Le Sexte, avec le commentaire de Jean Le Moine

La Bibliothèque publique d'Angers date de l'époque révolutionnaire. On y recueillit, à l'origine, les livres imprimés et manuscrits provenant des couvents supprimés, ou confisqués sur les émigrés. De tout temps, dès le haut moyen âge, il avait existé à Angers des collections littéraires assez importantes, dignes de la vieille réputation de l'école capitulaire de cette ville et de l'école monastique de Saint-Aubin. Mais, au cours des siècles, ces précieuses librairies avaient subi bien des pertes ; d'autre part, plus d'un des volumes catalogués sommairement par Montfaucon dans la Dibliotheca bibliothecarum manquait à l'appel, quand le dépôt d'Angers fut ouvert au public en 1798. C'est toutefois cette abbaye bénédictine qui a fourni à la Bibliothèque moderne les meilleurs manuscrits, les plus anciens, et, en tout cas, les plus précieux au point de vue paléographique et littéraire.

Ce premier fonds s'est fort accru dans notre siècle. Non seulement on y a ajouté de nombreux recueils d'intérêt très inégal, légués par François Grille, mais encore en 1851, grâce à la générosité de la municipalité d'alors, la Bibliothèque s'est enrichie, dans des conditions excellentes, d'un fonds extrêmement précieux pour l'histoire ecclésiastique et civile de la province d'Anjou et de la ville d'Angers. L'un des conservateurs de ce dépôt, Toussaint Grille, s'était formé une riche bibliothèque, comprenant notamment quantité de cartulaires, de nécrologes et de documents de toute espèce, sortis on ne sait trop quand ni comment des dépôts publics durant la période révolutionnaire. Cette bibliothèque fut mise en vente en 1851, et la municipalité put, pour la somme vraiment modique de 10,000 francs, recueillir environ 400 volumes, la plupart fort intéressants et en excellent état. On y remarque non seulement beaucoup de documents anciens de premier ordre, mais encore une foule de recueils et d'ouvrages dus aux savants angevins des derniers siècles, si bien que la Bibliothèque d'Angers possède, de ce chef, à peu près tout ce qu'on a écrit sur l'histoire de cette partie de la France, depuis les premières années du XVII^e siècle jusqu'à la Révolution.

Ainsi accrue, la collection fut décrite en 1863 par M. A. Lemarchand, conservateur adjoint. Le catalogue de ce dernier est un ouvrage considérable, justement estimé. Sur beaucoup de points, l'auteur du présent travail a pu le compléter, le corriger même ; mais dans bien des cas, et particulièrement pour ce qui concerne les manuscrits proprement angevins, il a pu se contenter d'abréger les précieuses indications données par son prédécesseur. Il a, d'ailleurs, pour se conformer au plan de la collection, donné certaines indications, est entré dans quelques détails qu'on croyait à tort inutiles, il y a trente-cinq ans, détails et indications que M. Lemarchand aurait tout le premier jugés indispensables, s'il avait eu sous les yeux les catalogues d'aujourd'hui.

A. MOLINIER.