P.-A. Génicot, ouvrier puis employé à Reims (1820-1891). Textes divers la plupart inédits, émanant de l'auteur ou recueillis par lui, dont quelques lettres ou articles publiés dans les journaux rémois des années 1870-1874 sur des sujets l'intéressant ou sur ses brochures

Publié au début de ce siècle (1904-1906), en trois volumes qui constituent les tomes XXXVIII, XXXIX, 1 et XXXIX, 2 de la présente collection, le catalogue consacré à la Bibliothèque municipale de Reims était resté jusqu'ici sans suite imprimée — cas unique parmi les grands dépôts de manuscrits de la Province comme de la Capitale. Dernier venu de la « première génération », il n'en était et n'en reste pas moins l'un des meilleurs, rédigé qu'il fut par un homme dont la clarté d'esprit égalait la vaste érudition, Henri Loriquet. Travailleur acharné, ce chartiste rémois sorti premier de l'Ecole réalisa cette œuvre considérable alors qu'il n'était pas encore en poste dans le dépôt qu'il avait pris à tâche d'inventorier : il utilisa pour cela seulement les rares loisirs que lui laissèrent, outre ses obligations familiales, ses astreignantes fonctions de conservateur et réorganisateur d'abord des Archives départementales du Pas-de-Calais (1880-1899) puis de la Bibliothèque municipale de Rouen (1899-1913). Il ne peut d'ailleurs achever complètement son ouvrage, lors même qu'il fut mis à la tête de la Bibliothèque de Reims, dont il connaissait si bien les manuscrits et où il savait qu'il terminerait sa carrière (1919-1929). Déjà, la table des 1935 pages imprimées rédigées par ses soins dut être dressée par un autre que lui, H. Labrosse : elle ne fut publiée qu'en 1909, complétant le tome XXXIX par un 3^e fascicule (Quant au tome XXXIX bis (collection Tarbé), il se rapporte à un fonds séparé, conservé aux Archives municipales de Reims). Surtout, chose plus étonnante de la part d'un homme de sa classe, l'introduction de ce monumental ensemble, annoncée officiellement depuis le début de la publication, ne vit jamais le jour. Elle n'a même pas pu être retrouvée dans les papiers de l'auteur après sa mort (1939).

Il ne nous appartient pas de refaire ici ce que Loriquet seul aurait pu faire d'une façon vraiment pertinente et digne de son catalogue (On peut considérer comme un simple résumé de ce qu'aurait pu être ce texte, le chapitre « Reims » écrit par lui dans le recueil collectif Richesses des bibliothèques provinciales de France, t. II, 1932). Nous donnerons simplement quelques indications essentiellement sur les origines du cabinet des manuscrits de Reims, nous étendant davantage sur son développement, surtout bien entendu depuis 1900, date où s'arrête approximativement la rédaction dudit catalogue, jusqu'à 1979, époque de la rédaction de ce premier Supplément.

Rappelons tout d'abord que, à Reims comme dans toutes les grandes villes de France, les institutions ecclésiastiques fournirent au moment de la Révolution le plus nombreux et précieux contingent des livres manuscrits et imprimés du « dépôt littéraire » local. Le fonds du Chapitre cathédral, ceux des abbayes de Saint-Remi (collection en majorité détruite par un mémorable incendie en 1774 mais en partie renflouée trois ans plus tard par celle de Saint-Thierry-lès-Reims), de Saint-Denis et de Saint-Nicaise — pour ne citer que les principaux établissements religieux rémois — , sont venus rejoindre et fortement grossir le noyau initial de la bibliothèque publique de la Ville, formé des dépouilles de celle des Jésuites en 1762-1764. Une fois retranchées, au début du XIX^e siècle, les pièces rendues aux émigrés, l'accroissement des collections tant manuscrites qu'imprimées de la Bibliothèque municipale ne fut plus dès lors assuré que par les dons ou legs d'érudits et de bibliophiles, ainsi que par des achats aux particuliers ou dans des ventes publiques. La totalité des fonds anciens et la plupart des pièces entrées au XIX^e siècle forment la matière du catalogue de Loriquet.

Depuis 1900, le nombre des manuscrits de Reims a évidemment continué d'augmenter, toujours par les mêmes voies (sauf en 1905-1907 par confiscation), et cela en dépit de la catastrophe qui au printemps 1917 réduisit en cendres l'Hôtel-de-Ville, jusque-là épargné par l'artillerie allemande, et dans lequel depuis les origines se trouvait entreposée la bibliothèque publique. On a dit ailleurs (Trésors de la Bibliothèque municipale de Reims, [catalogue illustré de l'exposition du Cinquantenaire de la nouvelle bibliothèque], Reims, B. M., 1978, p. [4]-[5] et [9]-[10]) le rôle méritoire voire héroïque joué par l'ancien bibliothécaire de Rouen, alors en disponibilité, dans la préservation et le sauvetage dès le début de la guerre, des documents les plus précieux de l'établissement dont il ne devait recevoir la charge officielle qu'après 1918. Il est certes dommage qu'il n'ait pu préserver, parmi eux, l'intégralité d'une très riche collection, formée d'imprimés rares, de livres illustrés, de belles reliures et d'un certain nombre de manuscrits curieux, fort précieuse pour l'histoire littéraire, qui avait léguée tout récemment à la Ville par son ancien maire et sénateur, le bibliophile Victor Diancourt, décédé en 1910 (Sur ce fonds, cf. Catalogue des livres imprimés du legs V. Diancourt, par M. R. Laslier, Reims, B. M., 1975). Mais heureusement, dans le lot qui a survécu et qui ne représente que le sixième environ de l'ensemble, figurent les 37 manuscrits, lesquels contiennent surtout des pièces, poésies ou chansons du XVIII^e siècle et aussi quelques autographes du XIX^e siècle. L'un de ces derniers donne la liste et l'estimation, transcrites de la main même de Diancourt, des livres les plus précieux de sa bibliothèque.

Quels étaient les autres fonds « modernes » les plus marquants, conservés dans la Réserve des manuscrits de Reims au moment où éclata la Guerre de 1914 ? Citons, plutôt pour mémoire, ceux de l'Archevêché et du Grand Séminaire. Plus remarquables par la quantité (une soixantaine de volumes) que par la qualité — du moins aux yeux des amateurs de manuscrits attrayants et si l'on excepte un livre d'heures, une reliure enchaînée, le Pouillé de Bauny calligraphié et bien relié, ainsi que les très instructifs inventaires du trésor de la cathédrale au XVIII^e siècle (Les trois ou quatre pièces sur les sacres n'apportent pratiquement rien d'inédit), leur teneur ne diffère pas grandement de celle que l'on devait trouver dans les fonds de la plupart des chefs-lieux de diocèses à l'époque de la loi dite de Séparation. Moins de cinq ans plus tard, à peu près en même temps que le fonds Diancourt, un autre legs considérable venait enrichir la bibliothèque, s'ajoutant à quelques dons préalables émanés de la même source : celui d'un libraire bibliophile, qui de surcroît exerça officieusement à Reims pendant plusieurs années les fonctions de bibliothécaire adjoint, Henri Menu. Il est d'ailleurs l'auteur d'un certain nombre des 75 manuscrits qui font partie de cette collection ; mais à côté de ses notes personnelles très abondantes sur divers sujets touchant Reims et la Champagne : art, histoire, biographie, généalogie, héraldique, bibliographie, souvenirs vécus des événements contemporains, se rencontrent des textes d'intérêts plus général et non dépourvus de valeur, par exemple une œuvre autographe du Grand Arnauld, un recueil original de nombreuses pièces et lettres de Voltaire et de Frédéric II copiées par Champbonin.

Il convient de citer encore un ensemble fort important, provenant d'un banquier et collectionneur d'Epernay, Eugène Deullin, mort en 1897. Les lacunes de notre information, dues aux perturbations provoquées par la Guerre de 1914-1918 dans les archives de la Bibliothèque, ne nous ont pas permis de déterminer certainement si ces 83 manuscrits avaient été vendus à cette dernière dès 1898 ou si plutôt ils y étaient entrés par l'intermédiaire d'H. Menu, qui les aurait acquis d'abord pour lui-même avant de les comprendre dans son propre legs douze ans plus tard : ainsi s'expliquerait mieux le fait qu'ils ne figurent pas dans le catalogue imprimé de Loriquet. Quoi qu'il en soit, c'est dans ce fonds que l'on trouve l'étonnante série des « Archives troyennes », d'une richesse surabondante : plus de 60 portefeuilles d'actes originaux avec leur analyse, dont le contenu vient rappeler, dans les murs de l'antique métropole du nord de la Champagne, quelle fut l'importance de sa capitale méridionale. Signalons enfin, parmi les achats ou dons les plus notables de cette époque, les manuscrits ayant appartenu au Dr Henrot (1902) et ceux qui furent achetés à la vente Werlé (1908), dont l'un est une importante étude inédite du chanoine Cerf sur la vie de saint Remi et sur son culte à Reims et dans tous les diocèses de France.

Quant aux bibliothécaires qui se sont succédé à Reims jusqu'à la Première Guerre mondiale, ils ont aussi contribué à titre privé, de leur vivant ou après leur mort, à accroître le fonds de manuscrits de leur dépôt.

Témoin la très riche correspondance personnelle de l'érudit bien connu Louis Paris, qui fut au milieu du XIX^e siècle conservateur de la bibliothèque rémoise avant de prendre, plus tard, la direction de celle d'Epernay : ce lot de quelque 2 500 lettres reçues par lui de correspondants très variés durant plus de soixante ans a été acquis un demi-siècle après sa mort (1942). Les papiers également du prédécesseur immédiat et lointain successeur de Paris, Eugène Courmeaux, donnés ou vendus par lui et sa famille, notamment son autobiographie, sa bibliographie, et des pièces concernant son procès (il fut impliqué en effet, comme homme politique, dans le fameux « complot de Reims » en 1849, ce qui lui valut de n'être réintégré dans ses fonctions que bien des années plus tard, longtemps après le retour de la République). Témoin encore, de Charles Loriquet, qui resta en poste de 1853 à 1886, les fiches signalétiques très nombreuses sur les artistes et artisans rémois qui devaient être reprises et complétées par son fils Henri, appelé à lui succéder à trente-trois ans de distance. Des notes enfin d'Henri Jadart, chercheur consciencieux, sur divers points de l'histoire de Reims et de ses Ardennes natales, et dont certaines portent sur la période de la guerre, qui marqua le terme de ses fonctions.

Tout cet héritage accumulé depuis vingt ans ne put être catalogué aussitôt par le nouveau conservateur de 1919, Henri Loriquet, lequel s'étant révélé, dans le passé et au moment le plus crucial de la guerre, un tenace homme d'action tout autant qu'homme d'érudition, eut pour tâche primordiale, au lendemain des hostilités qui avaient transformé Reims en une vraie table rase, de faire renaître de ses cendres l'ancienne bibliothèque qui, dans les bâtiments de l'Hôtel-de-Ville, avait atteint en 1914 le chiffre de 150 000 volumes. Il installa donc la nouvelle bibliothèque dans une construction neuve et « fonctionnelle » pour l'époque — puisque bâtie cette fois uniquement pour l'abriter, avec des subsides et en s'inspirant de plans américains, dans le cadre agréable constitué par le chevet de la cathédrale (très meurtrie mais qui elle aussi allait renaître !) et l'espace vert qui allait bientôt l'entourer. La réserve des manuscrits y eut bien sûr sa place marquée, de même que celle des incunables et autres imprimés de choix. Restait à remplir les rayons des magasins ! Il s'agissait en effet de reformer, et le moins inadéquatement possible, des collections d'imprimés et de périodiques presque entièrement anéanties en 1917. On imagine aisément l'intense correspondance d'appels puis de remerciements adressée aux particuliers comme aux bibliothèques françaises et étrangères, doublée des volumineuses commandes aux libraires à composer, envoyer puis contrôler, sans compter tout le travail d'organisation du service intérieur et la formation du personnel, pour ne rien dire des rapports avec la Mairie — qui ne furent pas toujours faciles aux dires de la chronique (Pour toutes ces raisons, l'inauguration de la bibliothèque, surnommée « Carnegie » en souvenir de la participation financière de la Fondation Carnegie pour la paix internationale, ne put avoir lieu qu'en Juin 1928).

On conçoit aisément, dans ces conditions, la remise sine die du catalogue détaillé des manuscrits, alors que leur nombre ne cessait pas pour autant d'augmenter, soit par des dons, comme c'est le cas pour le Paul Adam autographe « Reims dévastée » donné par la femme de l'auteur en 1920, pour les manuscrits Guelliot dont l'entrée s'échelonne de 1922 à 1939 et qui donnent de précieux renseignements sur la Faculté de médecine de Reims avant la Révolution ; soit par des achats, ainsi l'acquisition chez le libraire de Mitry en 1921 de quinze pièces provenant de la vente des héritiers de Barthélemy et dont le contenu intéresse à divers titres l'histoire locale. On possède quand même un petit nombre de notices de Loriquet, dont certaines étaient prêtes pour une publication en des temps plus favorables. Nous avons reproduit presque sans changement l'une d'entre elles : c'est elle qui analyse si minutieusement le « recueil Favart ». Sont ainsi désignés six volumes in-12 renfermant quantité de notes de lecture et d'extraits de nouveautés littéraires, transcrits vers 1685-1700 par le chanoine Favart. Ce bel esprit était un collègue et ami du chanoine de Reims François de Maucroix, très fidèle ami lui-même du conteur et fabuliste et quelque peu leur compatriote à tous deux La Fontaine.

Ces quelques notices, plus souvent sommaires qu'exhaustives, vinrent donc s'ajouter à celles qu'avait rédigées avant guerre l'adjoint d'Henri Jadart, Georges Boussinesq, jeune historien savant et dynamique, à l'écriture nerveuse et sans ratures qui atteste un caractère décidé autant qu'un jugement sûr et rapide, mais dont les fonctions ne durèrent hélas pas très longtemps puisque, ayant été mobilisé, il fut tué en 1914. Le travail de catalogage fut poursuivi plus méthodiquement, plus longuement aussi, par Mlle Odette Réville, autre bibliothécaire adjointe de valeur qui, en prenant la succession d'Henri Loriquet comme Conservateur (1929) après avoir bénéficié de ses leçons dans tous les domaines, y compris celui de la paléographie, apportait aux différentes tâches incombant à un chef d'établissement une compétence et une conscience qui ont laissé d'elle un durable souvenir à Reims. En toute honnêteté intellectuelle, elle n'hésita pas à recourir, pour les recherches spéciales, les déchiffrements malaisés et certaines identifications, à des érudits locaux, dont l'un, le professeur H. Chambeland, rédigea même des analyses très poussées pour quelques manuscrits difficiles ou importants, donnant en quelque sorte toute la matière — et audelà — des futures notices. Il étudia de cette façon l'anonyme traitant de la législation économique de la France, les comptes de Larceneux, les Mémoires de Naigeon sur Diderot, toutes pièces du XVIII^e siècle, et d'autres encore, et laissa toutes ses notes à la Bibliothèque.

C'est de cette même époque que date l'entrée à Reims d'un fonds contenant trois des plus anciens manuscrits décrits dans le présent catalogue (XIII^e, XIV^e, XVI^e s.), avec des pièces qui pour être plus récentes n'en présentent pas moins un réel intérêt, telle la correspondance de Louis Paris citée plus haut : il s'agit là d'un don du Dr Pol Gosset en 1942. Auparavant avaient été faites plusieurs autres acquisitions notables : une « Historia hierosolymitana » de Robert de Saint-Remi du XV^e siècle achetée en 1931 ; la très importante série des mémoires militaires du XVIII^e siècle sur les fortifications, don des Archives municipales en 1934 ; un Boèce du XIII^e siècle acheté en 1938 ; les notes si riches d'Eugène Dupont sur l'histoire familière de Reims d'une guerre à l'autre, données de 1933 à 1940. Par la suite, les achats et dons reprirent : ainsi, pour ne citer que deux exemples, le don par Jules Lefranc de ses quatre volumineux dossiers — véritable mine documentaire contenant imprimés, iconographie, notes et le manuscrit calligraphié de l'auteur — sur les dernières duchesses de Mazarin (1947), et le don des quelques manuscrits de Charles Sarazin sur l'histoire locale (1954). La Guerre de 1939-1945 ne représenta donc, heureusement, qu'une parenthèse historique dans le temps de service, si bien employé, de Mlle Réville. Grâce à ses mesures de sauvegarde et d'évacuation, on ne fut pas cette fois surpris par l'événement et il n'y eut à déplorer aucune perte grave dans les fonds de la Bibliothèque, un peu à l'instar de la ville elle-même, qui fut presque entièrement épargnée. Le Conservateur qui vint ensuite resta trop peu d'années à Reims (1957-1961) pour pouvoir s'adonner suffisamment au soin des manuscrits, — occupation mise ici comme ailleurs en concurrence défavorable avec le traitement et les accroissements du fonds d'étude et surtout, depuis cette époque précisément, avec le développement impérieux de la lecture publique.

Par contre, sous la direction de M. Roger Laslier, qui devait prendre la charge de l'établissement en 1961, M. Pierre Botineau, son adjoint issu de l'Ecole des Chartes et entré à la Bibliothèque peu d'années après, allait pouvoir reprendre sérieusement, en outre des activités susdites, la tâche laissée en suspens, et préparer enfin le premier Supplément au catalogue des manuscrits depuis si longtemps attendu par les chercheurs. Ce sont ses propres notes préparatoires, abondantes et déjà assez élaborées, qu'il voulut bien nous confier lorsque nous fûmes appelé à le remplacer fin 1972. Néanmoins ce n'est que dans les derniers temps de nos fonctions à Reims que nous pûmes nous consacrer à notre tour à ces manuscrits, qui occupèrent tous nos instants, peut-on dire, de juillet 1978 (C'est-à-dire au lendemain de l'exposition du Cinquantenaire, laquelle avait donné lieu à un catalogue où nous avions été chargé par M. Laslier de la rédaction de la 1^re partie (Manuscrits). Cf. supra note 3) à septembre 1979.

Notre travail a consisté d'abord à revoir chaque pièce une à une, conjointement avec les notices diverses (quand il y en avait) de nos prédécesseurs, y ajoutant les remarques et découvertes personnelles de M. Botineau, y apportant parfois les précisions ou corrections nécessaires ; ensuite à mettre ou remettre en forme définitivement les notices des quelques cinq cents pièces ou groupes de pièces concernés ; enfin à rédiger nous-mêmes quelques notices supplémentaires, que nous regrettons de n'avoir pu rendre plus nombreuses, eu égard au temps disponible. Avec presque autant d'acuité que le problème de l'harmonisation la moins imparfaite possible de rédactions forcément disparates, celui de la cotation définitive des manuscrits se posa dès les premières semaines. Quel ordre établir ? L'ordre d'entrée n'était plus connu pour un nombre non négligeable de documents. L'ordre des matières, plausibles dans le cas du catalogue systématique d'un fonds ancien considéré comme « mort », ne pouvait plus se concevoir dans notre cas, qui est celui de tout fonds hétérogène en accroissement, sans enfreindre du même coup le principe qui veut que l'on respecte « l'intégrité des fonds ». Restait l'ordre dans lequel nous trouvâmes les collections rangées dans la Réserve, qui semblait être plutôt un ordre de catalogages successifs et morcelés, suivant probablement d'assez loin celui des entrées effectives à la Bibliothèque.

C'est cet ordre « topographique » tel qu'il se présentait à notre arrivée, que nous avons finalement décidé de suivre, quitte à rapprocher le cas échéant des pièces évidemment jumelles par le sujet, l'auteur ou l'origine précise, encore que nous ne puissions garantir que nous n'avons rien omis de ce qui était possible sous ce rapport. Pour la numérotation même des cotes, là encore nous avons dû prendre un parti, qui ne semble pas adopté partout depuis le début de cette collection et que nous n'avons d'ailleurs pas toujours pu suivre absolument : attribuant en principe — à l'exemple de Loriquet — une cote distincte à chaque volume ou pièce distincte, même s'il s'agit des différents tomes d'un même ouvrage, nous avons fait de rares exceptions, par exemple dans le cas de gros ensembles de pièces volantes dont le mode de « découpage » et la répartition ultérieure en vue de la reliure ne peuvent être toujours prévus exactement : nous avons alors préféré établir des séries continues de sous-cotes. La relecture intégrale du catalogue quelques mois après l'avoir terminé nous ayant fait reconnaître deux ou trois erreurs dans l'application de ces principes, nous n'avons pas hésité à créer des cotes bis pour permettre les transferts et regroupements qui s'imposaient : leur faible nombre ne constituera pas une trop grave dérogation à l'usage.

Enfin, faut-il ajouter que tout ce travail ayant été achevé et dactylographié au propre plusieurs mois avant la distribution des Règles pour la rédaction des notices de manuscrits modernes, parues en 1980 sous la responsabilité de M. l'Inspecteur général Thomas, nous n'avons pu pratiquement nous conformer en tout point à ces dernières dans la rédaction du catalogue ? Cela nous aurait obligé en effet à modifier la présentation de toutes nos notices — tâche trop onéreuse à un moment où, titulaire d'autres fonctions assez loin de Reims, nous ne pouvions plus désormais consacrer à ce travail que de trop rares loisirs, absorbés du reste quasi totalement par l'élaboration de l'index détaillé du catalogue. On voudra donc bien considérer, à ce point de vue rédactionnel également, le « premier Supplément » de Reims comme le dernier-né de la « 2^e génération » des catalogues de manuscrits des bibliothèques publiques de France.

Comme nous l'avons indiqué plus haut, si nous avons pu revoir et adapter pour la publication les notes de nos prédécesseurs, nous n'avons pas eu assez de temps pour ajouter beaucoup de notices à celles qu'ils avaient laborieusement préparées. Dans ces conditions, c'est avec grand plaisir que nous avons appris de M. Laslier, au cours de l'année 1981, qu'il avait pu compléter et enrichir ce travail, en rédigeant lui-même — et cette fois, selon la « nouvelle norme » dont nous venons de parler — les notices descriptives d'un ensemble fort intéressant de 72 manuscrits que nous avions été obligé de laisser de côté parmi d'autres. Il s'agit du fonds NEVEUX, composé des manuscrits autographes de l'ancien Inspecteur des Bibliothèques et écrivain Pol Neveux, décédé en 1939, et donné par sa veuve, après 1945, à la bibliothèque de la ville qui l'avait vu naître.

Nous n'omettrons pas de remercier en terminant M. Roger Laslier de nous avoir accordé les décharges nécessaires pour mener à bien ce travail et divers autres collègues de Paris ou de province pour l'aide qu'ils nous ont apportée, ne serait-ce qu'en acceptant de répondre à une demande de renseignements ou d'identification, en particulier M. Michel Pastoureau. Mais la première place dans notre reconnaissance, cela va sans dire, est à M. Pierre Botineau, sans la contribution duquel le catalogue qui va suivre n'aurait pu voir le jour. Amiens, le 11 novembre 1981.

Michel de Lemps, ancien Conservateur adjoint à la Bibliothèque municipale de Reims.