vélin ch.

Idem, deux volumes, reliés en vélin.

Correspondance générale de M. le marquis de Sillery pendant la tenue des États généraux de 1789, 2 volumes, reliés en vélin.

Mémoire sur la deffense terrestre de Saint-Domingue, onze cahiers dans un portefeuille avec serrure.

Affaires des Colonies, correspondance, dans un portefeuille avec serrure.

Négotiations de M. Brulart de Léon, ambassadeur à Venize, 3 volumes in-folio, veau marbré.

Opuscules de M. de Sillery, évêque de Soissons.

Registre contenant des réflexions sur l'administration intérieure du royaume et sur le clergé.

Autres manuscrits.

Observations sur les finances, la navigation et le commerce d'Angleterre, un cahier in-folio.

Mémoire sur la Louisiane, in-4^o, relié en veau.

Mémoire concernant le thrézor royal, par M. Philippe, in-4^o, m. ch.

Projet d'établissement d'un crédit public en France, folio, veau marbré [N^o 1143.]

États de 1560, in-folio, veau brun. [N^o 408.]

États de 1355, 1483, in-folio, veau brun. [N^o 403.]

États tenus à Fontainebleau, à Orléans, en 1560, in-folio, veau marbré. [N^o 406.]

États de Blois, 1588, in-folio, veau brun. [N^o 409.]

Dépôt des Cordeliers. — Bibliothèque Néel, 6 vendémiaire an V (fol. 306). Miscellanea Helvetica, manuscrits et imprimés, 1 vol. in-folio. Miscellanea politica, manuscrits et imprimés, 1 vol. in-folio.

Dépôt de la rue de Lille, 11 vendémiaire an V. — Bibliothèque Condé, émigré (fol. 313 v^o).

Pièces manuscrites du cinquième bureau des Notables assemblés à Versailles, au mois de février 1787, 2 volumes in-folio, veau.

Assemblée des notables tenue à Paris en 1626 et 1627 (de chez Josse Saint-Laurent), petit in-folio. [N^o 414.]

Bibliothèque Vergennes (fol. 314 v^o).

« Extrait de l'État politique de France. 1778 ; manuscrit in-4^o, maroquin rouge, pages encadrées.

Extrait des Puissances souveraines de l'Europe. 1778 ; manuscrit in-4^o, maroquin jaune, pages encadrées.

Militaire de France, année 1777. Manuscrit in-4^o, maroquin rouge, pages encadrées. [N^o 1217.]

Bibliothèque femme Marbeuf, émigrée (fol. 318 v^o).

Dignité et prérogatives du clergé, de la noblesse et de la magistrature dans l'ordre constitutif de la monarchie ; manuscrit, avec une table, in-4^o, maroquin rouge, 256 pages.

Dépôt des Cordeliers, 7 messidor an V. — État des manuscrits provenans de la maison Penthièvre (fol. 331).

L'Office de la pénitence, in-8^o. [N^o 7.]

Officium dispositum per hebdomadam, petit in-4^o. [N^o 9.]

Parallèle de l'observance de l'abbaye de Sept-Fonts, etc. [N^o 91.]

De la jurisdiction ecclésiastique. [Cf. n^o 28.]

Droit public, par l'abbé Fleury.

Réflexions sur l'histoire de France.

Histoire de la pairie de France, 2 in-folio, sans couverture.

État des places et gouvernemens du royaume de France, in-12. [N^o 1220.]

Mémoire et plans géographiques des principales places de France, par un Breton, petit in-4^o.

Répertoire intitulé : Recueil de cartes, plans et dessins du feu maréchal d'Étrée, in-folio. [N^o 1203.]

Traité sur la marine, in-folio.

Officiers de la marine, in-folio.

Extraits des registres des délibérations des États de Bretagne, de 1567 à 1745, 2 grands in-folio.

Recueil de tout ce qui a rapport au travail du septième bureau de l'Assemblée des notables, in-folio, cartonné.

Recueil de pièces qui ont trait au travail des bureaux de l'Assemblée des notables, in-folio, cartonné.

Pièces relatives au cérémonial de l'Assemblée des notables, in-folio, cartonné.

Les Matinées du roi de Prusse, petit in-4^o. [N^o 1459.]

État des domaines du duché de Rambouillet, petit in-4^o.

État des bois de Rambouillet, petit in-4^o.

Mémoires du comté d'Eu et d'Aumale, cinq petits in-4^o.

Essai historique de l'abbaye de Notre-Dame d'Eu, petit in-4^o. [N^o 1375.]

Trois cartons intitulés : Manuscrits divers.

Total : trente, tant volumes que cartons ; plus un paquet de cahiers manuscrits de peu de valeur, tels que cahiers de droit, extraits d'auteurs, sermons et paraphrases. [Voir n^os 19, 21, 92, 93, 1537.]

Dépôt des Cordeliers, 16 pluviôse an VI (fol. 353).

Le ministre de l'Intérieur autorise le conservateur à remettre à Camus « les volumes manuscrits contenant des registres, extraits et tables de registres des ci-devant Parlements, Cour[s] des aides, Chambres des comptes, Conseil, etc., qui se trouvent dans votre dépôt. » [Voir n^os 26, 437-472, 1037, 1093, 1355-1356, 1379, 1523-1528, 1533-1536.]

Dépôt des Cordeliers, 13 ventôse an VI (fol. 359). Roman de la Rose, manuscrit, in-folio. [N^o 1230.]

Dépôt des Cordeliers, 2 thermidor an VI (fol. 366). Dix volumes manuscrits sur le droit allemand. [N^os 234-240.]

Dépôt Antoine, 3 nivôse an VII (fol. 372).

Recueil des procès-verbaux des assemblées du Clergé de France, 107 volumes in-folio [Cf. n^os 37-85 et 86-88.]

La bibliothèque de la Chambre des députés fut fondée par une résolution du Conseil des Cinq-Cents, en date du 26 pluviôse an IV (15 février 1796). Il lui fut assigné pour premier fonds douze mille volumes, que le Comité d'instruction publique avait réunis à l'hôtel d'Elbeuf, place du Carrousel. Le Conseil des Cinq-Cents siégeait alors aux Tuileries. Lorsqu'il fut transféré au Palais-Bourbon, la bibliothèque le suivit et fut conservée au Corps législatif, qui remplaça ce Conseil ; mais, quoique placée dans le local même du Corps législatif, cette bibliothèque ne lui appartenait pas ; il n'en avait pas même la jouissance exclusive, car il la partageait avec le Tribunat et le Conseil d'État, qui tous deux cependant avaient leur bibliothèque particulière. Le ministre de l'Intérieur nommait seul les bibliothécaires et réglait tout ce qui concernait l'acquisition des livres et leur surveillance. Ce ne fut qu'en l'an XIII (1804), lorsque le sénatus-consulte de frimaire an XII eut donné une nouvelle organisation au Corps législatif, que la bibliothèque fut déclarée lui appartenir. Depuis 1814, elle est devenue la propriété de la Chambre des députés.

Le fonds primitif de douze mille volumes, du Comité d'instruction publique, fut successivement augmenté d'ouvrages divers, tirés des dépôts de bibliothèques supprimées, d'un exemplaire de chaque nouvelle publication, que les imprimeurs et l'Imprimerie royale devaient déposer, et enfin par le moyen d'une allocation annuelle de 6,000 francs, mais dont une partie passait à l'abonnement aux journaux.

La bibliothèque possédait environ 18,000 volumes lorsqu'elle devint la propriété dn Corps législatif. L'allocation annuelle ayant été portée à 10,000 francs, le nombre des volumes s'éleva bientôt à 25,000, et c'est ainsi qu'elle fut transmise en 1814 à la Chambre des députés, à l'époque de la Restauration.

Depuis, son crédit annuel de 10,000 francs ayant été affranchi de la dépense des journaux, et plusieurs fois des suppléments lui ayant été accordés sur le boni des exercices, d'importantes acquisitions ont été faites, et le nombre des volumes s'élevait, en 1827, à 43,893, répartis de la manière suivante :

Ce nombre excède aujourd'hui cinquante-trois mille ; mais la répartition, qu'on vient d'indiquer et qui s'est continuée, montre suffisamment qu'aucun système particulier n'avait été adopté dans la composition de cette bibliothèque et qu'on réunissait indistinctement tout ce qui se présentait de bons ouvrages sur toutes les matières. Les rapports des commissions de comptabilité ( Rapport de M. Gauthier en 1827.) signalent même avec satisfaction le choix des ouvrages sous le rapport de leur beauté, de leur prix, des éditions princeps, des manuscrits, soit anciens, soit modernes, des collections d'œuvres gravées de grands peintres, de médailles et de cartes géographiques.

Il nous a paru qu'il était temps de suivre une autre marche, plus d'accord avec les travaux dont s'occupe la Chambre, et de nous attacher principalement à l'acquisition d'ouvrages qui, avec le temps, pourraient composer une bibliothèque spéciale et complète de législation. Si cette idée était venue plus tôt à la pensée et qu'on y eût appliqué les 380,000 francs qui ont été employés depuis trente-sept ans, on aurait aujourd'hui, au lieu d'ouvrages de luxe, la collection la plus importante, la plus utile, la seule même qui existe en Europe pour toutes les matières relatives aux travaux parlementaires.

Il ne faut pas cependant regretter l'emploi de ces fonds, qui ont servi à l'acquisition d'ouvrages d'art, d'histoire et d'érudition, choisis avec goût et discernement, par le respectable conservateur de notre bibliothèque, que nous avons eu le malheur de perdre dernièrement.

Pour peu qu'on se livre à des recherches approfondies sur un point quelconque de critique, on sait que les ouvrages spéciaux sur ces matières suffisent rarement et qu'il faut toujours recourir aux sources ou aux ouvrages classiques, qui n'ont souvent qu'un rapport éloigné avec l'objet principal. Le local, d'ailleurs, ne permettait pas de placer un plus grand nombre de livres, et on devait s'attacher plutôt à leur valeur réelle qu'à leur nombre. Il n'en sera plus ainsi par la suite, et, la nouvelle salle pouvant contenir 100,000 volumes, il sera facile de placer commodément les 53,000 que nous possédons, de les ranger dans un ordre de matières systématique, et de trouver dans les dépendances de la Chambre de nombreux dépôts lorsque les acquisitions dépasseront ce nombre.

Nous avons donc pensé que, sans réformer aucun des ouvrages que nous possédons, nous pourrions destiner, à l'avenir, les principales dépenses à compléter tout ce qui concerne la législation. C'est d'après ce principe que nous avons fait, l'année dernière, l'acquisition précieuse : 1^o d'une collection unique de décrets, rapports, écrits divers relatifs à la Révolution de 1789, recueillis par les soins de feu M. Portiez, de l'Oise, et formant plus de mille volumes, imprimés ou manuscrits, sur les discussions de nos assemblées nationales et dont une grande partie n'existe nulle part [ailleurs] ( Il s'y trouve, entre autres, la singulière collection de plus de 3,000 affiches, imprimées ou manuscrites, apposées sur les murs pendant la Révolution, et faisant connaître les mesures adoptées alors pour la police, les mouvements des armées, les ventes de domaines nationaux, proclamations, exécutions, etc., etc.) ; 2^o d'un recueil complet des discussions des Cortès, en 63 volumes reliés, intéressant dans les circonstances actuelles ; 3^o d'un recueil de chartes, comptes originaux et manuscrits, cités dans l'Histoire des Français de Monteil, et renfermant des documents sur les finances de France aux différentes époques, toutes pièces qui, dans les ventes, en général, sont peu recherchées, mais qui, se rattachant à un but, à un ensemble spécial, acquiérent sur-le-champ et par cela seul une grande valeur. Nous sommes occupés d'autres acquisitions du même genre, autant que le peu de fonds alloués dans notre budget le permet ( Il en est une surtout qu'il serait bien important de posséder, c'est la collection de M. Deschiens, à Versailles, qui comprend, dans 12,000 cartons, à peu près tout ce qui a paru de journaux et de pamphlets depuis quarante ans.).

Nous avons été secondés dans ces vues par la sollicitude généreuse de plusieurs gouvernements, auxquels nous nous sommes adressés afin d'obtenir par échange, ou seulement par bienveillance mutuelle, beaucoup de documents et d'écrits qui ne sont point dans le commerce. Le Parlement anglais, auquel le président de la Chambre en 1831, M. Girod, de l'Ain, écrivit, nous a envoyé le recueil de tous les débats parlementaires, enquêtes, discours, rapports, pièces justificatives, correspondance diplomatique, pendant toutes les sessions du parlement d'Angleterre depuis 1801 jusqu'au 21 août 1831, formant 437 volumes in-folio, reliés magnifiquement. On en trouve le détail dans le catalogue, page 202 ( Nous nous sommes adressés aux différens ministres pour recevoir et envoyer, an nom de la Chambre, au Parlement anglais, un ensemble d'ouvrages importants en échange, et nous espérons que sous le rapport de l'intérêt parlementaire, du soin et de la beauté de la reliure, nous ne serons point restés en arrière.) ; nous étions déjà riches en Annual register, Collections of debats, etc., mais nous n'aurions pu nous procurer une aussi précieuse addition.

Le gouvernement belge s'occupe à réunir également tout ce qui peut nous intéresser, et l'un de nous a été l'année dernière se concerter à cet égard avec le conservateur des archives de la Chambre des Représentants. Nous cherchons à obtenir également des différents cabinets, avec lesquels la France entretient des rapports bienveillants, de semblables renseignements sur tout ce qui tient aux différentes branches de l'administration et de la statistique. Si l'échange des nouvelles publications, qui se négocie dans ce moment avec plusieurs gouvernements, réussit, notre collection s'augmentera rapidement, et nous ne pouvons douter que le gouvernement, qui a déjà enrichi notre bibliothèque de grands et beaux ouvrages sortis des presses françaises, n'arrive à seconder le but nouveau que nous nous sommes proposé, et qu'il ne peut manquer d'approuver.

Le catalogue dont nous publions aujourd'hui la première partie et qui a occasionné une légère dépense dans le budget de 1832, comprendra : 1^o les ouvrages que nous possédons ; 2^o et, en plus petit caractère, la liste des ouvrages dans toutes les langues, imprimés sur les mêmes sujets, et qu'on se propose successivement d'acquérir. Cette liste, pour ce qui concerne la jurisprudence, a été formée principalement de la Bibliothèque du droit public, par M. Dupin aîné, et des catalogues de la Bibliothèque royale et de la Cour de cassation. Elle s'élève à 5,250 volumes. Chacun de MM. les députés, à qui le catalogue sera délivré, sera invité à ajouter à la liste le nom des ouvrages qui auraient été omis et qui seront compris dans les acquisitions successives. Ce catalogue sera donc ainsi lui-même et d'avance un répertoire aussi complet que possible de chacune de ces matières, chose qui n'existe qu'imparfaitement dans la librairie, et la bibliothèque pourra former, avec le temps, la collection la plus importante et la plus étendue pour tout ce qui concerne les débats parlementaires, les questions d'économie politique, d'administration, de finances, enfin le régime constitutionnel, et le moyen d'étendre le plus loin les améliorations de tout genre. Elle sera telle, nous l'espérons, que les savants nationaux et étrangers seront obligés d'y recourir et qu'on pourra par la suite leur en accorder la faveur dans l'intervalle des sessions.

L'art de gouverner est devenu aujourd'hui une science, qui se développe dans toutes les branches qu'elle embrasse, et il est naturel que le dépôt des immenses matériaux qu'elle comprend soit placé dans le lieu même où son action s'exerce avec le plus d'importance ( Cet alinéa ne figurait pas dans la première rédaction.). Quoique nous proposions d'appliquer les deux tiers ou les trois quarts des fonds qui seront alloués, à suivre cette pensée, nous réserverons cependant la somme nécessaire pour l'acquisition de tous les ouvrages nouveaux et importants qui paraîtront, afin que MM. les députés ne soient point privés de la lecture d'ouvrages d'un mérite distingué et qui d'ailleurs compléteraient les différentes matières auxquelles ils appartiennent. Nous nous féliciterons si cette mesure a l'approbation de nos collègues et nous n'omettrons aucune démarche, aucun soin pour en accélérer le succès.

Les questeurs de la Chambre, A. DE LABORDE, DU MEILET.

Rapport présenté à la Chambre des députés, dans la séance du 5 juin 1847, par M. Vitet, au nom de la commission spéciale ( Cette Commission est composée de MM. Le Prévost, Vitet, Ternaux-Compans, le marquis de la Grange, Clément, Saint-Marc-Girardin, Taillandier, Génin, Meynard.) chargée de faire un rapport sur tout ce qui est relatif au service de la bibliothèque, à son organisation et à la confection d'un catalogue.

MESSIEURS,

Dans sa séance du 15 juin dernier, la Chambre des députés, délibérant en comité secret, décida, sur la proposition d'un de ses membres, « qu'il serait nommé, au commencement de la session suivante, une Commission spéciale chargée de faire un rapport sur le service de la bibliothèque, sur son organisation et sur la confection d'un catalogue ».

Conformément à ce vœu de la Chambre, une Commission a été nommée. Elle a reconnu, après un attentif examen, qu'il y avait quelques améliorations à introduire dans votre bibliothèque, et nous a chargés de vous soumettre les moyens de les réaliser.

De toutes ces améliorations, la plus importante, la plus impatiemment attendue, c'est nn catalogue complet, méthodique, facile à consulter, et se prêtant, pour l'avenir, à tous les accroissements que pourra recevoir la bibliothèque.

Il existe bien, en ce moment, une certaine série de volumes in-folio sur les pages desquels sont inscrits les titres de presque tous les livres que possède la Chambre, mais ce catalogue, composé il y a près de 50 ans, ne peut plus satisfaire aux besoins du service actuel ; d'une part, il s'y trouve des lacunes qui le rendent insuffisant, de l'autre, des intercalations et des surcharges qui en font un grimoire souvent indéchiffrable.

Quand on remonte à l'origine de la bibliothèque de la Chambre des députés, quand on voit comme elle s'est formée, quel genre de développements elle a pris, surtout depuis 15 ou 20 ans, on ne s'étonne plus que son catalogue, bien que fait avec soin, mais conçu dans le système approprié aux bibliothèques ordinaires, c'est-à-dire non spéciales, soit aujourd'hui hors de service.

Le premier fonds de cette bibliothèque avait été formé, en 1793, par le Comité d'instruction publique de la Convention nationale, pour l'usage des membres de l'assemblée. Il se composait de livres provenant des Académies alors détruites, et de quelques communautés religieuses supprimées. En l'an IV, la commission des inspecteurs du Conseil des Cinq-Cents, les questeurs de cette époque, l'affectèrent au service du Corps législatif, après en avoir distrait les livres appartenant aux anciennes Académies, livres qui devinrent le noyau de la bibliothèque actuelle de l'Institut. Pour combler en partie les vides résultant de cette restitution, on ordonna qu'une autre bibliothèque, affectés au service d'un autre comité de la Convention, l'ex-comité de législation, serait réunie à la nouvelle bibliothèque du Conseil des Cinq-Cents. Deux salles du palais des Tuileries furent désignées, l'une pour recevoir les livres, l'autre pour servir de chauffoir. Enfin, le 14 ventôse an IV, sur la proposition du savant et illustre Daunou, une loi vint sanctionner toutes les résolutions dont ces collections de livres avaient été jusque-là l'objet, et les attribua définitivement au Corps législatif.

Telle est l'origine de votre bibliothèque. La théologie ne pouvait manquer d'y occuper une place relativement très grande ; ainsi le voulait la source où l'on avait puisé ; mais les autres branches des connaissances humaines n'y étaient cependant pas négligées. C'était une de ces bibliothèques à peu près complètes, telles que les congrégations savantes s'entendaient à les faire, telles qu'on en voit aujourd'hui dans quelques-unes de nos villes, qui en ont hérité des couvents voisins.

Le catalogue fut conçu et exécuté comme si la bibliothèque eût été destinée à ne pas s'accroître, ou, du moins, à ne s'accroître que lentement et également dans toutes ses parties. On donna la même importance, on traita de la même manière chacune des divisions ordinairement adoptées par les bibliographes, c'est-à-dire la théologie, la jurisprudence, les sciences et arts, les belles-lettres, l'histoire, et on se contenta, selon l'usage, d'une seule lettre comme signe indicateur des livres appartenant à chacune de ces divisions, savoir : l'A pour la théologie, le B pour la jurisprudence, le C pour les sciences, le D pour les belles-lettres, et l'E pour l'histoire.

Jusqu'en 1814, rien ne vint troubler la paix et l'harmonie de ce catalogue ; une assemblée qui ne parlait pas n'avait pas grand souci de ses lectures. Ceux de ses membres qui fréquentaient la bibliothèque n'y venaient que pour relire leurs classiques ; et si, par hasard, alors on achetait quelques volumes, c'était des Elzevier et autres raretés, dont le bibliothécaire était grand amateur.

Il en fut à peu près ainsi pendant les premières années de la Restauration ; mais peu à peu on se montra plus exigeant : on voulut que la bibliothèque vînt en aide aux orateurs ; on lui demanda des documents qu'elle ne possédait pas ; on signala des lacunes qu'il importait de combler, et à mesure que la vie parlementaire prit parmi nous une force nouvelle, surtout depuis 1830, ces justes exigences ne firent qu'aller croissant. Aujourd'hui, tout le monde le reconnaît, la bibliothèque d'une assemblée délibérante ne doit pas être seulement un moyen d'étude et de passe-temps pour quelques membres érudits, il faut qu'elle soit un instrument propre, avant tout, à la préparation et à la discussion des affaires, un instrument parlementaire par excellence. Voilà pourquoi vous avez demandé, et avec raison, qu'on travaillât à vous créer une bibliothèque spéciale, et que les fonds que vous consacrez annuellement à des achats de livres fussent exclusivement appliqués à certaines catégories d'ouvrages.

Qu'en est-il résulté ? Que dans quelques-unes des divisions de la bibliothèque, le nombre des livres est demeuré à peu près stationnaire, tandis que dans d'autres il s'est considérablement accru. Or, comme les compartiments du catalogue n'étaient pas mobiles, comme ils ne se prêtaient pas au nouveau mode de recrutement introduit dans la bibliothèque, l'encombrement est devenu bientôt tellement excessif sur certains points qu'il n'a plus été possible d'y maintenir ni ordre ni clarté.

Ainsi, pour nous borner à quelques exemples, nous citerons, dans la division des sciences et arts, les mots : administration, canaux, commerce, économie politique, finances, fortifications, navigation, statistique, travaux publics, etc. Sous chacune de ces dénominations, on ne trouvait, il y a 20 ans, dans le catalogue, qu'un petit nombre d'ouvrages ; ces ouvrages portaient des numéros se succédant sans interruption : ainsi, après le dernier ouvrage d'économie politique, désigné par le numéro 374, venait immédiatement, sous le numéro 375, un ouvrage appartenant à une autre matière. Chaque fois donc qu'il a fallu introduire un nouvel ouvrage d'économie politique, on s'est trouvé dans la nécessité de lui donner le numéro 374, sauf à ajouter à ce numéro tantôt une croix ou tout autre signe distinctif, tantôt des petites lettres simples ou doubles, tantôt ces mots : bis, ter, quater, etc. Ces manières conventionnelles et compliquées de numéroter les livres n'ont pas seulement l'inconvénient d'en rendre la recherche sur le catalogue beaucoup plus difficile et plus lente, mais elles sont un obstacle à leur bon et prompt classement sur les tablettes. Lorsqu'un livre, dont le dos est surchargé de signes si savamment combinés, a été donné en lecture, il est plus que probable, à moins qu'un bibliothécaire ne prenne lui-même la peine de le reporter sur son rayon, qu'il ne sera pas exactement remis à sa place. De là, des difficultés et des pertes de temps pour le retrouver plus tard.

C'est dans la division de la jurisprudence, et surtout dans l'histoire, que ces intercalations se sont multipliées outre mesure : elles y sont si nombreuses que les erreurs deviennent inévitables et que le service en souffre nécessairement. Il y a certains articles, tels que l'histoire des provinces et des villes de France, l'histoire de la Révolution française, l'histoire de Bonaparte, et quelques autres, qui sont tellement surchargés, qu'on ne sait plus à quel chiffre, à quel signe avoir recours pour inscrire de nouveaux ouvrages. On a beau recopier sans cesse les pages du catalogue et en ajouter de nouvelles, la confusion reparaît au bout de quelque temps ; il n'est même pas possible d'observer dans ces transcriptions sus-énoncées l'ordre purement alphabétique.

Ce grave inconvénient suffirait pour qu'on appelât de tous ses vœux un nouveau catalogue ; mais ce n'est pas tout : indépendamment des intercalations et des numérotages compliqués qu'elles entraînent, on trouve dans le catalogue actuel un nombre considérable de faux classements, plus, des oublis et des lacunes en nombre plus grand encore.

Quant aux faux classements, ils sont de plusieurs sortes. Certains ouvrages traitant d'une même matière ne sont pas rangés dans une même division : ainsi, par exemple, les ouvrages sur les prisons se trouvent en partie dans la jurisprudence, en partie dans les sciences et arts. D'un autre côté, des livres traitant de matières complètement dissemblables, ont été, par une apparente analogie de titres, classés pêle-mêle dans une seule division. Ainsi, on a compris, sous le mot statistique, tout ce qui portail ce titre, la statistique du choléra-morbus comme la statistique des routes royales. Enfin, ce qui n'est pas une moindre cause d'embarras pour faire des recherches, certains ouvrages ont été rangés, sans qu'on puisse savoir pourquoi, dans des divisions où l'idée ne viendrait jamais de les aller chercher. Ainsi, c'est à l'article Histoire de France qu'on trouve les traités sur les contributions indirectes, et ce n'est pas dans la jurisprudence, c'est dans l'histoire qu'est placé le Bulletin des lois.

Quant aux lacunes et aux oublis, voici principalement d'où ils proviennent : la bibliothèque possède un grand nombre de volumes, qui, sous une même reliure, renferment plusieurs opuscules, tels que discours, rapports, notices et autres pièces détachées. Il était raisonnable, sans doute, de ne pas trop multiplier les reliures ; mais au lieu de se borner à inscrire chacun de ces volumes sous un titre collectif, il eût fallu donner une indication des pièces qu'ils contenaient : c'est ce qui n'a pas été fait. Cette négligence est déjà de date assez ancienne pour qu'on ne puisse aujourd'hui l'imputer à personne, mais elle n'en est pas moins très regrettable, d'autant plus que la plupart de ces pièces sont devenues rares et ont acquis un véritable intérêt historique, et qu'il est impossible, quand on en a besoin, de les découvrir dans ces volumes où elles sont comme enfouies.

Telles sont, Messieurs, les principales observations que nous a suggérées un attentif examen du catalogue de votre bibliothèque. Vous ne serez pas surpris si, après avoir fait connaître un état de choses aussi défectueux, nous vous demandons de le faire cesser, et si, partageant l'avis que votre Commission de comptabilité vous a déjà plusieurs fois exprimé, nous déclarons qu'il est urgent de faire un nouveau catalogue, complet, méthodique et approprie aux besoins à venir de la bibliothèque.

Toutefois, avant d'aviser aux moyens d'exécuter ce travail, quelques-uns d'entre nous se sont demandé s'il était nécessaire de tout refaire de fond en comble ; si quelques parties de l'ancien catalogue, et, par exemple, la théologie et les belles-lettres, qui n'ont dû recevoir qu'un très petit nombre d'additions, ne pouvaient pas être conservées, et si, par conséquent, au lieu de travailler à un catalogue entièrement neuf, il n'était pas possible de se contenter d'un catalogue restauré.

Nous n'avons pas tardé a reconnaître que ce moyen terme ne produirait ni l'économie de temps, ni l'économie d'argent qu'on pourrait, au premier abord, en attendre, et qu'en outre il serait incompatible avec tout travail exact et régulier. En effet, bien que pour les parties stationnaires de la bibliothèque, le catalogue actuel puisse, à la rigueur, paraître suffisant, il s'en faut qu'il soit irréprochable. On y trouve, aussi bien que dans les autres parties, des lacunes, des transpositions, de faux classements. Faudrait-il donc, sans parler même de la disparate qui s'établirait entre le bon ordre des parties refaites à neuf et les imperfections des parties conservées, faudrait-il laisser figurer dans celles-ci les livres qui ne s'y trouvent portés que par erreur ? On ne pourrait, à coup sûr, se dispenser de les en faire sortir ; mais comment y parvenir sans procéder à un recensement, et sans contrôler volume par volume, afin de décider quels sont ceux qu'il faut maintenir, quels sont ceux qu'il faut exclure ? Or, ce travail équivaudrait, au moins pour moitié, à la confection d'un nouveau catalogue. Enfin, il est une raison plus décisive encore de renoncer à tout remaniement partiel, et de ne consentir qu'à un travail d'ensemble : c'est qu'en pareille matière, le seul moyen de faire non-seulement de la bonne besogne, mais de la faire vite, c'est de la faire complète. L'expérience ne permet pas le doute à cet égard, et ce qui s'est passé à la Bibliothèque royale nous servirait, au besoin, d'enseignement. Pour bien faire le catalogue, même d'une seule partie d'une bibliothèque, il faut commencer par avoir passé en revue tous les livres qu'elle contient, et en avoir transcrit tous les titres sur des cartes détachées. Toute tentative d'échapper à ce travail préliminaire est un moyen de s'éloigner du but en voulant l'atteindre plus tôt. On s'en convaincra facilement si l'on considère que, dans une bibliothèque, les livres ne sont pas rangés sur les tablettes dans le même ordre que sur les pages du catalogue. La différence des formats, la grandeur et la disposition particulière de tel ou tel local, obligent souvent, soit à réunir des livres appartenant à des divisions bibliographiques différentes, soit à disjoindre ceux qui font partie d'une même division. Il suit de là, que si l'on voulait se borner à transcrire les titres d'une certaine catégorie de livres, et, par exemple, des seuls livres de jurisprudence, de sciences et d'histoire, on rencontrerait à tout moment sur son chemin, en allant de tablettes en tablettes, soit des ouvrages de belles-lettres, soit même des livres de théologie. Or, il faudrait presque autant de soin, il faudrait perdre presque autant de temps pour omettre avec exactitude les volumes qu'on n'inscrirait pas que pour les inscrire comme tous les autres dans un inventaire général. En premier lieu, les causes d'erreur abonderaient, les oublis seraient inévitables ; dans le second cas, au contraire, on aurait toutes chances de faire un travail exact et complet. Il n'y a donc pas à hésiter. Aussi, votre Commission ne s'est-elle pas arrêtée à l'idée de ne faire que des corrections partielles du catalogue, et c'est le catalogue lui-même qu'elle vous propose de refaire en entier.

Ce premier point arrêté, il nous reste à vous faire connaître quelle est l'importance du travail qu'il s'agit d'entreprendre, quelle sera sa durée probable, quelle dépense il entraînera, comment et par qui vous devrez le faire exécuter.

La rédaction d'un catalogue comprend deux opérations principales : 1^o la levée des cartes, c'est-à-dire la copie sur bulletins séparés de tous les titres des ouvrages ; 2^o le classement méthodique de ces bulletins.

La bibliothèque de la Chambre contient à peu près 60.000 volumes, lesquels composent environ 45.000 ouvrages. Il n'y aurait donc que 45.000 cartes à lever, si un très grand nombre de volumes ne renfermaient pas, comme nous l'avons déjà dit, beaucoup de pièces détachées, dont il faudra relever les titres. Le nombre de ces pièces n'est pas évalué à moins de 25 ou 30.000. C'est donc 75.000 cartes environ qu'il s'agit de lever.

Pour faire avec exactitude ce travail préparatoire, pour le reviser avec soin, puis pour procéder au classement méthodique et à la double transcription par noms d'auteurs et par ordre de matières, on peut calculer qu'il ne faut pas moins de quatre années.

Vainement, pour obtenir un plus prompt résultat, voudrait-on multiplier les travailleurs. Comme il faut que la révision et le classement de toutes les cartes soient faites par une seule personne, c'est la somme de travail dont cette personne peut se charger qui détermine en définitive le temps que durera l'entreprise. Or, deux copistes prépareront aisément tout ce que pourra terminer le rédacteur. Il suffit donc de trois employés : en travaillant pendant quatre ans, ils mèneront à bonne fin cet important travail.

La levée des cartes, qui, au premier coup d'œil, semble une opération facile et simple, exige cependant une certaine aptitude et beaucoup d'attention. Si les titres ne sont pas exactement copiés, l'exactitude du classement lui-même peut se trouver compromise. Il ne faut donc confier cette tâche qu'à des hommes exercés aux travaux bibliographiques.

A plus forte raison faut-il chercher un bibliographe vraiment expérimenté pour procéder au classement des bulletins. C'est là un travail tout scientifique, qui demande les notions les plus variées et les plus étendues en histoire, en chronologie, en géographie, l'étude des langues mortes, la connaissance des langues vivantes, et, par-dessus tout, cette sûreté de coup d'œil et ce tact classificateur qui ne s'acquièrent qu'à force d'avoir manié des livres.

La bibliothèque de la Chambre est aujourd'hui sous la direction d'un homme qui, mieux qu'aucun autre en France, s'acquitterait de cette tâche. Sa longue expérience, ses profondes connaissances bibliographiques rendraient le succès assuré. Mais on ne peut lui demander un tel effort ; ses forces trahiraient son courage. M. Beuchot a dépensé depuis quinze ans, au service de la Chambre, toutes les ressources de son savoir et de son activité. Si le catalogue actuel peut encore, tant bien que mal, satisfaire aux besoins du service journalier, c'est grâce aux soins qu'il a pris de le tenir au courant et de le corriger à force d'artifices. Jamais, à son grand regret, il n'a eu le loisir ni les moyens d'exécution nécessaires pour entreprendre la rédaction d'un nouveau catalogue. Il ne saurait y travailler aujourd'hui ; mais ses lumières ne nous feront pas défaut. L'œuvre sera conduite d'après ses avis, sous sa surveillance, sous sa responsabilité : c'est là une garantie que nous vous proposons d'exiger, et nous sommes sûrs d'avance de votre assentiment.

Reste à savoir qui sera chargé activement de diriger et de faire exécuter le travail. Ici se présente une question de personne qu'il ne nous appartient pas d'aborder. Aux termes du règlement, le bibliothécaire seul est nommé par la Chambre ; c'est à MM. les Questeurs qu'est confiée la surveillance de la bibliothèque. A eux donc de choisir les employés et de déterminer leurs attributions. Tout ce que nous pouvions faire, c'était d'indiquer les conditions essentielles d'un bon choix, les conditions sans lesquelles vous n'auriez qu'un catalogue plus ou moins imparfait. MM. les Questeurs s'attacheront, sans aucun doute, à suivre ces indications. Ils trouveront chez le bibliothécaire, qui doit partager une partie de leur responsabilité, des conseils sûrs et éclairés, et demanderont, avant tout, à l'homme sur qui s'arrêtera leur choix, la meilleure de toutes les garanties, l'expérience. Dans un tel travail, on ne doit rien laisser au hasard ; il faut se garder d'en faire un coup d'essai.

Mais, si nous nous abstenons de parler des personnes, il est d'autres questions que vous devez résoudre et dont il faut que nous vous entretenions.

MM. les employés de la bibliothèque sont pleins de zèle et de savoir, tout le monde se plaît à le reconnaître. Mais, ce qui n'est pas moins évident, ils sont peu nombreux et suffisent à peine, pendant les sessions, aux exigences du service ordinaire. Si, dans l'intervalle des sessions, leur tâche devient plus douce, ils n'en restent pas moins chargés d'assez nombreuses occupations. Il faut qu'ils mettent à jour les écritures arriérées, qu'ils président au récollement et au nettoiement des livres. Il suit de là que, sous peine de ne jouir du nouveau catalogue que dans un temps fort éloigné, il faut, de toute nécessité, augmenter le personnel. On avait eu d'abord la pensée de mettre les employés de la bibliothèque tout à fait en dehors de ce travail, et de traiter à forfait avec un bibliographe justement estimé, qui se serait engagé à livrer le catalogue dans un temps donné et moyennant un prix convenu, en prenant tous les frais de main-d'œuvre à sa charge. Mais cette façon d'agir n'a pas obtenu faveur devant vous ; d'abord, parce que vous avez trouvé qu'il y aurait quelque inconvénient à introduire ainsi dans la bibliothèque des étrangers, des entrepreneurs indépendants, dont la présence pourrait entraver le service ; en second lieu, parce que cette manière de procéder devait être de toutes la plus dispendieuse. En effet, même en n'accordant que des prix fort inférieurs à ceux du commerce, la dépense devait s'élever à 50 ou 60,000 francs. Or, une économie de plus de moitié peut facilement être obtenue si, renonçant au système de l'entreprise, on se sert des employés de la bibliothèque, au moins pour une certaine partie du travail.

C'est là ce que votre Commission de comptabilité vous avait proposé l'année dernière. Son projet consistait à confier aux employés de la bibliothèque tous les travaux préparatoires et les transcriptions, en réservant le classement et la haute direction à une personne investie d'une fonction purement temporaire, et qui, sous le titre de directeur du catalogue, aurait touché, pendant environ quatre années, un traitement de 4,500 francs. Les frais extraordinaires, destinés à la rédaction du catalogue, se seraient ainsi trouvés réduits à 18 ou 20,000 francs.

Mais ce système mixte n'a pas été mieux accueilli par vous que le système d'entreprise pure et simple. La création de cette fonction spéciale et temporaire a soulevé de sérieuses objections, et vous lui avez refusé votre assentiment. A nos yeux, son principal défaut était de manquer de sincérité et de faire illusion à la Chambre, en lui déguisant les véritables besoins de la bibliothèque. En effet, il ne faut pas croire que, lorsque le nouveau catalogue sera terminé, on pourra l'abandonner à lui-même, sans que personne s'en occupe ; il ne tarderait pas à dégénérer, et en peu d'années il faudrait songer à le refaire. La main qui l'aura créé sera pendant longtemps nécessaire pour le tenir au courant, pour le continuer dans un même esprit, et pour en donner la clef à ceux qui le continueront plus tard. Ce n'est donc pas seulement un rédacteur de catalogue qu'il faut à la bibliothèque, c'est un employé supérieur de plus, un employé qui commencera par rédiger le catalogue, et qui, plus tard, rendra des services dont on commence dès à présent à sentir le besoin. Déjà, depuis plusieurs années, votre Commission de comptabilité vous avertit que l'augmentation toujours croissante de la bibliothèque exige impérieusement une augmentation dans le nombre des employés. En 1845, elle vous a demandé de décider en principe qu'il serait nommé un sous-bibliothécaire adjoint et un employé de plus. L'exécution de cette mesure ne fut suspendue que parce que les nouvelles salles annexées à la bibliothèque n'étaient pas encore terminées. Depuis qu'elles sont devenues disponibles, vous avez autorisé la nomination d'un quatrième employé. Créez maintenant un sous-bibliothécaire adjoint, et vous aurez à la fois assuré le service de la bibliothèque dans l'avenir, et résolu pour le présent le problème du catalogue. C'est là le vrai moyen d'exécution et le seul système acceptable. A la vérité, le sous-bibliothécaire adjoint aura besoin d'être secondé par des collaborateurs actifs et capables d'un travail assidu. Si parmi les employés actuels il s'en trouve qui, n'étant plus dans la force de l'âge, ne sauraient concourir utilement aux travaux du catalogue, il faudra réclamer en leur faveur cette rémunération que la Chambre ne refuse jamais à ses anciens serviteurs, et leurs emplois seront confiés à des mains jeunes et valides. En effet, les quatre employés devront tous prendre une part active à l'œuvre qu'il s'agit d'accomplir. Si, pendant la session, le sous-bibliothécaire adjoint n'est assisté que par un seul d'entre eux, afin que les trois autres ne soient pas détournés des fonctions qu'ils remplissent aujourd'hui, il faudra que dans l'intervalle des sessions tout le monde paie de sa personne, au fur et à mesure que les travaux ordinaires seront terminés. De cette manière la somme de travail ne sera pas moins grande que si le sous-bibliothécaire adjoint avait à sa disposition deux employés pendant toute l'année, et on peut espérer qu'en quatre ou cinq ans au plus le catalogue sera terminé, sans la moindre intervention d'aucune main étrangère à la bibliothèque.

Voilà donc nos propositions : elles consistent à pourvoir du même coup à l'organisation définitive et complète du personnel de la bibliothèque et à la confection du catalogue. Pour cela, il suffit que vous décidiez que le personnel sera désormais composé ainsi qu'il suit :

Un bibliothécaire ;

Un sous-bibliothécaire ;

Un sous-bibliothécaire adjoint ;

Deux employés principaux ;

Deux employés ordinaires.

Nous pensons qu'il faut établir une distinction entre les employés, afin qu'il y en ait deux qui, ayant rang de premiers commis, puissent être chefs de certains services spéciaux, tandis que les deux autres ne seront que des collaborateurs auxiliaires et devront être rétribués en conséquence. Toutefois, comme il ne faut introduire dans la bibliothèque que des hommes capables d'y rendre des services utiles, nul ne pourrait, désormais, être admis comme employé sans certaines conditions d'aptitude que nous vous proposons de déterminer.

Quand vous aurez ainsi réglé le personnel de la bibliothèque, nous avons la confiance que les besoins d'un bon service ordinaire seront satisfaits, et que vous obtiendrez le nouveau catalogue, sans addition d'aucune dépense extraordinaire.

Ce point essentiel une fois arrêté, est-il nécessaire de vous entretenir de la partie purement technique du travail projeté ? Ne va-t-il pas sans dire qu'on s'attachera principalement à éviter l'imprévoyance qui a mis sitôt hors de service le catalogue actuel. Ainsi, au lieu de ne prendre qu'une lettre, comme signe indicateur de chaque division bibliographique, on multipliera les lettres, et on en adoptera jusqu'à cinq ou six pour les divisions qui se rapportent plus particulièrement aux travaux habituels de la Chambre, aux matières qu'on peut appeler spécialement parlementaires. De cette manière, si jamais une partie de ces divisions devient trop encombrée, on pourra ne refaire le travail que partiellement, sans être obligé de recomposer à neuf la division tout entière. D'un autre côté, en n'inscrivant les titres des livres que sur le recto des pages, et en conservant le verso pour les inscriptions à venir, en ne se servant pour commencer que des numéros pairs, et en se réservant les numéros impairs, on pourra, pendant de longues années, échapper aux inconvénients des intercalations. La Chambre peut être assurée que toutes les précautions seront prises pour ménager au nouveau catalogue la plus longue durée possible, et pour y maintenir constamment, lors même que le nombre des livres de la bibliothèque viendrait à doubler, l'ordre, la méthode et la clarté.

Avant de terminer ce rapport, nous devrions, pour obéir au vœu de la Chambre, vous parler de toutes les améliorations secondaires qui peuvent être introduites dans le service de la bibliothèque ; mais nous craindrions de tomber dans des détails qui méritent peu de fixer votre attention. L'un de MM. les Questeurs faisait partie de la Commission ; il a été à même d'entendre toutes les observations qui se sont produites, et s'est engagé à tenir compte soit des critiques, soit des propositions qui nous ont paru fondées. On doit souhaiter particulièrement quelque amélioration dans le service des journaux étrangers, plus d'à-propos dans le choix des abonnements, une attention plus éveillée sur les informations et les documents de toute sorte qui se publient hors de France. Quant à l'idée de créer une place de bibliothécaire-traducteur, nous pensons que la Chambre a bien fait de la rejeter l'année dernière et qu'il n'y a pas lieu de la reproduire ; mais il serait bon qu'à l'avenir on exigeât des nouveaux employés qui seront admis, non-seulement des connaissances suffisantes en bibliographie et en paléographie, mais l'usage d'une ou de plusieurs langues vivantes, afin qu'au besoin ou pût trouver près d'eux des secours soit pour la traduction, soit pour l'explication de textes étrangers. Ce qui n'importe pas moins, c'est une bonne classification, une disposition méthodique de tous les documents financiers relatifs à chaque exercice ; le dépôt d'un troisième exemplaire serait peut-être nécessaire, pour répondre, dans certains cas, aux besoins du service, et pour éviter à l'avenir de regrettables lacunes dans ces précieuses collections.

Telles sont les principales observations que nous avons indiquées à MM. les Questeurs ; encore une fois, nous ne pensons pas qu'elles puissent faire l'objet d'un vote de la Chambre, et nous nous bornons à vous soumettre, dans le projet de résolution suivant, les mesures relatives à l'organisation définitive de la bibliothèque et à la rédaction du nouveau catalogue.

Projet de résolution.

1^o.

Il sera fait un nouveau catalogue des livres composant la bibliothèque de la Chambre des députés.

Ce catalogue sera rédigé par les employés de la bibliothèque sous la direction du bibliothécaire.

Jusqu'à l'entier achèvement du catalogue, il sera présenté à la Chambre, dans le courant de chaque session, un compte-rendu sur l'état d'avancement du travail.

2^o.

Le personnel des employés de la bibliothèque sera composé ainsi qu'il suit, à partir du 1^er août 1847, savoir :

Un bibliothécaire ;

Un sous-bibliothécaire ;

Un sous-bibliothécaire adjoint ;

Deux employés principaux ;

Deux employés ordinaires.

A l'avenir, les employés de la bibliothèque ne pourront être choisis que parmi les employés, soit des bibliothèques publiques, soit des bibliothèques dépendant des grands établissements publics, et parmi les anciens élèves de l'École des chartes, munis d'un diplôme d'archiviste paléographe. Ils devront posséder au moins une langue vivante.

Moniteur, 1847, p. 1555 ; cf. ibidem, p. 353 (nomination de la Commission) et 2092 (procès-verbal de la séance). Le Rapport a été tiré à part, sous le n^o 211 des Impressions, in-4^o, 20 p.

32. Du célibat des prêtres, par Auguste Barbet.

291. De la situation politique de l'Europe et des intérêts de la France, par le général baron de Richemont, député de l'Allier.

293. Mémoires sur le commerce maritime pendant la guerre d'Amérique, par Poirier.

322. De la peine de mort ; etc., par Grosourdy et Daumas.

323. Des prisons, par Versepuy.

325. Recueil des lois anglaises et américaines relatives à la corruption électorale (1695-1842), par Breton.

1050. Table chronologique des lois et ordonnances concernant les chemins de fer (1822-1846).

1051. Table chronologique des lois concernant les canaux (1818-1842).

1052. Bibliographie législative.

1053. Table chronologique des lois de finances (1814-1847).

1054-1065. Trésorerie nationale. Comptabilité (ans IV-IX).

1134. Projet de code de procédure civile, par Pigeau.

1138. Manuscrits autographes de Mably.

1140. Mémoire sur le commerce des Français à Alger, de 1755 à 1775, par Benjamin Buisson.

1144. Observations relatives aux impôts sur les boissons, par Dionis Descarrières.

1145. Mémoires sur l'impôt du tabac, par Imbert.

1146-1147. Dell'imposta nella Repubblica Fiorentina, dal XIII^o al XVI^o secolo.

1148. Recherches sur l'état actuel de la monarchie autrichienne.

1149. Tableau de l'organisation de la gendarmerie nationale des départements de la Roër, de Rhin-et-Moselle, du Mont-Tonnerre et de la Sarre, par le général Wirion.

1192. Civilisation de la République agricole, par Jean Janisnewski.

1193. Travaux électriques sur la paralysie, par l'abbé Sans.

1194. Travaux électriques sur les convulsions des enfants, par le même.

1371. Lettre d'Olympe de Gouges à la Convention.

1442. Projet de code rural, par Mathorez.

1446-1455. Reçus d'ouvrages offerts à la Bibliothèque (1818-1829).

1456-1457. Les Confessions, de Jean-Jacques Rousseau.

1460. Extrait d'un rapport sur le régime de la Gironde, par A. Bouquet de la Grye.

1462. Mémoires de Bailly.

1494. La nouvelle Héloïse, de J.-J. Rousseau.

1502. Réponse de Louis XVIII à une adresse de la Chambre.

1513. Félicitations de la ville de Belfast à la Chambre.

1522. Opuscules offerts à la Chambre.

1539. Projet sur la compétence et la juridiction des juges de paix, par Delastre.

1541-1545. Recettes de l'État et dépenses des Ministères (1822-1850).

1546. Lettre de A. de Montareux, maire d'Arracourt, portant envoi d'une étude sur la meunerie et la boulangerie.

1811. — Suétone (n^o 1497) : 120 francs.

1812. — J.-J. Rousseau. Le devin de village, partition autographe (n^o 1517) : 645 francs.

1813. — La botanique mise à la portée de tout le monde, par les sieur et dame Regnault, avec autographes de J.-J. Rousseau (n^os 1190-1191) : 800 francs.

1819. — Rousseau juge de Jean-Jacques, autographe (n^o 1493) : 800 francs.

Correspondance de J.-J. Rousseau avec madame de Latour de Franqueville, copié par Rousseau (n^o 1425) : 300 francs.

1826. — Calendrier religieux et divinatoire mexicain (n^o 1515) : 1,300 francs.

Fragment de Wayang, drame javanais (n^o 1540) : 72 francs ( Ce manuscrit a été acheté à la vente Buache ; c'est de la même vente que proviennent les n^os 1507-1509 et 1538 (3^o), contenant la correspondance et les papiers des frères Delisle ; ces quatre numéros ne représentent toutefois certainement pas la totalité du n^o 661 du catalogue de la vente, acquis au prix de 116 francs et qui est ainsi libellé :« N^o 661. Un carton de papiers relatifs à Joseph-Nic. De l'Isle, de l'Académie des Sciences de Paris, de Berlin et de Saint-Pétersbourg, et à Louis De l'Isle de la Croyère, son frère, consistant principalement en une correspondance, depuis leur arrivée en Russie, avec les savans les plus distingués du nord de l'Europe, et dans laquelle on distingue nombre de lettres autographes d'Euler, de Bayer, de Gross, de Mayer, de Gmelin, etc.« Deux autres cartons contenant la correspondance particulière de De l'Isle de la Croyère dans le cours de ses voyages au gouvernement d'Archangel et en Sibérie, en 1727, 28 et 29 ; un mémoire sur son second voyage en Sibérie, commencé en 1734, et sa correspondance, pendant ce second voyage, jusqu'à son décès en 1741, dans laquelle sont des lettres autographes de Gmelin, de Muller, de Steller, de Lürsenius, de Fischer et du capitaine Bering, qui commandoit l'expédition.« Six autres cartons de papiers, relatifs à Jos.-Nic. De l'Isle, depuis 1719 jusqu'en 1747, époque de son retour en France. On y voit la suite de ses nombreux travaux à l'Académie de Saint-Pétersbourg et les persécutions que l'envie de quelques membres de cette Académie lui suscita ; sa correspondance renferme les lettres de plusieurs savans français et étrangers, Dortous de Mairan, Buffon, Euler, etc., etc. »).

1827. — Vente Château-Giron : 1^oLa Nouvelle Héloïse, par J.-J. Rousseau, tomes I, III et IV de l'édition de 1764, avec annotations et corrections autographes de l'auteur (n^os 14630-1432) : 66 francs.

2^o Tite-Live, traduction de Pierre Bersuire (n^o 1265) : 1,200 francs.

Compte du munitionnaire général des vivres pour les armées de Bavière, Bohême et Westphalie (1741-1743) (n^o 1009) : 30 francs.

Fragments sur l'histoire de France : 12 francs.

Recueil généalogique, etc. : 16 francs.

Recueil sur l'histoire de France : 12 francs.

Abrégé chronologique de l'histoire des papes (n^o 1254) : 30 francs.

1833. — Collection Monteil : 1^o Recette générale des décimes pour 1586 (n^o 1008) : 300 francs.

2^o État au vrai de la capitation de la bourgeoisie de Paris, etc., pour 1720 (n^o 1007) : 40 francs.

3^o Comptes de la ville de Valenciennes (1402-1421) (n^o 1066) : 70 francs.

4^o Expéditions adressées au greffe du Parlement à fin d'enregistrement (1645-1675) (n^o 338-353) : 206 francs.

5^o Dix-neuvième compte de la seigneurie de Parthenay (1545-1546) (n^o 1374) : 25 francs.

6^o Documents sur diverses corporations de Paris, Bordeaux et Lyon et sur les verreries d'Orléans (1578-1750) (n^o 1516) : 30 francs.

7^o Extraits des registres de délibérations de la corporation des maîtres-maçons de Paris et autres documents concernant cette corporation (1702-1763) (n^o 1229) : 16 francs.

8^o Lettres patentes portant règlement pour les vitriers de Paris (1770) (n^o 1228) : 7 fr. 50.

9^o Documents sur les aides, comptes de Saint-Pourçain et de Ligny-le-Châtel, etc. (n^o 1005) : 3 francs.

10^o Journal de voyage de Carré, messager de Louis XIV, autographe (n^o 1247) : 29 francs.

11^o Abrégé des tables géographiques et chronologiques de tous les archevêchés et évêchés (n^o 1243) : 3 francs.

12^o Mémoires des députés des villes sur le commerce (n^o 1139) : 8 francs.

13^o Éloge historique de J.-B. de La Salle (n^o 1242, en déficit) : 10 francs.

Correspondance du comte de Breteuil, intendant en Picardie et Artois (1675-1679) (n^os 249-252) : 150 francs.

ACQUIN (Louis D'), évêque de Séez : n^o 28.

AMELOT DE CHAILLOU (Antoine-Jacques) : n^o 433.

AVERTON (Jean D') (XV^e siècle) : n^o 1230.

BARILLON DE MORANGIS (Jean-Jacques) : n^os 437-472.

BERTHIER (abbé Guillaume) : n^o 1264.

BOMBON (Brenne, comte DE) : n^os 1200, 1209, 1210, 1213.

BOUFFLERS (Amélie DE) : n^o 1223.

BOUILLON (Geoffroy-Maurice de La Tour-d'Auvergne, duc DE) : n^o 1219.

BOVET (Alfred) : n^os 1518-1520.

BRETEUIL (baron DE) : n^os 249-252, 1222.

BUACHE : n^os 1507-1509, 1538-3^o, 1540.

BULLION (Claude) : n^os 1173-1175, 1177-1179.

CAMPS (François DE), évêque de Pamiers : n^os 37, 1093.

CHAILLOT (Minimes de) : n^os 2, 1254.

CHATEAU-GIRON (H. DE) : n^os 1265, 1430-1432.

CHOPY (Antoine) : n^o 1226.

CLUGNY DU COLOMBIER (marquis DE) : n^o 1195.

COLBERT, évêque de Montpellier : n^os 403, 406, 409.

CONCEPTION NOTRE-DAME (Couvent de la) : n^o 5.

CONDÉ (Louis-Joseph, prince DE) : n^o 414.

CORDELIERS (Dépôt des) : n^os 7, 9, 91, 234-240, 1203, 1220, 1230, 1375, 1459. Voir Annexes, n^o VII.

COTTE (DE). Cette collection comprend des manuscrits ayant appartenu aux personnes suivantes :

ARGENSON (Marc-René de Voyer de Paulmy, marquis D') : n^os 959, 960, 1010, 1011.

BOURELIER (Pierre) : n^os 34, 89, 280-290, 385, 1034, 1095, 280-290, 1357 ou 1358, 1360-1361. Voir, en outre, les n^os 256-279, 326-334, 435, 436, 1102-1105.

CAMUS DE PONTCARRÉ DE VIARMES (J.-B.-Élie) : n^os 954-958.

ÉMERY (Nicolas), légataire des manuscrits de Pierre Bourelier. Voir plus haut à ce dernier nom.

FLEURIAU D'ARMENONVILLE, comte de Morville : n^o 1006.

LABORDE (Jean-Benjamin DE) et sa femme, Adélaïde-Susanne de Vismes : n^os 292, 1089, 1090.

LARCHEVÊQUE (Adrien), médecin à Rouen : n^o 31.

LE CLERC DE LESSEVILLE : n^o 1012.

LE GENDRE DE LORMOY : n^o 1109.

LE NAIN : n^os 473-719.

PHÉLYPEAUX (Jérôme), comte de Pontchartrain : n^os 1089, 1090.

TALON, marquis du Boulay : n^os 393-399, 978-981, 984-996, 1094, 1096, 1106, 1107, 1135.

CROY (Charles-Alexandre, duc DE), marquis d'Havré : n^o 11.

CRUSSOL D'UZÈS, émigré : n^o 1216.

CUVELIER (Anselme) : n^o 1002.

DODUN, marquis d'Herbault : n^os 1141, 1142.

ÉVREUX (comte D') : n^os 1233-1240.

FLEURIEU (chevalier DE) : n^o 1248.

FRANCE (Maison de) : n^o 1009, 1198, 1209-1210, 1244, 1249.

HARLAY-BEAUMONT (DE) : n^o 242.

HÉRAULT DE SÉCHELLES : n^os 1427-1429, 1495-1496.

INSTRUCTION PUBLIQUE (Commission de l') : n^os 1421-1423.

JÉSUITES du Collège de Clermont, à Paris : n^os 1394-1413.

JOUBERT (Philippe-Laurent DE) : n^os 1176, 1184.

LAMBERT, conseiller au Parlement : n^o 1143.

LA ROCHEFOUCAULD-LIANCOURT (duc DE) : n^os 1250, 1252, 1253.

LE PELETIER DE SAINT-FARGEAU : n^o 1132.

LE TONNELIER (Louis-Auguste), baron de BRETEUIL : n^os 249-252, 1222.

LILLE (Dépôt de la rue de) : n^os 414, 1217.

LOMÉNIE DE BRIENNE (Henri-Auguste DE) : n^os 127-230.

LOMÉNIE DE BRIENNE (Louis-Henri DE) : n^os 243-245, 1257.

LOMÉNIE DE BRIENNE (Louis-Henri DE), fils du précédent : n^o 1108.

LONGUET (Laurent), praticien à Roye : n^o 434.

MARIE-ANTOINETTE : n^os 1187, 1188, 1241.

MOGNIAT (Jean-Baptiste) : n^o 1466.

MONTEIL (Alexis) : n^os 1005, 1007, 1008, 1066, 1139, 1228, 1229, 1243, 1244, 1247.

MONTEMPUIS (Petit DE) : n^o 337.

MONTMORENCY-LUXEMBOURG (Charlotte DE) : n^os 400, 401.

NOAILLES (Famille DE) : n^o 1246.

ORATOIRE : n^o 1260.

ORLEANS (Louis-Philippe-Joseph, duc D') : n^o 1137.

PENTHIEVRE (Jean-Marie de Bourbon, duc DE) : n^os 7, 9, 19, 21, 22, 91, 416-432, 1203, 1220, 1375, 1459, 1537.

RETZ (Jean-François-Paul, cardinal DE) : n^o 3.

ROLLAND (Barthélemy-Gabriel) : n^o 1005.

ROMEY (chevalier DE) : n^os 1475-1492.

ROQUELAURE (Jean-Armand de Bessuéjouls DE), évêque de Senlis, de l'Académie française : n^o 1378.

ROUXEL, marquis de Grancey : n^os 1183, 1211.

SAINT-ANTOINE (Dépôt) : n^o 23. Cf. n^os 37-85 et 86-88.

SAINT-CLAUDE (Abbaye de) : n^o 10.

SAINT-DENIS (Abbaye de) : n^o 3.

SAINT-DENIS-DE-LA-CHARTRE (Prieuré de) : n^os 94-126.

SAINT-MARC (Dépôt de la rue) : n^os 403, 406, 408, 409, 1143.

SAINT-NICOLAS-DU-CHARDONNET (Séminaire de) : n^os 47, 63.

SAINT-SULPICE (Séminaire de) : n^os 8, 23, 44, 49.

SAINT-VICTOR (Abbaye de) : n^os 39, 45, 46, 51, 52, 62, 75.

SAINTE-MARGUERITE (Église) : n^os 71, 72.

SORBONNE : n^os 48, 50, 53-56, 60, 61, 64, 65, 67-70, 76, 77, 82.

THIERRY (V. DE) : n^o 1244.

TURGOT, évêque de Séez : n^o 28.

UNIVERSITÉ DE PARIS : n^o 337.

VAUBAN (comte DE) : n^o 3213 ; peut-être aussi les n^os 1200, 1209, 1210.

VERGENNES (DE) : n^o 1217.

VIEILBOURG (marquise DE) : n^os 14, 15.

VILLEQUIER (Antoine DE), seigneur de Montrésor : n^o 1263.

WAILLY (Antoine) : n^o 1268.

242. Papiers du prince de Conti et du duc de Chevreuse (1607-1628).

246-247. Étude sur les traités conclus par la France (1526-1679).

249-252. Correspondance du comte de Breteuil, intendant en Picardie et Artois (1675-1679).

253. Papiers de Colbert de Torcy, ambassadeur en Danemark et en Allemagne (1685-1687).

255. Papiers du même relatifs à son ambassade en Portugal et en Espagne (1684).

272-279. Documents relatifs aux traités de Westphalie et des Pyrénées.

434. Coutumes du gouvernement de Péronne, Montdidier et Roye.

436 (fol. 553 et suiv.). Journal du parlement de Paris (1610-1640).

959-960. Journal du Visa (1718-1719).

1001. Coutumes de la ville et de la salle de Lille.

1006. Travail préparatoire des ordonnances sur les aides et les droits des fermes (1680-1681).

1007. État de la capitation à Paris pour 1720.

1008. Recette générale des décimes ordinaires pour 1596.

1009. Comptes du munitionnaire général des vivres pour les armées de Bavière, Bohême et Westphalie (1741-1743).

1010-1011. Recouvrement des impositions dans les vingt généralités (1717-1719).

1054-1064. Trésorerie nationale. Comptabilité (ans IV-VIII).

1066. Comptes de la ville de Valenciennes (1402-1421).

1108. Dépêches de Pierre Chanut, ambassadeur en Suède, plénipotentiaire à Lubeck (1650-1653).

1119. Procès de Jeanne d'Arc.

1182. Mémoire sur les intendants, par d'Aube (1738).

1198. Nouvelle manière de fortifier les places, par Blondel.

1246 (fol. 221). Journal de voyage de Marseille au Pérou (1703).

1267. Actes des Cortès de Thomar (1581).

1374. Dix-neuvième compte de la seigneurie de Parthenay (1545-1546).

1378. Preuves de noblesse de Jean-Armand de Bessuéjouls de Roquelaure, commandeur de l'Ordre du Saint-Esprit.

1442. Projet de code rural, par Maxime Mathorez, cultivateur à Boulogne-sur-mer.

1473. Documents (an III-1814).

1506. Documents relatifs à la Bourgogne (1405-1642).

1516. Documents sur diverses corporations de Paris, Bordeaux et Lyon et sur les verreries d'Orléans (1578-1750).

1518. Arrêté du Conseil exécutif provisoire ordonnant à La Fayette de remettre à Dumouriez le commandement de l'armée du Nord (1792).

1519. Extrait du procès-verbal de l'Assemblée législative, du 10 août 1792.

1538. Colonies françaises : Conseils supérieurs et faillite des Jésuites (1763-1766).

AGOUT (Comte D') : n^o 1469.

ANQUETIL-DUPERRON : n^o 1469.

BAILLY (Jean-Sylvain) : n^o 1462.

BARBET (Auguste) : n^o 32.

BARERE : n^o 1443.

BARROT (Odilon) : n^o 1469.

BAYLE (Pierre) : n^o 1500.

BELFAST (Municipalité de) : n^o 1513.

BLANC (Louis) : n^o 1464.

BOSSUET : n^os 1439, 1501.

BOUGIS (Dom Simon) : n^o 232.

BROGLIE (Duc DE) : n^o 1469.

BUISSON (Benjamin), teneur de livres : n^o 1140.

CARRÉ, messager de Louis XIV : n^o 1247.

CHAMPIONNET (Général) : n^o 1520.

CONDORCET : n^o 1468.

CRAMEZEL D'AVAUGOUR : n^o 19.

DELACHAULME (Abbé) : n^o 21.

DELISLE (Joseph-Nicolas) ; correspondance envoyée et reçue par lui : n^os 1507-1509, 1538.

DUPIN : n^o 1469.

EXTRÊME-GAUCHE (Groupe de l') (1849) : n^o 1440.

FOUCHÉ : n^o 1463.

GROSOURDY (J.-F.), docteur en médecine : n^o 322.

JAECK (Henri-Joachim), conservateur de la bibliothèque de Bamberg : n^o 1467.

LA GEARD : n^o 1212.

LA ROCHEFOUCAULD-LIANCOURT (Duc DE) : n^o 1251.

LEDRU-ROLLIN : n^o 1469.

LOMÉNIE DE BRIENNE (Henri-Auguste DE) : n^o 127.

LORIQUET (Père) : n^o 1424.

Louis XVIII : n^o 1502.

MABLY (Abbé DE) : n^o 1138.

MARMONTEL : n^o 1499.

MIRABEAU : n^o 1463.

MONTAREUX (A. DE), maire d'Arracourt : n^o 1546.

MOREAU (Général) : n^o 1504.

MORIN (Gabriel) : n^o 1441.

POIRIER, avocat : n^o 293.

PORTIER, de l'Oise : n^o 1463.

RICHERAND (DE) : n^o 1200.

ROUSSEAU (Jean-Jacques) : n^os 1190, 1191, 1425-1438, 1456, 1457, 1493-1496, 1517.

SANS (Abbé) : n^os 1193, 1194.

SIEYÈS : n^o 1463.

TALON (Denis et Omer) : n^os 978-981, 984-996, 1106.

VOLTAIRE : n^o 1498.

Manuscrits autres que ceux de la collection de Cotte

COLLECTION DE COTTE

Les numéros précédés d'un astérisque désignent des manuscrits du XVIII^e siècle, les autres étant du XVII^e siècle.