Incipit : « Prefatio Constantini Affricani, Montis Cassinensis monachi, ad Glauconem discipulum suum. » — Desinit : « Quod infirmus dicat ei ipsas. Explicit commentum Regiminis acutarum Ypocratis »

La Bibliothèque de la ville de Saint-Mihiel n'est autre que celle de l'abbaye bénédictine de ce nom ; elle occupe encore aujourd'hui un magnifique local entièrement lambrissé en chêne sculpté, à plafonds ouvragés, au premier étage d'une aile construite spécialement pour cet objet, au siècle dernier. L'ancienneté du monastère, l'éclat que jetait son école au moyen âge, et la haute réputation de quelques-uns de ses abbés promettaient une collection précieuse par l'antiquité et le bon choix des livres qui la composaient. Au IX^e siècle, Smaragde y écrivit le Nouveau Donat, la Via Regia, le Diadema monachorum, et une Règle de saint Benoît. Hildebalde y enseigna la grammaire, et Jean de Gorze, auteur présumé de la Vie de sainte Glossinde, suivit ses leçons. Heinard, chancelier de Charles le Gros (895) ; Étienne, évêque de Liége, auteur de la Vie de saint Lambert, d'un Bréviaire et de plusieurs Offices ; Nanterre, Sigefroy, Ulrich, hommes d'un rare mérite, et Henri de Lorraine, occupèrent le siége abbatial. Au XVI^e siècle, on y voit Richard Wassebourg, auteur des Antiquités de la Gaule-belgique, et D. Louvant, qui publia un Voyage en Terre Sainte en 1531 et laissa un mystère inédit du martyre de saint Étienne. Le cardinal de Retz, retiré à Commercy, visitait souvent l'abbaye de Saint-Mihiel, où il se plaisait ; il eut même l'intention d'y faire profession et voulut lui léguer sa bibliothèque, mais D. Hennezon, alors abbé, aima mieux la lui acheter, pour en remettre le prix à ses créanciers ; le même abbé y joignit des livres amassés de tous côtés, et en forma la bibliothèque la plus riche et la mieux composée du pays. On compte encore parmi les religieux de Saint-Mihiel, D. Hildefonse Cathelinot, auteur d'une Histoire littéraire de l'ordre de saint Benoît en 3 vol. in-fol. manuscrit qu'on devait espérer retrouver dans la bibliothèque confiée à ses soins ; D. Petitdidier, directeur de l'académie de Saint-Mihiel (1680), qui a écrit des Remarques sur Ellies Dupin ; D. Pierre Strohol, collaborateur de D. Ceillier ; D. Hidulphe Bobart et D. de l'Isle, historiens de Saint-Mihiel ; D. Belhomme, qui a laissé l'Histoire de Moyenmoutier ; D. Bagard, D. Benard, D. Berthellet, D. Ant. Colbert, D. Geoffroy Armeine, D. Claude-François, D. Charles de Gondrecourt, D. Pierre Guillemin, D. Jacquet, D. Jobal, D. Remion, D. Rhetelois, D. Rollet, D. Sorlet, D. Vassimont, D. Maillot et D. Thomassin, tous cités dans la Bibliothèque Lorraine. Cependant la collection de manuscrits ne comprend que soixante et treize articles, et l'on ne peut attribuer ce petit nombre aux vicissitudes qu'a éprouvées l'abbaye depuis la révolution (la bibliothèque ayant servi successivement de casernement, d'hôpital militaire, et de salle de bal, sans qu'on ait jamais songé à mettre les livres en lieu de sûreté dans ces diverses circonstances), puisque un catalogue dressé en 1779 (n^o 69) ne porte qu'à quatre-vingt le nombre des manuscrits. La disparition des numéros manquants peut d'ailleurs s'expliquer aisément par l'autorisation que M. Jauffret, évêque de Metz, reçut sous l'Empire de choisir à Saint-Mihiel les livres qui lui seraient nécessaires pour la bibliothèque de son évêché. Le prélat usa largement de l'autorisation, et fit enlever trois énormes voitures de livres. Plus tard, la bibliothèque a encore essuyé quelques pertes, par suite de ventes faites par l'autorité municipale. Aujourd'hui des dispositions ont été prises pour y introduire un peu d'ordre matériel. Un professeur du collége en est le conservateur, et un service régulier permet aux habitants de Saint-Mihiel de jouir des trésors intellectuels, encore nombreux, que leur a amassés D. Hennezon.